Le ministère turc des affaires étrangères considère le pacte franco-grec comme "une alliance militaire bilatérale contre la Turquie"

La Turquie estime que l'accord de défense franco-grec nuit à l'OTAN

photo_camera AFP/ADEM ALTAN - Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu

Le récent accord militaire entre Paris et Athènes a déjà provoqué des réactions au sein de la communauté internationale. Le pacte, signé par Emmanuel Macron et Kyriakos Mitsotakis, vise à réaffirmer la présence de la Grèce en Méditerranée orientale, où elle est en conflit avec la Turquie au sujet des droits d'exploitation du gaz. L'accord compense également les pertes que l'entreprise publique française Naval Group devait subir après que l'Australie a décidé d'acheter des sous-marins nucléaires aux États-Unis, annulant ainsi un contrat avec l'entreprise française.

Quelques jours après l'annonce de l'"alliance stratégique", Ankara a déjà exprimé son rejet de l'accord franco-grec. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Tanju Bilgic, a critiqué ce qu'il a appelé les "demandes maximalistes de la Grèce en matière de juridiction maritime et d'espace aérien", selon l'Associated Press. Bilgic considère que le pacte est "une alliance militaire bilatérale contre la Turquie" et "porte atteinte à l'union de l'OTAN".

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"La politique de la Grèce consistant à armer, isoler et aliéner la Turquie est une politique problématique qui lui portera préjudice ainsi qu'à l'Union européenne, et menacera la paix et la stabilité régionales", a déclaré le porte-parole. M. Bilgic a prévenu que ces actions de la Grèce "renforceront la détermination de la Turquie à protéger ses droits dans les mers Égée et Méditerranée".

En dépit du conflit de longue date concernant les réserves de gaz et les frontières maritimes en Méditerranée orientale, Ankara et Athènes se sont rapprochés au cours des derniers mois. Fin mai, les ministres des affaires étrangères se sont réunis à Athènes dans le but de désamorcer les tensions. Le mois suivant, Erdogan et Mitsotakis se sont entretenus en marge du sommet de l'OTAN à Bruxelles.

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Le ministère turc des affaires étrangères a annoncé qu'une autre réunion bilatérale aurait lieu le 6 octobre, peut-être pour discuter de la récente alliance entre la Grèce et la France. Mitsotakis, pour sa part, a déclaré qu'il n'avait aucune intention de rivaliser avec la Turquie dans une course aux armements et qu'il espérait résoudre les différends avec son voisin par le dialogue. Il a également affirmé que la Grèce devait défendre son territoire et sa souveraineté, comme le rapporte AP.

La Turquie, toujours plus proche de la Russie

Ankara a condamné le pacte franco-grec comme étant "préjudiciable à l'OTAN". Cependant, la Turquie s'est progressivement rapprochée de la Russie ces dernières années, ce qui a suscité un certain malaise parmi les membres de l'OTAN. Un jour avant les remarques de Bilgic contre le pacte franco-grec, Erdogan a annoncé qu'il envisageait des mesures conjointes avec la Russie dans le domaine de l'industrie de la défense, rapporte Daily Sabah.

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Lors d'un récent sommet entre Erdogan et Poutine à Sotchi, les deux dirigeants ont discuté d'intérêts communs tels que la situation en Syrie, mais ont également abordé les questions de défense et les questions militaires. "Nous avons eu l'occasion de discuter longuement des mesures à prendre pour la production de moteurs à réaction et d'avions de combat", a déclaré Erdogan.

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Outre les liens militaires, la société russe Rosatom construit actuellement une centrale nucléaire dans la province méridionale de Mersin et pourrait en développer d'autres à l'avenir. "Nous avons parlé à Poutine de la construction de deux autres centrales nucléaires en plus d'Akkuyo. Il a accepté de travailler sur cette question", a expliqué le président turc.

Une semaine avant la réunion, M. Erdogan a réitéré son intention d'acheter un nouveau lot de systèmes de défense aérienne S-400. Le premier lot acheté par Ankara lui a coûté des sanctions de la part des États-Unis, et Washington l'a retiré du programme de production des avions de combat F-35.

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