La confrérie a dissous son bureau administratif en Turquie et reporté les élections prévues ce mois-ci.

La relation Turquie-Égypte continue d'éloigner Erdogan des Frères musulmans

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La Turquie cherche depuis un certain temps à se rapprocher de l'Égypte dans le but de s'assurer un allié solide sur la côte orientale de la Méditerranée. L'obtention d'un accord mutuellement bénéfique concernant l'approvisionnement en gaz naturel est l'une des lignes rouges de l'agenda de Recep Tayyip Erdogan depuis des mois. Ce n'est pas non plus une nouvelle que le rapprochement avec les Égyptiens n'allait pas être facile en raison des liens historiques qui ont toujours divisé les deux pays, comme la relation entre les Turcs et les Frères musulmans, dont ils tentent de se distancier depuis peu afin de gagner la confiance du Caire.

Les Frères musulmans, sans surprise, ne traversent pas leur meilleur moment après la rupture qui a lieu avec Ankara. Ibrahim Munir, chef par intérim du Haut Comité administratif des Frères musulmans, est très mécontent du mauvais fonctionnement du bureau administratif et du Conseil de la Choura en Turquie, selon Arabi21. Les mêmes médias ont rapporté qu'il avait dissous le bureau administratif en Turquie et reporté les élections qui étaient prévues pour ce mois de juillet.

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Certaines des directives générales des Frères musulmans ont été ignorées, telles que la réunification du groupe, l'élargissement du Conseil de la Choura générale et la réforme du Comité central. Le membre du Parti de la liberté et de la justice, Mohammad Saber, s'est exprimé sur les décisions qui sont prises au sein de l'organisation - considérée par des pays comme les États-Unis ou même l'Union européenne, comme terroriste - : "Les élections internes avaient besoin de différents éléments et organes qui bénéficient d'un consensus pour donner plus de crédibilité et de transparence aux élections". Du côté de la Confrérie, on espère que ces changements pourront rapprocher sa position de celle de la Turquie, et du côté d'Ankara, on ne refuse pas catégoriquement de maintenir ses liens avec l'organisation terroriste.

Récemment, l'Égypte a mené une politique très dure à l'encontre des Frères musulmans et les exécutions de membres haut placés de l'organisation se succèdent depuis un certain temps. Il y a une semaine à peine, 12 nouvelles condamnations ont été annoncées, dont plusieurs dirigeants des alliés historiques de la Turquie. Parmi eux, celui d'un ancien député et d'un ancien ministre ayant servi dans le gouvernement de l'ancien président Mohamed Morsi, avec lequel le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan entretenait de très bonnes relations, provoquant à son renversement la rupture des relations diplomatiques avec les Égyptiens.

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Bien que la Turquie ait demandé l'arrêt de ces exécutions, la réalité est qu'à Ankara, on avance prudemment, sachant que tout faux pas pourrait détruire ce qu'on construit depuis des mois. Le ministre égyptien des affaires étrangères a déjà envoyé un message pointant du doigt l'ingérence turque dans la politique égyptienne : "Il est important de respecter les règles du droit international afin de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures et de ne pas faire des territoires une station et un tremplin pour des éléments hostiles qui visent la population d'un autre pays. Si cette question est stable, cela est considéré comme une évolution positive". Il a ajouté que "les relations normales entre les pays devraient être fondées sur la non-ingérence dans les affaires intérieures".

Alors que les Frères musulmans cherchent à reconstruire en profondeur leurs infrastructures et que l'Égypte continue d'exécuter de nombreux dirigeants de l'organisation, la Turquie se retrouve au milieu de ce chaos et tente, comme c'est devenu la coutume pour Erdogan, de jouer sur les deux tableaux. Le rapprochement avec les Égyptiens a connu une nette amélioration ces derniers mois. Cependant, la situation actuelle de la confrérie, ainsi que les avertissements émis par le Caire, placent la Turquie dans une situation compliquée et elle devra prendre des décisions rapidement si elle veut continuer à renforcer sa position en Méditerranée orientale. 

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