Selon une exclusivité de Reuters, Ankara recevra 3,1 milliards d'euros après avoir été le dernier pays du G20 à ratifier l'accord

La Turquie va recevoir trois milliards d'euros pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris

photo_camera PHOTO/ASAMBLEA GENERAL DE LA ONU - Photo d'archive, le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours lors de la 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège de l'ONU, le 24 septembre 2019.

L'Accord de Paris, signé à New York en 2016, est né dans le but de faire face à la menace de plus en plus dangereuse du changement climatique. Le traité - juridiquement contraignant - a été signé par plus de 195 pays. Après cinq ans d'existence, la Turquie a décidé à l'unanimité du parlement de ratifier cet accord qui vise à réduire le réchauffement de la planète à moins de deux degrés Celsius par rapport aux records préindustriels. Pour atteindre cet objectif, les pays reçoivent une aide financière, qui se chiffre parfois en milliards, comme c'est le cas aujourd'hui pour le pays présidé par Recep Tayyip Erdogan.

Selon des sources citées par Reuters, le montant qu'Ankara recevrait pour faciliter sa lutte contre le changement climatique s'élèverait à 3,1 milliards d'euros. La part du lion de ce montant serait fournie par la Banque mondiale - environ 2 milliards -, un peu moins par la France - 1 milliard - et l'Allemagne - 200 millions -. La Turquie devient ainsi le dernier pays du groupe des économies émergentes du G20 à ratifier l'accord de Paris. Toutefois, certaines des exigences que les dirigeants turcs ont toujours mises sur la table pour adhérer à l'accord n'ont pas été satisfaites.
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La Turquie souhaitait être reclassée dans la catégorie des pays en développement, ce qui lui donnerait accès à des fonds importants et à un soutien à l'innovation technologique. Le mémorandum qui devrait être signé lors de la prochaine COP26 à Glasgow du 1er au 12 novembre de cette année ne répondrait pas à la demande de la Turquie, mais garantirait tout de même l'arrivée de plus de trois milliards d'euros dans les coffres ottomans. Cette incitation financière a été la clé de la décision de la Turquie, ont déclaré des sources à Reuters : "Un accord a déjà été conclu sur le montant et les modalités et c'est pourquoi la Turquie a ratifié l'accord de Paris".

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L'agence de presse britannique affirme que jusqu'à quatre sources différentes - non nommées en raison de la sensibilité de la négociation - ne tiennent pas encore pour acquis que l'accord doit encore être finalisé avant sa signature en Écosse. En tout état de cause, la fiabilité du gouvernement turc n'a jamais bénéficié d'un niveau de confiance très élevé. Son rapprochement avec la Russie au sujet des systèmes antimissiles s-400, qui provoquera très certainement de nouvelles sanctions de la part de Washington, tout en demandant aux États-Unis de lui vendre 40 avions à réaction F-16, montre que lorsqu'on parle de la Turquie, rien ne doit être considéré comme acquis tant que le dossier n'est pas complètement clos et signé.

Le ministère turc de l'environnement s'est refusé à tout commentaire, tandis que des sources gouvernementales allemandes ont refusé de confirmer le chiffre de 3,1 milliards, affirmant que les discussions sont toujours en cours : "Il n'y a pas de protocole d'accord à ce stade", ont-elles déclaré à Reuters. D'autre part, un porte-parole de la Banque mondiale, bien qu'il n'ait pas voulu faire référence au montant économique qu'Ankara recevra, a salué la décision du gouvernement d'Erdogan de ratifier l'Accord de Paris et a exprimé son désir de connaître en profondeur les mesures que la Turquie prévoit de prendre.

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Le porte-parole de la BM estime qu'"à cet égard, nous sommes prêts à étendre notre soutien à la Turquie par le biais de projets à fort impact" qui faciliteront la réalisation des objectifs fixés par le traité. Ankara a refusé de ratifier l'accord depuis qu'il l'a signé en 2016, arguant qu'il ne peut être considéré comme un pays développé aux fins de l'accord et qu'il n'est donc pas entièrement responsable des émissions de carbone générées par le pays. Toutefois, l'importante somme que le gouvernement turc recevrait pour la ratification de l'accord de Paris a entraîné un changement radical de mentalité au sein du gouvernement ottoman.

Recep Tayyip Erdogan a annoncé lors de la dernière session de l'Assemblée générale des Nations unies la décision de ratifier le traité, un changement d'opinion qui a surpris de nombreuses parties, mais qui, après la publication de l'aide financière, peut être compris un peu plus. Le président turc a déclaré que tous les pays avaient une "responsabilité historique" de faire davantage pour lutter contre le changement climatique. Une responsabilité à laquelle la Turquie s'est dérobée ces cinq dernières années et à laquelle elle n'a accepté de répondre que lorsque plus de trois milliards d'euros ont été mis sur la table.

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