Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Said Khatibzadeh, a déclaré qu'"il est peu probable que ce cycle de négociations soit le dernier"

Un accord nucléaire avec l'Iran s'éloigne de plus en plus

PHOTO/ARCHIVO - Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Said Jatibzade, lors d'une conférence de presse à Téhéran

Les pays de l'accord nucléaire avec l'Iran négocient à Vienne, sous la houlette de l'Union européenne depuis début avril, pour trouver un mécanisme permettant aux États-Unis et à la République islamique de revenir au pacte. 

Le bloc européen joue un rôle clé de médiateur, dans le but de préserver un accord qu'il considère comme fondamental pour la stabilité et la sécurité mondiales. La nouvelle administration américaine a déclaré à plusieurs reprises qu'elle souhaitait que les États-Unis reviennent sur l'accord nucléaire avec l'Iran et qu'elle desserre ainsi les relations avec un pays qui est essentiel pour la sécurité et la paix au Moyen-Orient. Les sanctions ont été rétablies par Donald Trump après avoir retiré les États-Unis de l'accord historique signé en 2015, et depuis, l'Iran menace de rompre ses engagements malgré la médiation européenne.

Rafael Grossi, Director General del Organismo Internacional de Energía Atómica (OIEA) AFP/ JOE KLAMAR

L'Iran a exprimé des doutes quant à la possibilité de parvenir à un accord lors du cycle actuel de négociations à Vienne afin de rétablir le pacte nucléaire de 2015. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Said Khatibzadeh, a déclaré qu'"il est peu probable que ce cycle de négociations soit le dernier" car les États-Unis "doivent prendre leurs décisions." "Ce qui se passe à Vienne n'est pas une impasse et il n'y a rien d'impossible. Les discussions se poursuivent sur certaines questions techniques, politiques, juridiques et exécutives, et il y a deux ou trois questions clés (à résoudre)", selon Efe. Jatibzadeh a également souligné que "les États-Unis doivent fournir des garanties que les conditions de l'ère Trump ne seront pas répétées", en référence à la décision de réimposer des sanctions à l'Iran.

L'Iran enfreint une grande partie de l'accord, notamment en ce qui concerne la production et la pureté de l'uranium enrichi, une matière qui a un double usage civil et militaire. Un récent rapport de l'AIEA, l'agence nucléaire des Nations unies, confirme que l'Iran possède déjà environ 3 200 kilogrammes d'uranium enrichi, au lieu des 300 autorisés par l'accord. De plus, l'Iran a déjà réussi à enrichir l'uranium jusqu'à une pureté de 60 %, ce qui est bien supérieur au niveau autorisé (3,67 %) et en même temps proche du niveau nécessaire pour fabriquer des bombes nucléaires.

El Secretario de Estado Antony Blinken PHOTO/REUTERS

Pour sa part, le président iranien Hasan Rohani a réaffirmé que l'Iran remplira à nouveau ses obligations si les États-Unis et les pays membres du pacte nucléaire font de même. "Notre énergie nucléaire n'est pas destinée à développer des armes nucléaires. Les États-Unis et l'Europe doivent le savoir et comprendre que l'activité nucléaire de l'Iran est totalement pacifique", a déclaré Rohani, selon le site web de la présidence iranienne.

De son côté, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré lors d'une interview au média américain Axios que "l'Iran a un programme nucléaire ambitieux et sophistiqué en cours de développement". Pour le chef de l'organisation, réactiver l'accord nucléaire avec l'Iran est "essentiel" car sinon "nous volons à l'aveuglette".

Logotipo del Organismo Internacional de Energía Atómica (OIEA) PHOTO/REUTERS

Cependant, les derniers rapports nucléaires de l'ONU ont à nouveau accusé l'Iran de manquer de transparence après avoir trouvé des traces d'uranium enrichi dans plusieurs zones qui n'auraient pas été signalées dans le cadre de son programme atomique. Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, affirme qu'avec ces actions, l'Iran pourrait disposer d'une bombe nucléaire "en quelques semaines" s'il ne met pas fin à l'approvisionnement en uranium fissile et continue à accélérer son programme nucléaire.

Les données recueillies par l'AIEA au cours des derniers mois ne seront pas accessibles avant le 24 juin, après l'expiration du plan convenu pour la surveillance des activités nucléaires de l'Iran. L'objectif de l'AIEA était d'empêcher la République islamique de développer des armes nucléaires, c'est pourquoi l'accord a limité son programme d'enrichissement de l'uranium. 

L'accord nucléaire de 2015 oblige l'Iran à recevoir la visite des inspecteurs de l'AIEA et à lui donner un large accès aux informations sur ses activités nucléaires, avec la pleine capacité d'inspecter toute anomalie, à condition que les sanctions sur l'économie iranienne soient levées, sanctions qui font des ravages. 

Mohammad Javad Zarif, ministro de Asuntos Exteriores de Irán AFP/KAREN MINASYAN

Le régime de sanctions imposé par la communauté internationale au cours des deux dernières décennies a affaibli l'Iran. Les importations et les exportations ont fortement chuté après la réimposition des sanctions pétrolières. On estime que l'économie et l'Iran se sont contractés de 4,99 % en 2020, déclinant sans reprise depuis 2017. La monnaie iranienne n'a cessé de chuter depuis 2018, sa valeur officieuse sur le marché est de plus de 250 000 rials pour un dollar, ce qui est loin du taux officiel de la Banque centrale de 24 000 rials pour un dollar Ce qui signifie des importations plus chères pour les locaux et une forte inflation due à l'affaiblissement de la monnaie, dans une période d'instabilité politique avec une élection présidentielle, le 18 juin prochain, qui s'annonce décisive pour l'avenir de l'accord nucléaire. 

Le sixième et dernier cycle de négociations a eu lieu le 12 juin dans la capitale autrichienne. Divisé en trois groupes, deux d'entre eux négocient la levée des sanctions imposées par Washington et Téhéran, tandis que le troisième tente d'établir les bases de l'accord. Jusqu'à présent, les parties n'ont pas trouvé de terrain d'entente permettant la reprise du plan d'action global conjoint (JCPOA). Les porte-parole de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, qui constituent le groupe E3, ont souligné l'importance pour l'Iran de permettre à l'AIEA de poursuivre son travail de contrôle et de vérification, et ont exhorté les deux principaux acteurs à "trouver un moyen d'avancer". 

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