Biden permettra l'achèvement du projet, mais pourrait imposer des sanctions à la Russie si elle utilise l'énergie comme "arme politique" dans des pays comme l'Ukraine

Washington et Berlin parviennent à un accord sur le Nord Stream, le gazoduc russe

AFP/ SAUL LOEB - Sur cette photo d'archive prise le 15 juillet 2021, le président américain Joe Biden et la chancelière allemande Angela Merkel tiennent une conférence de presse conjointe dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC.

L'Allemagne et les États-Unis sont parvenus à un accord sur Nord Stream 2, un gazoduc qui transportera du gaz russe vers le pays européen via la mer Baltique. Washington avait exprimé à plusieurs reprises son rejet de la construction de cette infrastructure, car le pipeline accroîtrait l'influence de la Russie en Europe. Une autre raison de l'objection américaine était l'Ukraine.

Kiev, qui est à couteaux tirés avec Moscou depuis la crise de Crimée de 2014, pourrait être affecté par Nord Stream 2. Le transit du gaz russe par le territoire ukrainien est une source importante de revenus pour le pays, rapportant jusqu'à 3 milliards de dollars par an. Le nouveau gazoduc priverait Kiev de ces tarifs, et la Russie pourrait utiliser l'énergie comme une arme politique pour exercer une pression sur le pays, selon les autorités ukrainiennes. La Pologne, pour sa part, est d'accord avec son voisin ukrainien et considère le gazoduc comme une menace pour l'Europe centrale.

Cependant, la Russie n'est pas le seul pays intéressé par Nord Stream 2. L'Allemagne, bien sûr, donne également son approbation au projet. L'entreprise publique russe Gazprom est chargée de sa construction, mais elle compte parmi ses investisseurs la société française Engie, la société autrichienne OMV, la société britannique Shell et les sociétés allemandes Uniper et Wintershall DEA. Par conséquent, bien que certains pays européens soient opposés à l'oléoduc, d'autres l'accueillent favorablement, car ils ont tout à y gagner. 

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Joe Biden, confronté à cette division de l'Europe, a choisi de permettre la réalisation de Nord Stream 2, mais il défendra aussi les intérêts des pays qui s'y opposent. Grâce à un pacte avec Berlin, Washington a assuré qu'elle imposerait des sanctions si Moscou utilisait l'énergie comme une arme. L'Allemagne a réitéré la position de Biden. "Si la Russie tente d'utiliser l'énergie comme une arme ou commet de nouveaux actes agressifs contre l'Ukraine, l'Allemagne agira au niveau national et fera pression pour que des mesures efficaces soient prises au niveau européen, y compris des sanctions", a annoncé une déclaration conjointe des deux pays.

Les gouvernements allemand et américain apporteront également un soutien financier à l'Ukraine en investissant 50 millions de dollars dans les technologies vertes ukrainiennes, notamment les énergies renouvelables et les industries connexes. Pour renforcer ce fonds, l'Allemagne commencera par accorder une subvention de 150 millions d'euros et un "paquet résilience" de 60 millions d'euros pour soutenir la sécurité énergétique de l'Ukraine. Berlin tentera également de persuader Moscou de prolonger un accord de transit de gaz à travers l'Ukraine qui prend fin en 2024. En effet, elle nommera un envoyé spécial avant septembre pour soutenir les négociations.

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Cependant, Kiev n'a pas été convaincu par le soutien politique et l'important soutien financier. Les gouvernements ukrainien et polonais estiment que l'accord est "insuffisant" pour réduire "les menaces créées par Nord Stream 2". Les deux pays ont appelé l'Allemagne et les États-Unis à "traiter de manière adéquate la crise sécuritaire dans la région, dont la Russie est le seul bénéficiaire".

"Cette décision a créé une menace politique, militaire et énergétique pour l'Ukraine et l'Europe centrale, tout en augmentant le potentiel de la Russie à déstabiliser la situation sécuritaire en Europe, perpétuant les divisions entre les États membres de l'OTAN et l'Union européenne", ont ajouté Kiev et Varsovie. L'Ukraine a même demandé des consultations avec la Commission européenne et l'Allemagne. 

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Aux États-Unis, les républicains ont également critiqué le pacte, soulignant la "trahison" de l'Ukraine par Biden tout en "renforçant" Poutine. L'administration Trump a imposé des sanctions à certaines personnalités impliquées dans la construction de Nord Stream 2. Le porte-parole du département d'État, Ned Price, a défendu l'administration actuelle en affirmant qu'elle était toujours opposée au gazoduc, mais que celui-ci était achevé à 90 % lorsque Biden a pris ses fonctions, et qu'elle estimait donc ne pas pouvoir l'arrêter par des sanctions.

Pour réitérer l'engagement envers l'Ukraine, un aspect de la politique étrangère de Biden, le président américain recevra son homologue ukrainien, Volodymyr Zelenski, à la Maison Blanche le 30 août. Cette visite "réaffirmera le soutien indéfectible des États-Unis à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine face à l'agression continue de la Russie dans le Donbas et en Crimée", selon la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.

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Les États-Unis ont soutenu le gouvernement ukrainien dans la crise frontalière avec la Russie en avril. Ils travaillent également ensemble sur l'opération Sea Breeze 2021 en mer Noire. L'Ukraine représente un allié clé de Washington et de l'OTAN.

Berlin et Moscou progressent dans la construction du gazoduc Nord Stream 2

Nord Stream 2 a rapproché l'Allemagne et la Russie sur les questions énergétiques. La chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine ont eu une conversation téléphonique mercredi au sujet du gazoduc. Ils ont également discuté du transit du gaz par l'Ukraine, selon la porte-parole de la chancelière, Ulrike Demmer. Des sources ont déclaré que Merkel et Poutine étaient "satisfaits" de l'avancement du gazoduc

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Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a parlé d'une "certaine compréhension" entre Merkel et Poutine. Concernant l'accord entre l'Allemagne et les Etats-Unis, il a rappelé que son pays "a toujours rejeté systématiquement toute accusation selon laquelle il utilise les ressources énergétiques comme un instrument de pression politique".

Anatoli Antonov, l'ambassadeur russe aux États-Unis, a critiqué le "ton hostile" dans une déclaration publiée par l'agence de presse russe TASS. Antonov affirme que ces déclarations contredisent "l'esprit des discussions entre les deux présidents à Genève le 16 juin". 

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