Soudan : échec du second cessez-le-feu entre l'armée et les FAR

Les combats entre l'armée soudanaise, dirigée par Abdel Fattah Al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FAR), dirigées par Mohammed Hamdan Dagalo, se poursuivent malgré les pressions internationales. Entre-temps, le nombre de morts et de blessés ne cesse d'augmenter. Selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 300 civils ont été tués et plus de 2 000 blessés depuis le début des combats samedi dernier.
Le récent cessez-le-feu demandé par les deux parties dans la nuit de mercredi à jeudi a échoué, tout comme la première trêve conclue mardi, qui a été rompue en l'espace de quelques minutes. La peur des citoyens de Khartoum face aux conséquences des combats, ainsi que les pénuries de produits de base, ont poussé des milliers de personnes à fuir la capitale. Ce ne sont pas seulement les civils qui tentent de fuir la situation, mais aussi quelque 320 soldats soudanais qui ont été détenus au Tchad, comme l'a annoncé le ministre tchadien de la défense, Bichara Issa Djadallah. Selon les autorités militaires tchadiennes, les soldats soudanais qui se sont réfugiés dans le pays voisin craignaient d'être tués par les FAR, rapporte l'AFP.
Meanwhile in Sudan… pic.twitter.com/js0zlkozvh
— Clash Report (@clashreport) April 20, 2023
A l'intérieur du Soudan, les points névralgiques tels que les casernes et les aéroports continuent d'être pris pour cible. À Khartoum, par exemple, les FAR ont attaqué la principale base de l'armée soudanaise dans la capitale, tandis que l'aéroport de la capitale reste hors service en raison des combats.
Par ailleurs, des journalistes locaux ont signalé à Reuters de violents combats dans le quartier de Jabra, à l'ouest de Khartoum, où vivent des proches de Dagalo, le chef des FAR. La milice paramilitaire a accusé l'armée soudanaise de violer le droit international en utilisant l'artillerie lourde contre les familles et les citoyens de Jabra.
استهداف الجيش لمقار تتبع ميليشيا الدعم السريع المتمردة في منطقة " جبرة" جنوب العاصمة الخرطوم.#السودان
— Sudan News (@Sudan_tweet) April 17, 2023
The army targeted warehouses belonging to the rebel #RSF militia in the "Jabra" area, south of the capital, Khartoum.#Sudan pic.twitter.com/qlYzKaUePn
La situation au Soudan - décrite par l'ONU comme un "scénario cauchemardesque" - et plus particulièrement à Khartoum est critique en raison de la pénurie de denrées alimentaires de base, dont les prix augmentent fortement, et des coupures d'électricité. Depuis le début des combats, les hôpitaux de la capitale sont confrontés à des pénuries, ainsi qu'à des attaques et à des pillages, que l'ONU a dénoncés.
"Presque tous les grands hôpitaux souffrent d'une grave pénurie de personnel médical, de médicaments, d'eau, d'électricité, de carburant et de nourriture", a déclaré un médecin contacté par The Guardian à Khartoum. "La situation des civils n'est bonne dans aucune partie du pays, mais elle est particulièrement mauvaise dans la capitale, à Nyala et à Merowe", a ajouté le médecin, qui a également signalé l'assassinat de trois collègues.
Hundreds of civilians have been killed and injured in #Sudan and critical infrastructure has been destroyed, including hospitals, power stations and water facilities.
Humanitarians and our facilities are also being targeted.
This is unacceptable and must stop.#NotATarget pic.twitter.com/TEQceOCsqg— UN Humanitarian (@UNOCHA) April 19, 2023
L'ONU a également condamné les attaques contre son personnel, principalement par les FAR. Selon des rapports de l'ONU auxquels ont eu accès des médias tels que The Guardian et Foreign Policy, des centaines de diplomates étrangers, des membres du personnel d'organisations internationales, des travailleurs humanitaires et des milliers de ressortissants étrangers sont pris au piège dans la capitale. Nombre d'entre eux ont été attaqués, harcelés, battus et même agressés sexuellement par des combattants qui seraient liés aux FAR.
#Khartoum this morning.
— Sara Creta (@saracreta) April 19, 2023
? Mohamed Sayed pic.twitter.com/TXxsMUKXQP
C'est pourquoi, conscients du risque d'escalade et de poursuite du conflit, des pays comme l'Allemagne, le Japon et l'Espagne envisagent d'évacuer leurs ressortissants. Les États-Unis, pour leur part, ont reconnu que la situation était encore "trop volatile" pour que leur personnel diplomatique quitte l'ambassade. L'ONU partage cet avis et exclut une évacuation immédiate en raison de la situation dans les aéroports. Toutefois, si la possibilité pour le personnel de quitter le pays par la route, une opération sans aucun doute dangereuse, devait être revue à la baisse.
"Nous travaillons 24 heures sur 24 pour assurer la sécurité de nos collègues et de nos citoyens", a déclaré un fonctionnaire occidental à Foreign Policy, rejoignant l'ONU pour décrire la situation dans le pays africain comme un "cauchemar".
Civilians in #Sudan urgently need a ceasefire in order to be safe and allow space for mediation.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) April 17, 2023
The EU is working to persuade each side to consider humanitarian pause and to encourage dialogue.
Protection of civilians is an obligation under international humanitarian law.
Pendant ce temps, les pays voisins continuent d'appeler au calme afin d'éviter une augmentation de l'instabilité régionale. À cet égard, les autorités militaires libyennes se sont exprimées, appelant à l'arrêt des combats et donnant la priorité à l'intérêt national. "Nous sommes en contact avec les parties concernées et nous sommes prêts à jouer un rôle de médiateur entre les frères du Soudan pour faire cesser les combats", a déclaré Ahmed Al-Mismari, porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL).
Le général a souligné son engagement en faveur de la "stabilité et de la sécurité" dans le pays voisin, exhortant la Ligue arabe et l'Union africaine à prendre des mesures pour faire cesser les hostilités. Al-Mismari a également démenti les rumeurs selon lesquelles la Libye soutiendrait l'une des parties en conflit.