Une action urgente s'impose pour prévenir la faim de millions de personnes en Amérique latine
Un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) souligne la nécessité d'agir dans cinq "points chauds" d'Amérique latine et des Caraïbes, où des millions de personnes sont menacées par la faim.
Selon le rapport trimestriel Hunger Hotspots, en Amérique centrale, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua sont confrontés à des difficultés dues à une possible réduction de leurs récoltes et aux effets socio-économiques de la pandémie de COVID-19.
La Colombie est touchée par des troubles sociaux et une récession économique, tandis qu'Haïti a été frappé par une crise économique, une sécheresse, des troubles sociopolitiques et une insécurité accrue liée à la criminalité.
La situation de la sécurité alimentaire au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua devrait continuer à se dégrader, en particulier dans le Corridor sec, en raison de précipitations inférieures à la moyenne qui pourraient affecter les cultures, et des effets socio-économiques du COVID-19.
Les pénuries alimentaires pourraient toucher 3,5 millions de personnes au Guatemala et 3,3 millions au Honduras, tandis qu'au Nicaragua, environ 300 000 personnes ont une consommation alimentaire insuffisante et leur situation risque de s'aggraver dans les mois à venir.
Le rapport suggère des actions proactives pour atténuer les déficits pluviométriques pendant la saison agricole, et appelle à soutenir les agriculteurs et les éleveurs les plus vulnérables, notamment par la distribution d'intrants et d'outils pour la culture de variétés à cycle court, de jardins potagers et d'un soutien à la santé animale pour réduire la mortalité et la morbidité induites par la sécheresse.
Elle conseille également aux pays de fournir une réponse d'urgence et une aide au rétablissement des moyens de subsistance aux petits agriculteurs et pêcheurs touchés par l'ouragan dans les zones les plus touchées du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua.
Le rapport souligne que l'instabilité sociale et la crise économique sont des facteurs clés de l'insécurité alimentaire qui touche la Colombie et les migrants vénézuéliens dans ce pays. La vague de protestations pourrait avoir un impact sur la situation d'insécurité alimentaire, malgré des perspectives de production favorables pour la saison de récolte 2021.
Selon l'aperçu des besoins humanitaires 2021, 3,5 millions de personnes ont un accès très irrégulier à la nourriture en Colombie, et 73 % des 1,7 million de migrants et réfugiés vénézuéliens dans le pays étaient au bord de la faim en 2020.
Le rapport des deux agences des Nations unies suggère des actions proactives pour faire face à cette crise, comme la distribution d'argent liquide aux personnes les plus vulnérables dans les zones rurales et urbaines afin d'atténuer l'impact des augmentations attendues des prix des denrées alimentaires.
À cette fin, 34,6 millions de dollars sont nécessaires pour garantir l'accès à la nourriture, à la nutrition et aux moyens de subsistance afin de soutenir les migrants vénézuéliens et les communautés d'accueil dans les zones frontalières rurales, grâce à la remise en état des systèmes d'approvisionnement en eau, à la production rapide de nourriture et de fourrage et aux livraisons de nourriture d'urgence.
La combinaison de l'instabilité macroéconomique avec l'impact des conditions sèches de la principale saison agricole, associée à la détérioration de la situation sécuritaire dans le cadre de la crise politique, est susceptible d'entraîner une détérioration des niveaux déjà élevés de privation alimentaire en Haïti.
On estime que 4,4 millions de personnes ont été confrontées à une insécurité alimentaire aiguë entre mars et juin 2021, soit une augmentation de 6 points de pourcentage par rapport à la même période l'année dernière.
Le rapport préconise des actions préventives, telles que la distribution de semences de variétés de cultures à maturation précoce et tolérantes à la sécheresse aux ménages vulnérables ayant accès à la terre afin de relancer rapidement la production dans les zones touchées par la sécheresse, le forage de puits et la distribution de fourrage, d'aliments pour animaux, de compléments nutritifs, de réservoirs de collecte d'eau et de petit bétail aux éleveurs.
156 millions de dollars sont nécessaires pour améliorer la situation alimentaire et les moyens de subsistance, et 5,2 millions de dollars supplémentaires pour les interventions nutritionnelles et le soutien aux réseaux de production par le biais de transferts monétaires inconditionnels, qui devraient être accompagnés des intrants et outils nécessaires pour les ménages vulnérables.
