Une course aux armements et un défi aux puissances occidentales. C'est ainsi que de nombreux experts ont défini le missile balistique lancé par la Corée du Nord qui a mis en alerte la défense japonaise en survolant le pays. Un missile qui a suivi la même trajectoire que celui lancé en 2017, mais avec une portée plus longue : 4 600 kilomètres. Une distance qui oblige normalement le lancement à se faire dans l'espace pour ne pas survoler un pays voisin.
Le projectile nord-coréen a survolé le territoire japonais, déclenchant une alerte publique à 7h29 heure locale sur les îles d'Izu, Hokkaido et Aomori, dans le nord du pays. "La Corée du Nord semble avoir lancé un missile. Veuillez vous mettre à l'abri dans les bâtiments ou sous terre", a prévenu le message d'urgence, qui a également obligé le trafic ferroviaire à s'arrêter.
WATCH: Sirens wailed across Japan as people were told to seek shelter for a North Korean missile launch; the threat has now passed pic.twitter.com/6nCpZuebCk
— BNO News (@BNONews) October 3, 2022
Ce vol a immédiatement été considéré comme l'un des plus provocateurs lancés par le régime de Kim Jong-un, pour des raisons tant pratiques que symboliques. Le missile aurait pu mettre en danger les principales zones habitées par plus de 8 millions de personnes, selon le secrétaire principal du Cabinet japonais, Hirokazu Matsuno.
Le missile a finalement atterri dans l'océan Pacifique, à quelque 3 200 kilomètres de l'archipel japonais, sans faire de dégâts. Cependant, l'envoi de ce test et la violation de l'espace aérien japonais ont suscité les premières condamnations du régime de Pyongyang.
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a qualifié cet événement d'"acte barbare". Le président conservateur de la Corée du Sud, Yoon Suk, est allé plus loin en déclarant que Pyongyang répondrait par une "réponse résolue". "De telles provocations irréfléchies feront l'objet d'une réponse de l'armée sud-coréenne, de ses alliés et de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Les États-Unis, alliés du Japon et de la Corée du Sud, ont également condamné ce qu'ils ont appelé un lancement nord-coréen "dangereux et imprudent", tel que défini dans un appel entre le secrétaire d'État américain Antony Blinken et ses homologues sud-coréen et japonais.
"Cette action est déstabilisante et montre le mépris flagrant de la RPDC pour les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et les normes de sécurité internationales", a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis.
Cette condamnation ne s'est pas arrêtée aux déclarations. La réponse des puissances a pris la forme d'avions de guerre F-15K américains et sud-coréens qui ont bombardé une cible en mer Jaune dans une démonstration de capacité de frappe de précision contre les provocations nord-coréennes.
Pour sa part, le Japon n'a pas pris de mesures pour abattre le missile, mais le ministre de la Défense, Yasukazu Hamada, a déclaré qu'il n'excluait aucune option, y compris des capacités de contre-attaque.
Le lancement d'un missile balistique nord-coréen intervient dans un contexte de tension croissante dans la région. La Corée du Nord a procédé à cinq lancements au cours des dix derniers jours, ce que de nombreux observateurs considèrent comme une façon pour Kim Jong-un de faire pression sur les États-Unis et leurs alliés pour qu'ils lèvent les sanctions internationales imposées au pays.
Les tensions ont également été exacerbées par les exercices conjoints menés par les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon, ainsi que par la visite dans la région de la vice-présidente américaine Kamala Harris, qui a accusé Pyongyang de "saper la sécurité".
Tous les regards sont désormais tournés vers le 20e congrès national du Parti communiste chinois, le 16 octobre, où la Corée du Nord devrait effectuer un essai de défi encore plus important, montrant son soutien à son partenaire chinois et défiant les puissances adverses.