Les pirates informatiques ont changé la page d'accueil pour une série d'images du navire sismique Oruc Reis

Un groupe de hackers turcs attaque les serveurs de l'armée grecque

photo_camera PHOTO/ Ministère de la défense turc via REUTERS - Le navire turc de recherche sismique Oruc Reis est escorté par des navires de la marine turque alors qu'il prend la mer Méditerranée au large d'Antalya, en Turquie, le 10 août 2020

L'escalade des tensions entre Ankara et Athènes a atteint une nouvelle limite. Cette fois, le litige sur les eaux de la Méditerranée orientale s'est déplacé vers le web. Le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan pourrait être à l'origine d'une série d'attaques virtuelles dont le but principal était de voler des données sensibles sur les serveurs de l'Etat-major général de l'armée grecque.  

Cette annonce a été faite plusieurs heures après que le Parlement égyptien ait ratifié l'accord maritime établissant une zone économique exclusive avec la Grèce. « L'affaire est en cours d'investigation », a déclaré une source consultée par le journal Al Arabiya. Selon les informations dont dispose ce journal, l'attaque - qui a eu lieu mardi matin dernier - a été menée par des pirates informatiques turcs qui auraient changé la page d'accueil en une série d'images du navire sismique Oruc Reis accompagnées de messages nationalistes.  

Ce rapport indique qu'au cours des dernières heures, les sites web liés à l'armée ont été attaqués par des pirates informatiques turcs qui auraient pu voler des données sensibles sur les serveurs de cette institution.  

Le groupe de hackers turcs « Akincilar » - qui a attaqué par le passé les sites web de plusieurs ministères ou agences grecques - a revendiqué cette action. Toutefois, le Greek digital Crisis Monitor a souligné que les autorités compétentes du pays n'ont pas été en mesure de préciser si les membres du groupe agissent de manière autonome ou sous la direction de tiers. La photo - selon le quotidien Ekathimerini - était accompagnée de messages sur l'influence turque en Méditerranée orientale. ​​​​​​​

L'attaque a eu lieu plusieurs mois après que le groupe ait prétendu avoir détourné les sites web officiels des ministères grecs des affaires étrangères et des finances, du service national de renseignement (EYP), de la bourse d'Athènes et du parlement. Le groupe de hackers turcs « Akincilar » a utilisé le réseau social Twitter pour indiquer que le site web de l'état-major général de l'armée avait été fermé et toutes les données volées. Cependant, les autorités grecques ont confirmé mercredi que ces pirates ne pouvaient pas entrer dans le réseau interne des employés et ne pouvaient donc pas accéder à des fichiers ou des données confidentielles.  

D'autre part, le gouvernement grec a annoncé jeudi son intention de ratifier la semaine prochaine l'accord de délimitation des frontières maritimes avec l'Égypte.  Ce nouvel accord entre Athènes et le Caire établit la frontière maritime entre les deux pays et délimite une zone économique exclusive (ZEE) pour les droits de forage du pétrole et du gaz. 

Historiquement, cette région a été une source de tension. D'une part, elle est la porte d'entrée de la mer Rouge par l'Égypte et, d'autre part, l'entrée de l'Europe. La découverte d'importants gisements de gaz par Israël, l'Égypte et le Liban en 2009 a ouvert une nouvelle plaie dans la région. Le dernier chapitre de cette relation tendue a eu lieu le mois dernier, après qu'Ankara ait pris la décision de poursuivre la recherche de pétrole dans les eaux de la Méditerranée orientale et annoncé le début des activités de prospection sismique du navire Orus Reis, exacerbant encore les divisions existantes dans la région.

L'exploration gazière turque en Méditerranée orientale dans les zones économiques exclusives (ZEE) de la Grèce et de Chypre, la présence d'Ankara dans la poudrière libyenne et la pression migratoire exercée à la frontière grecque par le pays du Bosphore sont quelques-unes des causes qui ont créé ce scénario tendu, dans lequel Ankara a clairement indiqué qu'elle continuerait à poursuivre ses ambitions.  ​​​​​​​

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