La Chine et le cartel du gaz

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Le Qatar est une pétromonarchie située à l'est de la péninsule arabique, dans le Golfe, dont le sol désertique recèle de gigantesques réserves de pétrole et de gaz. Grâce à ces immenses richesses énergétiques, il est le quatrième pays le plus riche du monde avec un revenu par habitant de 112 789 dollars, derrière le Luxembourg, l'Irlande et Singapour.

En effet, le Qatar est au centre de deux événements économiques et politiques majeurs à l'échelle mondiale. La première est l'organisation de la Coupe du monde, un événement qui n'a pas été exempt de scandales liés à la corruption. Le second est l'accord gazier qui vient d'être signé avec la Chine, par l'intermédiaire des sociétés Qatar Energy et Sinopec, pour la fourniture de 108 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) pendant 27 ans. Il s'agit du plus grand et du plus important accord d'approvisionnement en gaz liquéfié signé à ce jour à l'échelle mondiale, et il marque un tournant dans le paysage énergétique mondial.

D'autre part, il sera le protagoniste d'un autre événement politique majeur qui aura lieu dans la région après la Coupe du monde et qui déclenchera un véritable séisme politique au niveau international. La visite prévue du président chinois Xi Jinping en Arabie saoudite et la réunion qu'il a programmée avec les six pétromonarchies du Golfe : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar. 

Cette visite sera transcendante dans la géopolitique énergétique mondiale, étant donné que la région abrite les plus grandes réserves de pétrole et de gaz du monde. À cela s'ajoute l'intérêt de pays comme l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Égypte à rejoindre le bloc géo-économique des BRICS. 

L'analyste britannique Alastair Crooke, directeur du Conflict Forum basé à Beyrouth, souligne que le voyage du président chinois à Riyad aura pour but de sceller les détails de l'adhésion de l'Arabie saoudite aux BRICS et de convenir des termes d'un accord pétrolier avec le royaume saoudien. Selon lui, la rencontre entre le président chinois et le prince héritier saoudien marquera "la fin du système du pétrodollar, car tout ce qui sera convenu sur la manière dont les Chinois paieront le pétrole sera basé sur les plans russo-chinois visant à faire passer l'Eurasie à une nouvelle monnaie d'échange sans dollar". En d'autres termes, ce sera la fin du pétrodollar et la naissance du pétroyuan.

Il est clair que la rencontre de Xi Jinping avec les six pétromonarchies du Golfe fera bouger l'échiquier énergétique mondial. Selon Crooke, "lorsque la Turquie a décidé de se joindre à la Russie pour développer un grand centre de distribution de gaz sur son territoire et de participer à des accords d'investissement et de coopération dans le domaine du pétrole et du gaz avec la Russie et l'Iran, ce sont des événements qui marquent un axe stratégique au Moyen-Orient, tant sur le plan énergétique que monétaire en Eurasie". Il explique que "les alliés des États-Unis tels que l'Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, l'Inde, l'Afrique du Sud, l'Égypte et des groupements tels que l'OPEP+ font un grand pas vers l'autonomie et la fusion des nations non occidentales en un bloc cohérent qui agit dans leurs intérêts" et non dans ceux des États-Unis et de l'UE.

La Russie, l'Iran et le Qatar possèdent les plus grandes réserves de gaz du monde et ont signé des accords énergétiques visant à consolider le leadership mondial dans le secteur du gaz. La société russe Gazprom a signé un accord gazier de 40 milliards de dollars avec la National Iranian Oil Company (NIOC) et le Qatar et l'Iran ont signé depuis 2017 plusieurs accords de partenariat pour exploiter les réserves de gaz partagées du North Field. Ces pactes sont des étapes décisives vers un contrôle accru du marché mondial du gaz. La Russie, l'Iran et le Qatar sont les fondateurs du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui comprend l'Algérie, la Bolivie, l'Égypte, la Guinée équatoriale, la Libye, le Nigeria, Trinidad-et-Tobago et le Venezuela, avec l'Angola, l'Irak, la Norvège, les Émirats arabes unis, la Malaisie, l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, le Mozambique, le Sénégal et la Tanzanie comme observateurs. Quatre jours avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine, les membres de ce forum, qui détient 71 % des réserves mondiales de gaz, se sont réunis au Qatar. Ils parient sur la création d'un puissant cartel du gaz, tandis que l'Inde et la Chine, avec leurs accords, leurs achats et leur stockage, consolident leur position de grands revendeurs de gaz et de pétrole à l'échelle mondiale.

@j15mosquera

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