Depuis la formation du gouvernement de transition d'union nationale revitalisé en février 2020, la mise en œuvre de l'accord de paix de 2018 est largement bloquée

La dissolution du Parlement s'inscrit dans le processus du Sud-Soudan

AFP/ MICHAEL TEWELDE - Le président du Soudan du Sud Salva Kiir Mayardit

Samedi soir, le Parlement sud-soudanais a été dissous comme décrit dans l'accord de paix de septembre 2018. Ledit accord découle de la nécessité de mettre fin à la guerre civile. C'était également l'objectif de l'accord de paix de 2015 qui a échoué, car, entre autres, le président Kiir s'est opposé à certaines clauses de l'accord, comme l'acceptation du nombre d'États qui formeront la République du Soudan. 

À la suite de l'accord de paix, le gouvernement provisoire devait durer 36 mois et les élections devaient se tenir en février 2020. Des élections devaient également être organisées au moins 60 jours avant la fin de la période de transition, ce qui n'a pas encore eu lieu. En outre, l'accord prévoit la création d'une commission de vérification du cessez-le-feu, l'établissement d'un tribunal conjoint de responsabilité et d'une commission de vérité, de réconciliation et de réparation.

Il prévoit également la démilitarisation des centres civils, des écoles et des temples religieux, ainsi que la remise des armes par l'armée et les rebelles.  Le pacte prévoit également la création d'un conseil de défense conjoint, composé des chefs militaires des deux parties et supervisé par un comité composé du Soudan et de l'Ouganda, ce dernier faisant office de médiateur pendant les négociations. Certains points de l'accord ne sont pas très précis, comme les conditions d'unification des forces ennemies pendant la guerre civile en une seule armée nationale. 

El presidente del Sudán del Sur, Salva Kiir Mayardit

Ces points ont-ils été respectés ? Depuis la formation du gouvernement d'union nationale de transition revitalisé en février 2020, la mise en œuvre de l'accord de paix de 2018 est largement au point mort, les signataires ne respectant pas les échéances fixées dans le pacte et faisant marche arrière sur certains aspects de ses dispositions politiques, sécuritaires et économiques. Les mesures de responsabilisation, notamment la Cour hybride pour le Sud-Soudan, n'ont pas été mises en œuvre, tandis que les Forces de défense populaires du Sud-Soudan (SSPDF) et l'Armée populaire de libération du Soudan dans l'opposition (SPLA-IO) ont continué à commettre de graves violations des droits humains contre les civils. Le SSPDF et le SPLA-IO ont également violé l'accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l'accès humanitaire. 

Le retard dans la dissolution du Parlement a eu un certain nombre de conséquences pour la société civile dans un contexte de famine et de conflit. L'impossibilité de voter le budget pour l'exercice 2020-2021, ainsi que la promulgation de plusieurs lois, en est un exemple. Selon l'accord, la nouvelle assemblée nationale passera de 400 à 550 législateurs, dont 332 seront nommés par le président Salva Kiir, 128 par le vice-président Riek Machar et 90 par les autres parties signataires. Le Conseil des États (Chambre haute) passera de 50 à 100 membres.

La dissolution du parlement marque la fin de la période de transition du gouvernement après la guerre civile, mais la paix n'est pas encore revenue dans tout le pays. Selon l'ONU, la violence au niveau national a diminué mais les conflits intercommunautaires ont augmenté dans certains États du jeune pays. Cette violence a été exacerbée par la sécheresse, les inondations et les invasions de criquets, entraînant une augmentation de la famine et de la misère pour les citoyens. 

AFP/ASHRAF SHAZLY  -   Niños sudaneses posan para una foto en el campamento de Kalma para desplazados internos en Niyala, capital del estado de Darfur, el 9 de octubre de 2019

Compte tenu de la possible escalade de la violence à l'avenir, un rapport des Nations unies demande le maintien de l'embargo sur les armes qui expire le 31 mai de cette année et de nouvelles sanctions contre ceux qui s'opposent à la mise en œuvre de l'accord de paix et entravent l'acheminement de l'aide humanitaire. En février de l'année dernière, plus de 55% de la population, principalement des femmes et des enfants, étaient confrontés à des pénuries alimentaires en raison de la politique délibérée des différentes parties au conflit visant à empêcher l'aide humanitaire d'atteindre les civils. Ce problème n'est toujours pas résolu, comme en témoigne l'interception par des fonctionnaires soudanais de l'aide alimentaire envoyée par le président à Bor le 1er avril de cette année.

Une autre difficulté à laquelle est confrontée la nation est qu'il n'y a pas d'alternative au gouvernement actuel. Kiir et Machar sont tous deux d'anciens rebelles qui ont lutté pour l'indépendance du Soudan obtenue en 2011, mais ont également contribué à la montée des tensions ethniques et politiques qui ont conduit à la guerre civile de 2013. Le groupe ethnique Dinka reste fidèle à Kiir, tandis que la tribu Nuer soutient le vice-président Machar. L'instauration de la paix entraînerait l'émergence de nouveaux représentants politiques extérieurs à la guerre, ce qui permettrait d'oublier les tensions ethniques. 

Envíanos tus noticias
Si conoces o tienes alguna pista en relación con una noticia, no dudes en hacérnosla llegar a través de cualquiera de las siguientes vías. Si así lo desea, tu identidad permanecerá en el anonimato