Personnel de la marine, agents des forces de l'ordre et police judiciaire

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Lorsque l'on nous parle du statut d'agent de l'autorité, la première image qui nous vient à l'esprit est celle d'un policier en uniforme ou de tout membre des forces et corps de sécurité. Il est possible que nous identifions ces professionnels comme étant les seuls à qui le statut d'agent de l'autorité est inhérent. Dans les paragraphes suivants, nous tenterons d'aider le lecteur à identifier les traits caractéristiques de l'agent d'autorité et sa portée normative dans la figure du militaire.
Mots clés : Agent des forces de l'ordre, police, règlements, militaires.

La notion d'agent d'autorité

Est agent de l'Autorité tout fonctionnaire qui est chargé d'exécuter les décisions et les pouvoirs de l'Autorité dans l'exercice de ses fonctions.
Tout fonctionnaire peut être un agent de l'Autorité. En particulier, les membres des forces de sécurité de l'État. Mais aussi les huissiers de justice, les parlementaires, les notaires et les greffiers, les agents de l'environnement, etc.

Quelles sont les conséquences d'être un agent de l'autorité ?

Le fait qu'un fonctionnaire soit considéré comme un agent de l'autorité implique dans la pratique :

  • Les rapports d'inspection et les plaintes formulés dans l'exercice de leurs fonctions font foi et sont présumés vrais quant aux faits qui y sont exposés. En l'absence de preuve du contraire.
  • Dans le cas où il ne peut ou ne veut pas exercer ses fonctions pour empêcher la commission de délits ou de contraventions, il peut demander l'assistance des autorités judiciaires ou gouvernementales.
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Un militaire est-il un agent de l'Autorité ?

Pour répondre à cette question, il faut se référer au Décret royal 194/2010, du 26 février, portant approbation du Règlement de sécurité dans les Forces armées. Dans ce règlement, deux groupes de fonctions sont établis dans lesquels le personnel militaire agit en tant qu'agents de l'autorité :

Les membres des Forces armées auront la condition d'agents d'autorité dans l'exercice de leurs fonctions lorsqu'ils interviendront dans le cadre de l'Unité militaire d'urgence, sous son commandement ou contrôle opérationnel, ou dans d'autres unités des Forces armées, dans les opérations décrites à l'article 16.e) de la loi organique 5/2005, du 17 novembre, sur la Défense nationale, dans les circonstances indiquées ci-après :

  • Qui trouvent leur origine dans les risques naturels, notamment les inondations, les crues, les tremblements de terre, les glissements de terrain, les fortes chutes de neige et autres phénomènes météorologiques défavorables de grande ampleur. Ceux qui résultent des incendies de forêt et ceux qui découlent des risques technologiques, y compris les risques chimiques, nucléaires, radiologiques et biologiques.
  • La même considération sera accordée aux membres des équipages des navires de la Marine dans l'exercice des fonctions de surveillance et de sécurité maritime attribuées par la loi ou par les accords internationaux signés par l'Espagne, qui seront exercées sans préjudice de celles attribuées aux membres des forces et corps de sécurité de l'État et aux membres des organismes publics ayant des fonctions de surveillance maritime dans l'exercice de leurs compétences.
  • Groupe composé de militaires qui exercent des fonctions de police militaire, navale ou aérienne.
Un membre de l'armée peut-il poursuivre des crimes car il est considéré comme un agent de l'Autorité ?

Comme nous venons de l'expliquer, la 1ère Disposition Additionnelle du Décret Royal 194/2010, du 26 février, qui approuve le "Règlement de Sécurité des Forces Armées", établit que "les membres de l'équipage des navires militaires ont la qualité de représentants institutionnels dans l'exercice des fonctions de surveillance et de sécurité maritime qui leur sont attribuées par la loi ou par les conventions internationales auxquelles l'Espagne est partie, lesquelles seront exercées sans préjudice des fonctions attribuées aux membres des forces et corps de sécurité nationaux". Dans notre législation nationale, les crimes tels que le terrorisme, la piraterie, le trafic de drogue et la traite des êtres humains sont considérés comme des crimes de responsabilité pénale générale. 

Bien qu'elles soient déclarées infractions de responsabilité pénale générale, elles ne peuvent être exécutées sans restrictions lorsqu'elles impliquent des navires battant pavillon étranger dans des zones maritimes où s'applique le principe de la liberté de navigation, mais uniquement en vertu des traités internationaux signés par l'Espagne. Il est donc nécessaire d'analyser les pouvoirs spécifiques d'un navire de guerre par rapport aux principaux "crimes de sécurité maritime", à savoir la piraterie, le trafic en mer, le trafic de drogue en mer, le trafic d'armes en mer et le terrorisme en mer. 

Dans ce contexte, nous allons analyser la considération en tant que Police Judiciaire des membres des équipages des navires de la Marine lorsqu'ils exercent les fonctions que nous venons de décrire.

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En vertu de l'article 283, paragraphe 1, de la loi de procédure pénale, approuvée par le décret royal du 14 septembre 188210 , "les autorités administratives chargées de la sécurité publique et de la poursuite de tout ou partie des infractions" sont définies comme des autorités de police judiciaire en matière pénale ; à ce titre, elles peuvent procéder à des arrestations en mer et amener les détenus devant l'autorité judiciaire espagnole compétente pour l'instruction des procédures pénales. Toutefois, l'article 282 du même texte juridique limite les activités de la police judiciaire aux enquêtes sur les "infractions publiques commises sur son territoire ou à ses frontières", c'est-à-dire en Espagne. 

La collaboration avec les forces de sécurité de l'État et le corps de contrôle dans la lutte contre le trafic de drogue dans nos eaux territoriales en est un exemple, comme le prévoit l'accord interministériel entre le ministère de la défense et le ministère de l'intérieur pour la lutte contre le trafic de drogue, signé le 14 février 2006. Ainsi, les missions de surveillance ou de sécurisation maritime effectuées par des navires militaires ayant rang de police judiciaire seront réalisées au titre du soutien à la sécurité nationale.

Dans ce contexte, et suite à l'entrée en vigueur de la loi organique 1/2014, qui a modifié la loi organique sur la justice, le 2 juillet 2015, la marine espagnole et le bureau du procureur général de l'État ont signé un protocole d'intervention des navires de guerre dans les délits de poursuite pénale universelle, afin de définir les critères d'intervention et la relation entre les autorités navales et les procureurs compétents lorsque les navires de la marine espagnole interviennent dans des actes poursuivables par les tribunaux espagnols.

Personnel de la marine et police judiciaire

Il convient de mentionner une fois de plus le protocole opérationnel entre la marine espagnole et le ministère public sur les délits susceptibles d'être poursuivis en général, qui couvre l'intervention éventuelle de navires de guerre dans des délits présumés qui ne relèvent pas de la compétence du ministère public espagnol, soit parce que les règles qui légitiment l'intervention d'un navire de guerre particulier ne coïncident pas, dans les traités internationaux, avec les règles de compétence pour la poursuite de ces délits", soit parce que ces actions sont menées sous le mandat d'une organisation internationale. 

Au vu de ce qui précède, il nous semble clair que l'intervention de la Marine dans ces affaires n'est fondée ni sur son statut de police judiciaire, ni sur son statut d'agent de l'autorité dans les termes juridiques déjà établis. Et si, en vertu du protocole précité, ces navires ne seraient pas dispensés de rendre compte à l'autorité de poursuite compétente comme s'il s'agissait de police judiciaire, il n'en demeure pas moins que leurs activités correspondent plutôt à une "nouvelle" classification, soumise au commandement opérationnel, au respect de la législation nationale et internationale et aux garanties qui doivent être offertes aux personnes susceptibles d'être détenues pour des crimes en mer.

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Ceci implique que les fonctions de surveillance ou de sécurité maritime exercées par les navires de guerre de la Marine sous condition de Police Judiciaire, auront lieu lorsqu'elles seront exercées à l'aide des Juges et Tribunaux nationaux compétents pour connaître des crimes publics, ne pouvant agir de leur propre initiative.

De même, la présence de la Guardia Civil sur tout le territoire national fait que les membres de l'Institut armé - la police judiciaire générale - et les unités organiques de la police judiciaire se trouvent généralement à proximité d'une unité des Forces armées. En revanche, en cas d'exercices ou de manœuvres des Forces armées, ou en cas de navigation ou de déploiement à l'étranger, rien n'interdit d'inclure dans les missions militaires du personnel de la Guardia Civil, qui, entre autres, peut également exercer des fonctions de police judiciaire, conformément à l'article 4 du décret royal 1438/2010.

Conclusions

Les militaires ont le statut d'agents de l'autorité lorsqu'ils exercent les fonctions décrites ci-dessus. Cela signifie que leurs actes sont non seulement avalisés par la loi, mais que, jusqu'à preuve du contraire, ils sont présumés vrais, avec la sécurité juridique que cela implique. 

D'autre part, outre leur statut d'agents de l'autorité, nous avons abordé la situation dans laquelle les membres des navires de guerre peuvent exercer des fonctions de police judiciaire, comme le prévoit la loi de procédure pénale. Le rôle de la Marine dans nos zones maritimes est conforme à la fonction de police judiciaire, résiduelle en haute mer, puisqu'elle ne doit agir qu'à la demande des autorités judiciaires espagnoles. 

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Nous considérons donc qu'ils devraient être pleinement et efficacement habilités en tant que police judiciaire, car nous devons nous rappeler que l'un des objectifs des missions internationales est de prévenir ou d'éliminer les activités illégales répandues au niveau international, garantissant ainsi la sécurité maritime. C'est pourquoi nous soulignons que, si ce statut est accordé et après l'approbation d'un cadre juridique qui réglemente le fait de pouvoir agir au-delà de nos frontières en tant que police judiciaire et, par conséquent, en tant qu'agent de l'autorité, des aspects tels que la détention d'éventuels suspects, avec les spécificités correspondantes et la coordination avec les autorités sécuritaires et judiciaires des États membres de l'Union européenne, le travail de la Marine dans la prévention des délits commis en dehors de nos eaux juridictionnelles serait beaucoup plus efficace. 

DAVID ROBLES RAMOS

Diplômé en droit de l'Université internationale de La Rioja.
Maîtrise en accès à la profession juridique de l'UOC
Collaborateur de l'Espace Défense Nationale de Sec2Crime

BIBLIOGRAPHIE

¿Cómo funciona la policía judicial en las Fuerzas Armadas? (confilegal.com)

Orden DEF/316/2015, de 23 de febrero, por la que se aprueban los medios de identificación que sobre el uniforme deben portar los miembros de las Fuerzas Armadas que tengan carácter de agente de la autoridad en el ejercicio de sus funciones.

ALIA PLANA, M. El legal finish de la Operación Atalanta, 2021. Disponible en: Microsoft Word - DIEEEO08_2021_MIGALI_LegalFinish.docx

NUÑEZ IZQUIERDO, F La policía judicial. El auxilio con la administración de justicia en la investigación criminal, Disponible en: La policia judicial. El auxilio con la administracion de justicia en la investigación criminal · Noticias Jurídicas (juridicas.com)

PÉREZ FRANCISCO, E- REY MORAL, D. La condición de los miembros de la dotación de los buques de guerra de la Armada como Policía Judicial, en operaciones marítimas ¨de ley y orden¨: Agentes de la Autoridad, o ¿Policía Marítima Internacional? Disponible en: ARTICULO-MILITAR-FINAL.pdf (icam.es)

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