Le dragon de la Chine au Moyen-Orient : davantage de partenariats stratégiques et de coopération

Xi Jinping

La Chine est devenue un partenaire stratégique pour de nombreux pays du Moyen-Orient. Le rôle de la Chine s'est considérablement élargi avec l'annonce par le président chinois Xi Jinping, en 2013, de l'initiative "la Ceinture et la Route", qui constitue la pierre angulaire de la stratégie chinoise moderne. 

L'Égypte a été le premier pays arabe à reconnaître la République populaire de Chine, avec laquelle elle a établi des relations diplomatiques en 1956. En 1958, l'Irak a établi des relations diplomatiques avec la Chine. En 1971, la Chine a établi des liens diplomatiques avec la Turquie et l'Iran. Entre 1990 et 1992, la Chine a établi des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes et du Moyen-Orient. 

Le 18 octobre 2017 s'est tenu le 19e Congrès national du Parti communiste chinois, au cours duquel le président Xi Jinping a présenté son rapport. Selon lui, il est nécessaire de repenser les relations internationales afin de favoriser un environnement de respect mutuel, d'équité et de justice qui profite aux deux parties, ainsi que la création d'une communauté mondiale dédiée à la construction d'un monde ouvert et prospère pour tous ses membres. Il convient de garder ces idées à l'esprit lors de l'examen de la politique de la Chine au Moyen-Orient. 

En 2004, le Forum pour la coopération Chine-États arabes a tenu une réunion ministérielle. Lors de la quatrième réunion ministérielle de Tianjin en 2010 entre la Chine et les nations arabes, il a été convenu d'étendre la collaboration sino-arabe dans la relation stratégique. Au cours de la sixième réunion ministérielle, trois avancées ont été réalisées : l'énergie nucléaire, les satellites spatiaux et les sources d'énergie alternatives ont été mentionnés par le président chinois Xi Jinping comme les trois piliers d'un modèle de coopération "1 + 2 + 3". 

Le futur partenariat stratégique sino-arabe de coopération globale et de développement mutuel a été convenu par les deux parties en juillet 2018. Le document le plus crucial de la politique chinoise au Moyen-Orient a été le discours du président Xi au siège de la Ligue arabe le 22 janvier. 

La relation arabo-chinoise est depuis longtemps considérée comme stratégique par la Chine. Le principe diplomatique de la Chine a toujours été de renforcer et de promouvoir l'amitié de longue date entre la Chine et le monde arabe. Plutôt que de former une alliance, la Chine veut créer un réseau de connexions à travers la région. En octobre 2010, un "partenariat stratégique" a été établi entre la Chine et la Turquie ; en mars 2017, un "partenariat stratégique" a été fondé entre la Chine et Israël. 

Après avoir visité le Kazakhstan et l'Indonésie en 2013, le président Xi a lancé la ceinture économique de la route de la soie et la route de la soie maritime du XXIe siècle dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route". La Chine a exhorté les pays arabes à rejoindre la ceinture économique de la route de la soie et la route de la soie maritime du XXIe siècle lors de la réunion du CASCF de 2014. C'est pourquoi le document de politique arabe indique que "la Chine est disposée à coordonner les plans de développement avec les gouvernements arabes, à établir une capacité de production internationale et à stimuler la coopération dans diverses industries". 

La croissance économique a eu lieu dans la zone économique du canal de Suez en Égypte, dans la zone industrielle de Khalifa à Abu Dhabi, ainsi qu'à Duqm et Jizan. La collaboration sur l'énergie solaire est sur la table. En mai 2017, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a été invité à participer au premier Forum de la Ceinture et de la Route pour la coopération internationale (BRF). Le deuxième BRF, qui s'est tenu à Pékin en avril 2019, a réuni le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi et le vice-président des EAU Muhammed bin Rashid. 

L'initiative "la Ceinture et la Route" est plus qu'une série de liaisons terrestres et maritimes, c'est un réseau de partenariats et de projets. Le Moyen-Orient est la principale source de pétrole brut de la Chine. Les dix premiers fournisseurs de pétrole de la Chine sont l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, Oman et le Koweït. La CNPC et la CNOOC ont signé en avril 2008 des contrats de 25 ans avec le Qatar pour acheter chacune 3 millions de tonnes de GNL par an. Le Qatar a signé un nouveau contrat de 22 ans avec CNPC pour la fourniture de 3,4 millions de tonnes de GNL en septembre 2018. Outre l'énergie nucléaire et solaire, la Chine souhaite également coopérer dans ces domaines avec le Moyen-Orient.  

L'engagement de la Chine au Moyen-Orient est également motivé par des raisons économiques, car la région constitue aujourd'hui un important marché d'exportation pour les matières premières chinoises et un secteur de construction rentable pour le pays. Le montant des contrats de construction chinois dans le monde arabe a été multiplié par huit depuis 2004 pour atteindre un total de 3,28 milliards de dollars. Téhéran et la Turquie sont les deux plus importants partenaires commerciaux et importateurs de la Chine. 

Pour protéger ses intérêts et lutter contre le terrorisme, la Chine a intensifié son engagement auprès des pays du Moyen-Orient. Elle fournit des forces de maintien de la paix des Nations unies. En 2006, la Chine a envoyé un bataillon de génie au Sud-Liban, une première au Moyen-Orient. 

La Chine a toujours été attirée par le Moyen-Orient en raison de la longue histoire et du patrimoine culturel diversifié de la région. La Chine est un fervent défenseur des échanges culturels et du respect mutuel. La Chine et les pays arabes ont établi une plateforme de dialogue civilisationnel dans le cadre du CASCF. 

En raison des compétitions géopolitiques, le Moyen-Orient est considéré comme une région difficile et chaotique. C'est pourquoi la Chine est très prudente au Moyen-Orient, surtout lorsqu'elle traite avec des pays instables. En janvier 2016, le président chinois Xi s'est rendu à la fois en Arabie saoudite et en Iran. Le président Xi s'est rendu aux Émirats arabes unis en juillet 2018, tandis que le vice-président Wang Qishan est retourné dans le pays en octobre 2018. Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et le cheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan des EAU se sont rencontrés à Pékin le 2 mai et ont décidé de former un comité intergouvernemental bilatéral de coopération. 

Le gouvernement chinois a également mis en place un comité de haut niveau en janvier 2016 pour diriger et coordonner la coopération bilatérale avec l'Arabie saoudite. Wang Yi et le cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani se sont rencontrés pour la première fois le 12 décembre 2018 pour le premier cycle de consultations stratégiques entre les deux pays. Au cours de ce sommet, la Chine et le Qatar ont établi un cadre pour le dialogue stratégique intergouvernemental. 

La politique étrangère de la Chine au Moyen-Orient semble être fermement fondée sur une approche "tous les amis" ou "zéro ennemi". La Chine cherche à s'engager auprès des grandes puissances mondiales au Moyen-Orient. La Chine traite avec le Moyen-Orient selon les cinq principes de la coexistence pacifique, qui comprennent le respect de la souveraineté, l'intégrité territoriale, la non-intervention et la résolution diplomatique et pacifique des différends et des conflits. 

La réaction de la Chine à la crise syrienne s'est fondée sur ces principes. La Chine estime qu'une solution politique est la seule qui puisse durer. Il n'y a pas d'autre issue à cette situation que l'action politique. Lorsqu'il s'agit de trouver une solution acceptable pour toutes les parties syriennes, la communauté internationale devrait aider les parties syriennes à reprendre rapidement l'engagement et les négociations sous la médiation des Nations unies. La Chine a accueilli des groupes d'opposition syriens à quatre reprises à Pékin entre 2012 et 2017, faisant don de 680 millions de RMB d'aide humanitaire à la Syrie et aux réfugiés syriens à l'étranger. Selon la Chine, pour stabiliser la Syrie, il faut mettre fin à l'effusion de sang, combattre le terrorisme, s'engager dans un processus politique inclusif, fournir une aide humanitaire et reconstruire. 

La stratégie de la Chine au Moyen-Orient est guidée par l'accent mis sur la coopération économique. Le président Xi Jinping estime que la stimulation de la croissance économique est la meilleure approche pour surmonter les obstacles. La croissance est vitale pour le bien-être et la dignité de tous pour mettre fin au conflit au Moyen-Orient. C'est une course contre la montre et une bataille de l'espoir contre le désespoir. Pour que les jeunes aient de l'espoir dans leur cœur, ils doivent pouvoir vivre leur vie dans la dignité et l'épanouissement. Pour la Chine, la BRI constitue un cadre fondamental pour la coopération économique entre la Chine et le Moyen-Orient. Une collaboration est envisageable dans les domaines du développement des infrastructures, de l'industrialisation et des parcs industriels, de l'énergie et de la facilitation des investissements. 

La Chine est l'un des principaux membres de l'Organisation de coopération de Shanghai. Le Groupe des cinq de Shanghai a été créé le 26 avril 1996, et l'OCS le 15 juin 2001. À la suite du sommet de l'OCS de juillet 2005, l'Iran a demandé à devenir membre à part entière en mars 2008, devenant ainsi un membre observateur. L'OCS a accueilli la Turquie en 2012. Plusieurs pays, dont l'Égypte, la Syrie, l'Irak, le Qatar et Israël, ont manifesté leur intérêt à participer à l'OCS en tant qu'observateurs ou partenaires de dialogue. La Chine pourrait utiliser l'OCS comme une nouvelle plateforme pour coopérer avec les pays du Moyen-Orient. La coopération permettrait de réduire la concurrence entre l'initiative "la Ceinture et la Route" et l'Union économique eurasienne et d'accroître l'influence stratégique de l'OCS si elle s'étend à l'Asie du Sud et de l'Ouest. 

Mohamad Zreik est titulaire d'un doctorat en relations internationales, il est chercheur indépendant et son domaine d'intérêt de recherche est lié à la politique étrangère chinoise, à l'initiative "Belt and Road", aux études sur le Moyen-Orient et aux relations sino-arabes. L'auteur a publié de nombreuses études dans des revues et périodiques internationaux de premier plan.

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