Le président américain Joe Biden a rejoint une campagne visant à mettre fin à l'évasion fiscale

Un taux d'imposition mondial des sociétés : aidera-t-il ou entravera-t-il le redressement des pays en développement après la crise COVID-19 ?

REUTERS/KEVIN LAMARQUE - Le président américain Joe Biden a rejoint une campagne visant à mettre fin à l'évasion fiscale

Au cours de la campagne présidentielle américaine de l'année dernière, Joe Biden a promis de sévir contre les multinationales pratiquant l'évasion fiscale, et il a maintenant demandé un taux d'imposition minimum mondial pour les entreprises. Toutefois, certains craignent que le plan du président Biden n'entrave la reprise COVID-19 des économies en développement.  

En avril, dans le cadre de son plan fiscal "Made in America", le président Biden a annoncé des propositions visant à obliger les multinationales, principalement les géants de la technologie comme Google, Amazon, Facebook et Apple, à payer des impôts plus élevés tant aux États-Unis que dans les autres pays où elles génèrent des bénéfices.

Actuellement, ces entreprises utilisent un certain nombre de techniques pour minimiser leur facture fiscale.

Oficina de Google cerca de la sede de la compañía en Mountain View, California REUTERS/PARESH DAVE

L'une de ces techniques est le transfert de bénéfices. Cela implique de déclarer les bénéfices, non pas dans les pays où ils sont réalisés, mais dans des pays où le taux d'imposition des sociétés est faible, comme l'Irlande, ou dans des paradis fiscaux comme les Bermudes, les îles Caïmans ou Singapour.

Pour accompagner l'annonce de ce plan, le département du Trésor américain a publié des documents montrant que "davantage de bénéfices américains sont stockés dans de petits paradis fiscaux que dans les grandes économies que sont la Chine, l'Inde, le Japon, la France, le Canada et l'Allemagne réunies".

Le plan de l'administration Biden vise à établir un taux minimum mondial d'imposition des sociétés de 21 %.Cette mesure devrait éliminer les incitations à investir à l'étranger et mettre un terme à ce que l'on appelle la course vers le bas, où les pays se disputent les affaires des multinationales en abaissant les taux d'imposition des sociétés.

Un hombre camina junto a un teletipo que muestra el coste de las acciones de McDonald's en la Bolsa de Nueva York, el martes 23 de febrero de 2021.  AP/MARK LENNIHAN

Cette intervention a revitalisé un débat en cours. Depuis quatre ans, l'OCDE coordonne les discussions entre 140 pays sur la fixation d'un taux d'imposition mondial.

Lors d'une conférence le mois dernier, le directeur de la politique fiscale de l'OCDE, Pascal Saint-Amans, a déclaré que les négociations étaient désormais "trop importantes pour échouer" et qu'un accord serait probablement conclu cette année.

Réponses mitigées

Le plan de l'OCDE a bénéficié d'un large soutien de la part de nombreuses nations plus riches. Par exemple, le Royaume-Uni, qui a lancé sa propre taxe sur les services numériques l'année dernière, a déclaré qu'il "soutient fermement les discussions du G7, du G20 et de l'OCDE sur les réformes à long terme" et s'est "engagé à ne pas mettre en œuvre la taxe sur les services numériques une fois que la solution sera en place".

Toutefois, l'Irlande voisine sera perdante si un prélèvement minimal mondial est introduit. Depuis quelques années, l'Irlande courtise les multinationales avec son taux d'imposition des sociétés de 12,5%, contre 19% au Royaume-Uni, 30% en Allemagne et 26,5% au Canada.

En conséquence, de nombreuses grandes entreprises technologiques ont établi des bases dans le pays, et les autorités irlandaises craignent qu'une modification du taux ne déclenche un exode.

En avril, le ministre irlandais des finances, Paschal Donohoe, a déclaré qu'il pensait que les petits pays "devraient pouvoir utiliser la politique fiscale comme un levier légitime pour compenser l'avantage réel, matériel et persistant dont jouissent les grands pays".

Aplicación App Store de Apple PHOTO/AP

D'autres ont exprimé des sentiments similaires.

Par exemple, le Financial Times a récemment rapporté que de nombreuses économies en développement craignent que l'accord éventuel de l'OCDE ne soit pas dans leur intérêt.

"Les pays les plus pauvres du monde risquent une fois de plus d'être perdants lorsque le gâteau fiscal mondial est divisé, alors qu'ils ont plus besoin de recettes fiscales que quiconque", a déclaré à la publication Tove Maria Ryding, responsable de la politique et du plaidoyer au Réseau européen sur la dette et le développement.

Cette question est devenue particulièrement pertinente dans le contexte post-pandémique. Alors que les pays cherchent des recettes fiscales pour les aider à se reconstruire, de nombreux pays en développement s'empressent de diversifier leurs économies pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis du tourisme ou, dans certains cas, des hydrocarbures.

Bolsa de Nueva York PHOTO/AP

Beaucoup se concentrent également sur une reprise verte COVID-19, pour laquelle les investissements directs étrangers sont également essentiels. Un taux d'imposition des sociétés compétitif est un moyen d'attirer les multinationales, qui pourraient contribuer à financer ces efforts. 

Proposition rivale de l'ONU

Parallèlement à l'initiative de l'OCDE, le Comité fiscal des Nations unies a élaboré un programme similaire, qui se concentre spécifiquement sur les entreprises numériques.

La position de l'ONU est plus souple que celle de l'OCDE et a été saluée par de nombreux pays en développement.

En avril, le comité a voté en faveur de l'inclusion d'une disposition, connue sous le nom d'article 12B, dans le modèle de convention fiscale des Nations unies de 2021, qui accorde des droits d'imposition supplémentaires aux pays où des services numériques sont fournis et où des revenus sont générés.

PHOTO/AP

Bien que l'article ne soit pas contraignant, une fois mis en œuvre, il permettra aux économies en développement de tirer davantage de valeur des activités des géants de la technologie dans leur pays.

L'article 12B a été défendu par l'Inde et l'Argentine, et soutenu par plusieurs pays émergents, dont l'Équateur, le Ghana, le Nigeria et le Vietnam.

La position de l'ONU démontre le consensus croissant autour de la lutte contre l'évasion fiscale mondiale en tenant compte des besoins économiques des pays en développement, en particulier à un moment où les recettes fiscales ont un rôle crucial à jouer dans la reprise.

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