Avant ce voyage, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que le partenariat avec l'Afrique restait "l'une des principales priorités de Moscou"

Sergey Lavrov entame une tournée diplomatique en Afrique pour renforcer les liens avec le continent

photo_camera AFP/ MAXIM SHEMETOV - Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, entame son voyage en Afrique avec l'objectif de renforcer la coopération avec le continent dans un contexte de guerre en Ukraine et de confrontation avec l'Occident. Comme annoncé par la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, le voyage de Lavrov durera du 24 au 27 juillet et il se rendra en Égypte, en Éthiopie, en Ouganda et en République du Congo.

Le chef de la diplomatie russe est attendu aujourd'hui au Caire, première étape de sa tournée africaine. Dans la capitale égyptienne, il rencontrera de hauts responsables du gouvernement d'Abdel Fattah Al-Sisi, un allié clé des États-Unis dans la région, notamment sur les questions de lutte contre le terrorisme. Toutefois, les relations entre Washington et Le Caire ont connu des hauts et des bas ces dernières années, et la Russie y a joué un rôle. Les bonnes relations de l'ancien président américain Donald Trump avec Al-Sisi se sont tendues après que ce dernier a acheté des avions de combat russes. En représailles, le républicain a suspendu l'assistance militaire à l'Égypte.

sameh Shoukry y Serguei Lavrov en Moscú

Cette situation, associée à la décision de l'actuel président Joe Biden de maintenir le gel de l'aide, a conduit l'Égypte à acheter des armes à d'autres pays. Selon les chiffres de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), le Caire a augmenté son commerce d'armes avec d'autres pays comme la France, l'Italie, l'Allemagne et, bien sûr, la Russie.

Avec Moscou, elle a développé une coopération dans d'autres secteurs, comme l'économie et le commerce. Le pays des pharaons est également une destination touristique privilégiée des citoyens russes, notamment le long de la côte de la mer Rouge. Rosatom, la société publique russe du secteur de l'énergie, a commencé cette semaine la construction de la première centrale nucléaire d'Égypte. Selon Reuters, il s'agit du plus grand projet russo-égyptien depuis la construction du haut barrage d'Assouan en 1970.

PHOTO/SPUTNIK/ALEXEI DRUZHININ/KREMLIN vía REUTERS  -   El presidente de Rusia, Vladimir Putin, y el presidente de Egipto, Abdel Fattah al-Sisi, se dan la mano durante su reunión en el complejo turístico del Mar Negro de Sochi, Rusia, el 17 de octubre de 2018

Mais Lavrov ne rencontrera pas seulement les responsables égyptiens au Caire. Profitant du fait que la ville est le siège de la Ligue arabe, le ministre russe aura des entretiens avec les membres de l'organisation panarabe. Cette visite a suscité des inquiétudes en Occident. Des responsables occidentaux ont demandé au gouvernement égyptien et à la Ligue arabe, avant le voyage de Lavrov, de ne pas "s'impliquer dans la version russe des événements en Ukraine", ont déclaré des diplomates à Reuters.

Pour l'instant, l'Égypte se positionne toujours à proximité de l'Occident. Selon les rapports, le Caire a rejeté au moins une cargaison de céréales ukrainiennes volées par la Russie. Toutefois, le gouvernement d'Al-Sisi perçoit que le monde devient "de plus en plus multipolaire et ne veut pas se limiter à une relation qui privilégie l'Occident par-dessus tout", a déclaré à l'agence de presse H.A. Hellyer, un analyste britannique du Royal United Services Institute.

AFP/ KHALED DESOUKI  -   El presidente egipcio Abdel Fattah al-Sisi

L'Éthiopie et l'Ouganda, pour leur part, ont récemment pris leurs distances avec l'Occident. Après l'éclatement du conflit dans la région éthiopienne du Tigré en 2020, l'Union européenne a suspendu son soutien budgétaire à Addis-Abeba et les États-Unis ont gelé un accord commercial. La même chose s'est produite avec l'Ouganda, riche en pétrole. Ses relations avec les pays occidentaux se sont refroidies en raison de violations présumées des droits de l'homme par les forces de sécurité et de la corruption, selon Reuters.

La Russie cherche à combler le vide laissé par l'Occident en Afrique

Depuis des années, la Russie tente d'étendre son influence en Afrique et de se positionner comme un partenaire fiable pour les pays africains. "Le développement d'un partenariat global avec les pays africains reste l'une des principales priorités de la politique étrangère de la Russie. Nous sommes prêts à contribuer à leur croissance future", a déclaré Lavrov, cité par l'agence de presse russe TASS.

vladimir putin

Avant son voyage, le ministre des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué que "les liens politiques, humanitaires, commerciaux et d'investissement entre la Russie et l'Afrique ne dépendent pas de l'évolution de la situation mondiale". Il a également assuré que Moscou continuerait à "remplir fidèlement ses obligations d'exportation de denrées alimentaires, d'engrais, d'énergie et d'autres biens essentiels vers l'Afrique sur la base de ses contrats internationaux".

La Russie, comme la Chine - qui a été accusée de "néocolonialisme" - profite de la méfiance des pays africains à l'égard de l'Occident en raison de leur passé colonial. À cet égard, Lavrov a souligné, avant son voyage en Afrique, que la Russie "n'impose rien à personne et ne dit pas aux autres comment vivre", selon l'agence TASS.

AFP/SERGEI CHIRIKOV  -   El ministro de Relaciones Exteriores de Rusia, Sergei Lavrov (I) y el presidente de la Comisión de la Unión Africana, Moussa Faki Mahamat (D), durante la Cumbre Rusia-África 2019

"Nous traitons avec un grand respect la souveraineté des États africains et leur droit inaliénable à déterminer eux-mêmes la voie de leur développement. Nous sommes fermement attachés au principe des "solutions africaines aux problèmes africains"", a-t-il ajouté. Le ministre russe a également évoqué le "système maître-esclave imposé par les anciens pays métropolitains" et le "modèle colonial obsolète". Cette rhétorique a particulièrement triomphé au Sahel, où, capitalisant sur le sentiment anti-français croissant, Moscou apparaît comme un allié fort et fiable dans un contexte d'insécurité et de montée du terrorisme.

PHOTO/AP  -   Malienses se manifiestan contra Francia y en apoyo de Rusia en el 60º aniversario de la independencia de la República de Malí en 1960, en Bamako, Malí, el 22 de septiembre de 2020. La pancarta en francés dice: "Putin, el camino hacia el futuro"

Le premier sommet Russie-Afrique s'est tenu à Sotchi en 2019 sous le thème "Pour la paix, la sécurité et le développement". À la veille du voyage de Lavrov sur le continent, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la Russie et les pays africains ont commencé à travailler sur l'ordre du jour du deuxième sommet qui se tiendra en 2023.

Plus dans Politique