La Jordanie, la Syrie et le Liban concluent un accord de fourniture d'électricité
Avec des réserves énergétiques au plus bas, la situation du Liban est à un point critique qu'il ne pourra surmonter qu'en s'appuyant sur des acteurs extérieurs. Il y a moins de quinze jours, la compagnie nationale d'énergie a mis en garde contre le risque élevé d'un black-out total dans le pays, les centrales électriques étant "totalement épuisées". Dans ce contexte, l'aide de la Jordanie a été une aubaine pour le Liban. Dans le cadre d'un accord tripartite, le Liban, la Syrie et la Jordanie ont convenu que la Jordanie fournira de l'énergie au Liban en passant par le territoire syrien, ce qui poursuit sa tendance à renforcer les liens avec les pays voisins.
Les ministres de l'électricité des trois pays se sont réunis à Amman pour discuter d'un plan de collaboration qui permettrait de fournir de l'électricité au Liban dans les meilleurs délais. Hala Zawati, ministre jordanien de l'énergie, a déclaré à l'issue de la réunion qu'"elle s'est tenue pour discuter de la réactivation des lignes d'interconnexion entre la Jordanie, la Syrie et le Liban afin d'aider les frères libanais à satisfaire une partie de leurs besoins en électricité". Le Liban est très reconnaissant de l'aide des deux pays et a déclaré que certains obstacles techniques qui rendaient les négociations difficiles avaient été surmontés.
La prochaine étape pour concrétiser l'accord est de trouver des fonds pour obtenir le feu vert de la Banque mondiale. Quoi qu'il en soit, cette décision comporte des risques supplémentaires, car la ligne de transmission existante de 400 kV entre la Jordanie et la Syrie a été établie en 2001 et est hors service depuis 2012 en raison de problèmes techniques. D'autre part, les lignes reliant le Liban à la Syrie offrent, bien que peu nombreuses, une certaine sécurité supplémentaire grâce à des liaisons de 400, 230 et 66 kV.
L'aide de la Jordanie et de la Syrie est cruciale pour les Libanais, qui ne trouvent pas de moyen de faire face à la crise énergétique. Toutefois, leur soutien n'est pas le fruit du hasard. Dimanche dernier, le roi de Jordanie Abdallah II a eu une conversation téléphonique avec le président syrien Bashar al-Assad, pour la première fois en dix ans, depuis le début du conflit syrien. Selon l'agence de presse étatique syrienne, au cours de l'appel, "les relations bilatérales et le renforcement de la coopération conjointe au profit des deux pays et peuples frères ont été discutés".
Ce nouveau contact entre les dirigeants n'était pas la première étape. Au cours du mois dernier, il y a eu un mouvement constant entre Damas et Amman. En septembre, la compagnie aérienne jordanienne Royal Jordanian a annoncé la reprise des vols directs entre les deux capitales. Suite à cette action, la frontière entre la Syrie et la Jordanie a été entièrement rouverte. Cette coopération a d'ailleurs conduit les Jordaniens à faire pression pour le retour du pays de Bachar el-Assad au sein de la Ligue arabe, qu'il a quittée il y a dix ans avec le déclenchement de la guerre civile syrienne.
Le Liban travaille sur d'autres sources d'approvisionnement pour aider à augmenter ses réserves. Il y a quinze jours, le Premier ministre Najib Mikati s'est rendu à Paris pour rencontrer le président français Emanuel Macron afin d'essayer de trouver une sorte d'accord pour faciliter l'approvisionnement en énergie du Liban. La France était l'une des parties les plus intéressées par la formation du nouveau gouvernement libanais après la chute du gouvernement précédent à la suite de l'explosion de Beyrouth, bien que les Français se trouvent dans une situation compliquée à la suite d'une vague de critiques turques concernant leur accord de vente de trois frégates à la Grèce.
L'Égypte est un autre acteur important dans le processus de valorisation énergétique. Les problèmes de gaz, qui se sont étendus à une grande partie de l'Afrique du Nord - nous verrons s'ils atteignent l'Espagne, comme tout semble l'indiquer - suite à la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie, ont atteint le Liban. Pour résoudre ces problèmes, l'Égypte facilitera l'approvisionnement par la Jordanie et la Syrie, même si cela ne se fera pas avant la fin de l'année, selon le ministre égyptien de l'énergie, Tarek al-Mullah, qui a assuré qu'ils attendent encore que certaines "procédures" soient achevées.
