Le gouvernement yéménite souligne le danger pour l'infrastructure énergétique du pays après l'échec de l'accord de renouvellement de la trêve

Yémen : les installations pétrolières yéménites menacées par les Houthis

photo_camera PHOTO / AFP - Un pétrolier menace d'exploser ou de déverser plus d'un million de barils de pétrole en mer Rouge

"Les dommages causés par les Houthis aux installations pétrolières ne se limiteront pas à l'économie du Yémen", a averti le ministre yéménite des Affaires étrangères, Ahmed bin Mubarak, après une réunion avec l'ambassadeur américain au Yémen.  
 

Les parties impliquées dans le conflit au Yémen n'ont pas réussi à renouveler la trêve négociée par les Nations unies. Le cessez-le-feu, qui a débuté en avril et a duré jusqu'au 2 octobre, a permis de réduire de moitié le nombre de victimes civiles pendant sa durée de six mois, selon les données fournies par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Le ministre des Affaires étrangères Ahmed bin Mubarak a rencontré le chef de la mission diplomatique américaine, Stephen Fagin, pour discuter d'une éventuelle nouvelle trêve entre les parties opposées au Yémen. Fagin a déploré l'absence de consensus entre les rebelles et les différents partis pro-gouvernementaux soutenus par une coalition arabe internationale, menée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Des cycles de dialogue comme celui-ci et les déclarations de Moubarak la semaine dernière à Rabat sont le signe que la partie gouvernementale n'abandonne pas et maintient ses efforts pour renouveler la trêve avec les Houthis dans les semaines à venir.

En attendant le succès de cette nouvelle trêve, la situation menace de frapper à nouveau l'économie et la sécurité énergétique du pays déjà malmené, plongé dans une guerre civile depuis 2014, lorsque les rebelles Houthis soutenus par l'Iran se sont soulevés dans le nord du pays et ont poussé le gouvernement internationalement reconnu à l'exil. À la suite de sa rencontre avec Fagin, bin Mubarak a souligné que l'absence de circulation du pétrole yéménite par la mer Rouge n'est pas seulement un problème pour le Yémen, mais aussi pour ses voisins et partenaires qui importent son brut.

Après une terrible parenthèse en 2016, même au début de sa guerre civile, le Yémen a réussi à maintenir une production pétrolière relativement stable et croissante. Selon les données de l'OPEP, en décembre 2021, avant la première trêve entre les parties, le Yémen a réussi à atteindre une production de 44 764 barils par jour. Rien à voir avec les 119 192 bb/j produits en 2014, avant la guerre, mais cela montre au moins que les infrastructures pétrolières du pays ne sont pas totalement paralysées et qu'elles connaissent une légère croissance. À titre de comparaison, la production actuelle ressemble à celle du Pérou.

Toutefois, à la suite de la dernière réunion de l'OPEP, qui a annoncé une réduction de la production quotidienne de barils pour le mois de novembre, les membres arabes de l'alliance des producteurs de pétrole ont plus de cartes à jouer dans la médiation yéménite que les États-Unis. Biden a échoué dans sa tentative d'empêcher cette réduction, signe de sa perte progressive d'influence dans les affaires du Moyen-Orient. Pour cette raison, ce n'est pas la médiation des États-Unis, mais celle des Saoudiens et des Émiriens qui sera la clé du renouvellement d'une éventuelle trêve avec les rebelles houthis.

Selon l'analyste du Moyen-Orient Hazam Ayyad, la bonne harmonie entre les pays de la coalition arabe et leurs partenaires de l'OPEP+, dont la Russie et l'Iran, crée une "atmosphère positive et consensuelle" propice à la négociation d'une nouvelle trêve entre le gouvernement yéménite et les rebelles houthis.  Un climat positif que Biden est loin de pouvoir générer avec les parties impliquées dans la crise yéménite. Pour Ayyad, la politique américaine au Moyen-Orient se résume à favoriser exclusivement les intérêts d'Israël, reléguant les besoins de Riyad, d'Abu Dhabi et de Sana'a au second plan.

OPEP

Le gouvernement yéménite est conscient que les Saoudiens restent son principal soutien et son principal gardien dans ses efforts pour reprendre le contrôle du Yémen et instaurer la stabilité dans le pays. Le chef du gouvernement yéménite, après le remaniement du pouvoir en exil sur ordre de Mohammed bin Salman en avril 2022, a rencontré hier le ministre saoudien de la Défense. Alors qu'aucun détail n'a émergé de la réunion, la communication officielle de Khalid bin Salman, le ministre saoudien de la Défense, a déclaré que la réunion avait pour but de trouver des solutions à l'impasse yéménite.

Il reste à voir si, au milieu de la crise interne en Iran et en resserrant le robinet du pétrole, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis parviennent à faire une percée positive dans les négociations avec l'Iran et ses mandataires houthis, qui aille au-delà de la prolongation de la trêve et permette d'entrevoir la fin du conflit yéménite.

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