Le chef de l'État juif atterrit à Abu Dhabi après la première visite d'un président juif à Bahreïn. Herzog tente de calmer ses partenaires dans la formation d'un gouvernement en Israël

Herzog termine sa tournée du Golfe par une visite aux Émirats : "Les accords d'Abraham sont un consensus national en Israël"

photo_camera PHOTO/ISRAELI PRESIDENCY - Le président israélien Isaac Herzog rencontre à Abu Dhabi le dirigeant émirati Mohamed bin Zayed

Isaac Herzog a atterri lundi à Abu Dhabi, dernière destination d'une tournée régionale dans le Golfe visant à consolider les accords d'Abraham. Le Président israélien a effectué sa troisième visite officielle aux Emirats arabes unis depuis sa prise de fonction en juillet 2021 en remplacement de Reuven Rivlin. Il s'est rendu pour la première fois aux Émirats arabes unis en janvier pour l'Expo 2022 de Dubaï, et y est retourné en mai après le décès du président de l'époque, Khalifa bin Zayed Al Nahyan. A cette occasion, le leader travailliste a également cherché à apaiser ses partenaires dans la perspective de la formation d'un gouvernement en Israël. 

L'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu se précipite pour retrouver le poste de Premier ministre. En attendant la distribution officielle des portefeuilles, la droite radicale du sionisme religieux obtiendra une représentation sans précédent dans l'histoire de la nation hébraïque. Le risque qu'il ravive la cause palestinienne déjà enflammée pourrait nuire à l'engagement de ses partenaires du Golfe, qui ont décidé de concentrer leurs efforts sur l'amélioration des liens économiques et commerciaux en signant un accord de normalisation avec Israël dans les affres de l'administration Trump. 

En ce sens, la défaite électorale de Yair Lapid est une mauvaise nouvelle. Bien que ce soit Netanyahou qui ait paraphé l'accord sur la pelouse de la Maison Blanche en compagnie des ministres des Affaires étrangères des EAU et de Bahreïn, ainsi que de l'ancien président Donald Trump, le Premier ministre sortant est apparu comme le principal promoteur des accords d'Abraham en tant que diplomate en chef d'Israël ces derniers mois. Le leader du parti centriste Yesh Atid s'est révélé incapable de rétablir une coalition gouvernementale après les mauvais résultats des élections du 1er novembre.

Isaac Herzog
L'espace, une ambition commune 

Le ministre émirati des Affaires étrangères et souverain d'Abu Dhabi, Abdullah bin Zayed, a reçu le président israélien sur le tarmac de l'aéroport de la capitale émiratie. C'était la quatrième fois qu'ils se rencontraient en un peu plus d'un an, ce qui témoigne de la proximité diplomatique entre les Émirats et Israël. 

Outre les discussions avec le ministre des Affaires étrangères, Herzog a eu un entretien en fin d'après-midi avec le président émirati Mohammed bin Zayed, qui se rendait au Qatar pour la première fois depuis la levée du blocus contre le petit pays du Golfe imposé en 2017 avec l'appui de l'Arabie saoudite, de l'Égypte et de Bahreïn. Quelques heures auparavant, M. MBZ avait eu un bref entretien avec l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, dont l'État accueille la Coupe du monde de football. 

"J'ai eu le plaisir de rencontrer mon ami le président des Émirats arabes unis [Mohamed bin Zayed] à Abu Dhabi. Les Accords d'Abraham ont magnifiquement décollé au cours des deux dernières années, et notre mission est maintenant d'atteindre l'altitude de croisière : renforcer encore nos relations", a tweeté M. Herzog avant sa rencontre avec le dirigeant de facto du pays, avant même la mort de son père en mai dernier.

Isaac Herzog

"Les accords d'Abraham sont un consensus national en Israël, de tous les côtés de l'échiquier politique", a déclaré Herzog, qui a cherché à rassurer son partenaire émirati. Tout gouvernement issu des urnes respectera les pactes signés, même si les suprémacistes juifs du sionisme religieux prennent le contrôle de ministères importants, a déclaré le leader travailliste, dont la presse locale a rapporté qu'il avait tenté de pousser un exécutif d'unité nationale pour éviter les extrêmes du spectre parlementaire. 

Avant sa rencontre avec MBZ, Herzog a prononcé le discours principal au Space Exploration Policy Forum, où il a été rejoint par le Premier ministre indien Narendra Modi. Dans ce domaine, les gouvernements d'Israël et des Émirats arabes unis ont renforcé leur coopération afin de placer leurs pays respectifs à l'avant-garde. C'est ce qu'a souligné Herzog, qui s'est dit "particulièrement fier" du partenariat scientifique avec Abu Dhabi. "Nos deux pays mènent avec audace notre région vers de nouvelles frontières dans l'espace et laissent leur empreinte dans l'histoire", a-t-il déclaré. 

Herzog a été impressionné par les réalisations des EAU dans l'espace. "Les Émirats arabes unis] correspondent parfaitement à Israël, un leader mondial dans les technologies de satellites miniatures, les capacités de haute résolution et de télédétection, et la cybersécurité dans l'espace", a déclaré le leader travailliste.

Dernier arrêt 

Herzog revenait de sa première visite à Bahreïn, l'un des signataires des accords d'Abraham avec les Émirats, le Maroc et le Soudan. Aucun chef d'État israélien ne s'était jamais rendu auparavant dans la monarchie du Golfe. Au palais Al-Qudaibiya de Manama, le président juif a rencontré le roi Hamad bin Isa Al Khalifa, puis le prince héritier et premier ministre bahreïni Salman bin Hamad. 

À son arrivée à la résidence du chef de l'État, l'hymne israélien a été joué, un événement qualifié d'"historique" par la presse. "Profondément ému d'entendre Hatikvah, notre hymne national, au Bahreïn avec Sa Majesté le Roi. Nous devons renforcer nos partenariats pour la paix et faire entrer davantage d'États et de nations dans le cercle de la paix dans notre région", a tweeté M. Herzog, qui, dans un article publié dans The Times of Israel, a écrit que l'objectif de la visite était de traduire les termes des accords d'Abraham en avantages tangibles pour les citoyens d'Israël. L'agenda d'Israël et de ses partenaires du Golfe coïncide avec la volonté d'endiguer la menace iranienne et d'approfondir les liens économiques et commerciaux.

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