Les trois points de passage précédemment fermés seront désormais ouverts en permanence et non plus uniquement pour le passage de l'aide humanitaire

La Turquie ouvre trois points de passage humanitaires avec la Syrie dans un effort de normalisation des relations

photo_camera AP/TURKISH DEFENSE MINISTRY - Un soldat monte la garde au poste frontière à la frontière irakienne dans la province de Hakkari, en Turquie

Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a fait un nouveau pas vers un rapprochement avec Damas. La Turquie espère que l'ouverture de trois points de passage humanitaires dans le nord de la Syrie sera un signe de ses intentions de rapprochement avec les Syriens, qui demandent à Ankara de faire un plus grand effort. Ces trois points de passage, qui étaient fermés par le passé, ont été ouverts exclusivement pour le passage de l'aide humanitaire et sont reliés aux régions contrôlées par le gouvernement syrien. Ils seront désormais fermés de manière permanente et la Turquie entend utiliser ces points de passage à des fins politiques et économiques.

Ce geste de la Turquie ne semble pas suffisant, même si c'est un début. L'analyste politique Aqil Hussein a déclaré à Al Arab que "la question ne s'arrêtera pas lorsque les points de passage entre les zones d'influence de la Turquie et les zones de contrôle du régime seront ouverts. Au contraire, ce qui est absolument nécessaire, c'est la réouverture de la route internationale". Une telle réouverture impliquerait de relier la Turquie à la Jordanie en passant par le territoire syrien, ce qui ne devrait pas se produire dans un avenir proche.

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Il ne semble pas non plus que cela se produise de sitôt : le gouvernement d'Erdogan devrait retirer ses troupes du nord de la Syrie. À cette fin, Ankara appelle à une résolution, entre autres, de la crise des réfugiés syriens, ce qui laisse entendre que ce n'est pas quelque chose qui sera résolu de sitôt. Par ailleurs, il convient de noter que les forces turques se trouvent dans le nord de la Syrie en vertu de l'accord signé à Adana qui les autorise à pénétrer sur le territoire syrien, à condition que l'objectif final soit la lutte contre le terrorisme. C'est précisément ce fait qui fait croire à Hussein que la Turquie n'a aucune intention de retirer ses troupes du nord de la Syrie.

Il y a quelques jours, la division "Sultan Murad", loyale aux Turcs, a permis à deux camions transportant de la nourriture de passer par le passage d'Abu al-Zandin, qui est le point de séparation entre les zones de contrôle turque et syrienne. C'est la première fois que ce point de passage est autorisé à passer après avoir été fermé pendant plusieurs années, ce qui laisse présager les prochaines actions d'Ankara. Les observateurs estiment que cette ouverture est également liée à un intérêt économique en termes d'échanges monétaires, car ils peuvent profiter du dollar américain dans certaines régions, tout en échangeant avec la livre syrienne dans les zones contrôlées par Damas.

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L'obstacle le plus important à cette tentative de normalisation des relations entre la Turquie et la Syrie vient de l'omniprésence des États-Unis. Washington ne se réjouit pas d'un rapprochement entre le régime d'Erdogan et Damas et affirme ne soutenir aucun type de rapprochement. Le porte-parole adjoint du département d'État américain, Vidant Patel, a été clair : "L'administration américaine n'exprimera aucun soutien aux efforts de normalisation avec Bachar el-Assad ou sa réhabilitation". Il a ajouté que "les États-Unis n'ont pas l'intention d'améliorer leurs relations diplomatiques avec Al-Assad, et nous ne sommes pas favorables à une normalisation des relations".

Il ne faut pas oublier que, malgré le mécontentement généré par le rapprochement de la Turquie avec la Syrie, le gouvernement turc a commencé à montrer des signes d'assouplissement de sa position il y a un peu plus d'un mois. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavasoglu, a révélé fin août qu'il avait eu des entretiens avec son homologue syrien. Toutefois, ce dialogue n'a pas été confirmé par Damas. Ce qui est certain, c'est que la position de la Russie incite la Turquie à oublier ses différends avec la Syrie, étant donné que le Kremlin n'a jamais caché son affinité avec el-Assad.

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