Les manifestants ont bloqué une route devant le siège de la société chargée de la construction et de la logistique de la Coupe du monde au Qatar

60 travailleurs arrêtés au Qatar pour s'être plaints de leurs conditions de travail

photo_camera PHOTO/ARCHIVO - Les travailleurs qataris de la Coupe du monde protestent contre leurs conditions de travail difficiles

Plus d'une centaine de travailleurs d'Asie du Sud-Est ont manifesté à la mi-août devant le siège du groupe Al Bandary International à Doha pour dénoncer les conditions de travail difficiles auxquelles ils sont soumis et les retards dans le paiement de leurs salaires.  Après cela, 60 d'entre eux ont été arrêtés, selon les informations de l'agence AP, certains ont même été expulsés.

Selon la plainte des travailleurs, la société n'a pas payé les salaires des travailleurs depuis plus de 2 mois. La manifestation et les arrestations ont lieu à peine trois mois avant le début de la Coupe du monde de football controversée au Qatar. Selon les rapports des agences, les travailleurs ont bloqué une route pendant plusieurs heures. Le gouvernement qatari a confirmé l'arrestation de plusieurs des manifestants dans un communiqué dans lequel il affirme que les manifestants ont "violé les lois sur la sécurité publique".

La société, Al Bandy International Group, n'a pas publié de déclaration en réponse à l'incident. Il s'agit d'un conglomérat de 18 entreprises actives dans l'ingénierie, les infrastructures, la construction et d'autres services. Les informations figurant sur son site web font référence à une adresse à Doha, la capitale du Qatar, mais l'entreprise serait également présente aux Émirats arabes unis, selon son portail d'emploi.
 

Le ministère qatari du Travail a confirmé à l'AP que de nombreux travailleurs de la société n'ont pas reçu leur salaire au cours des derniers mois et s'est engagé à avancer les arriérés de salaire ainsi que les indemnités.

Ce n'est pas la première fois qu'une telle controverse touche les médias. Le concours a mis en lumière les conditions difficiles, parfois criminelles, dans lesquelles travaillent les ouvriers du petit État péninsulaire du Qatar. Certaines ONG estiment qu'environ 6 500 travailleurs sont morts sur le chantier.

Il y avait des intentions de la part du gouvernement qatari et des entreprises contractantes d'améliorer la situation des travailleurs afin d'éviter une image négative affectant le pays et la concurrence, mais au vu des nouvelles, le résultat des améliorations est douteux. Parmi les améliorations pour les travailleurs figure l'abolition de la "Kafala", un système d'emploi régi par la loi islamique qui donnait à l'employeur tous les droits sur ses travailleurs.

Le Qatar, comme de nombreux autres pays du Golfe, s'appuie largement sur la main-d'œuvre étrangère pour mener à bien ses ambitieux plans de développement. Les travailleurs étrangers au Qatar n'ont pas de droits syndicaux et sont soumis à un régime strict de contrôle de l'immigration et du travail. Selon les ONG qui étudient les cas d'abus en matière de travail dans divers pays du Golfe, même quitter le pays peut s'avérer extrêmement difficile pour les travailleurs étrangers, qui se retrouvent souvent piégés dans le pays dans des conditions épouvantables.
 

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