Pateras

pateras-migrantes

L'histoire se répète à nouveau.  Un millier de fois. Hier, aujourd'hui, demain. Ni le temps ni les intentions ne l'effacent. Peut-être qu'il n'y en a pas ; peut-être qu'ils ne les cherchent pas. La mer est un piège. Il y a des jours où il semble calme, où il vous attire, où il ne semble pas être ce qu'il est. Mais il ne faut jamais lui faire confiance, il ne faut pas dormir profondément sur ses eaux. Sous cette première apparence, il cache de terribles secrets : la colère qui déclenche une trahison, le désir de vengeance.

La mer est une rose... pleine d'épines acérées ; un verre de bon vin rouge avec quelques gouttes de poison dedans ; une hallucination dans un beau désert au coucher du soleil. Pour beaucoup, c'est un pont impatient qui invite à être traversé, qui incite à le faire, car, de l'autre côté, ils trouveront un énorme trésor : la conquête d'un rêve. Et ils acceptent cette invitation sans savoir que la tromperie consiste à la franchir. Une tromperie qui a commencé bien plus tôt encore, au moment de vouloir atteindre un objectif rempli de prix non mérités. Une course sans règles. La mer est la jungle où les plus forts ne sont pas toujours sauvés. Mais les gangsters ne comptent pas là-dessus.

Il n'y a pas de paradis, ou peut-être y en a-t-il un quand on pense que ce qu'on laisse derrière soi est l'enfer. Le bon, le mauvais. Mourir, si nécessaire en chemin, plutôt que de subir l'agonie d'une mort lente, trop. On ne laisse rien derrière soi, sauf la douleur de ceux qui aiment vraiment ; tout devant. Et entre ce rien et ce tout : l'espoir. Vouloir écrire quelques lignes d'un futur... lointain, car dans le présent qu'ils vivent, l'impossibilité prévaut.

Rien n'est comme on le dit, comme on le fera. Jamais ou très rarement. Les bateaux se perdent dans l'obscurité de la nuit, dans la noirceur des monstres qui semblent sortir des profondeurs. Il fait froid, il y a la peur, il y a l'oubli dans les esprits affaiblis, il y a la faim et la mort. Le pont n'a pas de fin. Les fins ont de nombreux visages.

Un regard vers le passé est misérable, un regard vers l'avenir est possible. Et ils risquent, ils défient la mer qui peut les engloutir, avec ou sans conscience. Hommes, femmes, certaines femmes enceintes, enfants... Ils croient que la liberté peut être achetée derrière cette mer. Et ils paient, pas seulement avec de l'argent, malgré cette proximité qui n'est pas si proche, malgré l'incertitude de la traversée. Ils le paient même de leur vie. Ce qui est curieux, c'est qu'ils savent à qui le faire, ils savent qui organise le voyage, où et comment, même si les mensonges sont mêlés au besoin de croire. Eux, avec rien, ont les informations nécessaires. Les autres, avec tout, ne savent rien. Vouloir savoir ce que l'on veut et ignorer ce que l'on ne veut pas.

Et regardons la mer. L'histoire se répète à nouveau. Une fois et mille fois. C'est un piège, un loup affamé devant un troupeau de moutons. Ils le savent, tous et chacun, et malgré cela, ils décident de traverser.
 

Envíanos tus noticias
Si conoces o tienes alguna pista en relación con una noticia, no dudes en hacérnosla llegar a través de cualquiera de las siguientes vías. Si así lo desea, tu identidad permanecerá en el anonimato