Les droits de l'homme, selon et où

bucha-masacre-crimenes-guerra-rusia-ucrania

Le rapport annuel de Human Rights Watch (HRW) sur l'un des chapitres mondiaux qui déterminent la qualité des régimes politiques dans le monde a été publié. Il compte 700 pages et sa litanie de nombreuses violations des droits de l'homme dans le monde entier dresse un tableau plutôt effrayant. 

HRW se félicite toutefois de la forte réaction de la communauté internationale aux atrocités commises en Ukraine depuis que le président russe Vladimir Poutine a décidé d'envahir le pays avec l'intention claire de le détruire, et documente les milliers de violations commises par les soldats russes depuis le tout début de la guerre. L'organisation ne ménage pas non plus sa peine pour dénoncer les exactions commises par les services secrets ukrainiens, sous prétexte de détecter et d'arracher des aveux aux traîtres ou aux collaborateurs des forces d'occupation russes, mais se garde bien de pointer du doigt Moscou pour la pléthore de violations et d'atrocités commises non seulement à l'encontre des soldats emprisonnés mais surtout de la population civile ukrainienne. 

L'actuelle directrice intérimaire de HRW, Tirana Hassan, s'adressant à l'Agence France-Presse, a décrit comme "une lueur d'espoir la réponse internationale ainsi que l'engagement de la justice" pour que ces épisodes qui font honte à la race humaine ne restent pas impunis. Hassan a noté que "jamais auparavant dans l'histoire nous n'avions vu une réponse internationale aussi bien coordonnée", faisant référence à la rapidité avec laquelle la Cour pénale internationale (CPI) a admis la plainte menée par l'Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi qu'à la cascade de trains de sanctions successifs et sévères contre Moscou. 

Accorder une attention égale aux autres régimes pénaux

Alors que le volumineux rapport égrène une longue litanie de violations commises sous d'autres latitudes et dans d'autres pays, notamment en Chine, en Iran et dans divers pays africains, la responsable de HRW constate une réaction internationale beaucoup plus nuancée. Bien qu'elle ne le dénonce pas explicitement, il est facile d'en déduire que les gouvernements démocratiques les plus engagés dans la lutte pour le respect des droits de l'homme, autrement dit ce que l'on appelle l'Occident, déclinent leurs élans dénonciateurs lorsque cela se heurte à la préservation de leurs propres intérêts politiques et économiques. 

Dans le cas de la Chine, et plus particulièrement des persécutions dont est victime la minorité ouïghoure, elle ne fait pas l'objet des mêmes critiques internationales que les exactions commises par la Russie en Ukraine, malgré l'existence d'un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, qui n'hésite pas à qualifier de "possibles crimes contre l'humanité" nombre des actes répertoriés tant individuellement que collectivement à l'encontre de la communauté ouïghoure dans la province du Xinjiang, à l'ouest de la Chine de Xi Jinping.

L'autre pays le plus pointé du doigt par le rapport de HRW est l'Iran, qui continue de réprimer avec une virulence particulière les manifestations menées par des femmes dans les grandes villes du pays, avec la nouvelle tournure que prennent les exécutions d'hommes venus soutenir les femmes lors de ces manifestations contre le régime théocratique des ayatollahs. Tirana Hassan appelle à une plus grande mobilisation de la communauté internationale contre Téhéran, car selon elle "il n'y aura pas de changement significatif si la pression sur le régime n'est pas renforcée et maintenue". 

L'Afghanistan, l'Arabie, le Pakistan, les pays du Sahel, le Venezuela, le Mexique et bien d'autres font également l'objet d'un examen minutieux, et HRW demande que les violations des droits de l'homme qui y sont commises ne passent pas inaperçues. Le rapport consacre une attention particulière à la région du Tigré, en Éthiopie, où les accords de paix signés en novembre dernier semblent avoir effacé les centaines de violations graves commises pendant la guerre contre le pouvoir central d'Addis-Abeba. La Russie et la Chine ont tout intérêt à ce que ces crimes soient oubliés, puisqu'elles opposent leur veto à toutes les tentatives visant à inscrire la question du Tigré à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies. 

L'initiative citoyenne dans l'UE

Coïncidant avec la présentation du rapport de HRW, la Commission européenne a décidé d'enregistrer une initiative citoyenne européenne (ICE), intitulée "Article 4 : Interdiction de la torture et des traitements inhumains aux frontières de l'Union européenne". 

Cette initiative appelle à l'adoption d'une législation garantissant le respect de l'interdiction de la violence et des traitements inhumains et dégradants inscrite à l'article 4 de la Charte des droits fondamentaux dans le cadre des politiques européennes en matière de contrôle des frontières, d'asile et d'immigration. 

Il est vrai que cette action n'implique en aucun cas que la Commission confirme l'exactitude matérielle du contenu de l'initiative, mais il semble évident qu'elle ne pouvait pas rejeter cette demande des citoyens, étant donné la succession d'incidents, dont certains particulièrement graves, comme la prise d'assaut de la clôture de Melilla, qui se produisent dans les zones frontalières du sud et de l'est de l'Europe en particulier.  

Envíanos tus noticias
Si conoces o tienes alguna pista en relación con una noticia, no dudes en hacérnosla llegar a través de cualquiera de las siguientes vías. Si así lo desea, tu identidad permanecerá en el anonimato