Staffan de Mistura a conclu sa première tournée régionale en Algérie, où il a rencontré des membres du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune pour discuter de la question du Sahara et de la reprise éventuelle du processus politique. L'envoyé spécial des Nations unies s'est entretenu à Alger avec Ramtane Lamamra, ministre des affaires étrangères, et avec Amar Belani, envoyé spécial pour le Sahara occidental et les pays du Maghreb au ministère de Lamamra.
Le chef de la diplomatie algérienne a souligné le soutien de l'Algérie "à la décolonisation de la dernière colonie africaine", comme il l'a écrit sur son compte Twitter. Lamamra a rappelé à de Mistura que sa mission se déroule "dans un contexte de guerre". Néanmoins, le ministre algérien "a présenté, en termes généraux, les grandes lignes de son plan pour tenter de relancer le processus politique", selon l'agence de presse EFE.
Le processus, a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, "est dans l'impasse en raison de l'intransigeance de la partie marocaine, qui continue à multiplier les obstacles et les conditions prohibitives pour perpétuer le fait accompli colonial". Alger a décidé de rompre ses relations avec le Maroc en août, accusant le Royaume de ne pas respecter le traité de bon voisinage. Rabat, pour sa part, a regretté dans un communiqué la "décision unilatérale et totalement injustifiée". Les deux voisins ont une inimitié de longue date en raison du soutien que le Front Polisario reçoit du régime algérien.
Le communiqué algérien a réitéré son soutien "tant sur le fond que sur la forme" de la thèse sahraouie. À cet égard, Belani a souligné "l'urgence pour le peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination, quelles que soient les voies adoptées", selon l'APS, l'agence de presse étatique algérienne. Par ailleurs, la délégation algérienne est favorable à "la réactivation et la revitalisation du plan de règlement conjoint de 1991 (ONU-OEA), seul accord accepté par les deux parties au conflit et entériné, à deux reprises, par le Conseil de sécurité". L'Algérie a également évoqué la possibilité de "négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables" entre les parties au conflit.
Avant d'atterrir à Alger, l'envoyé spécial pour le Sahara s'est rendu à Nouakchott pour rencontrer le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, et le ministre des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed. De Mistura, tout comme la partie mauritanienne, n'a fait aucune déclaration après la réunion, au cours de laquelle ils devaient discuter des négociations pour mettre fin au conflit du Sahara. La Mauritanie a participé aux discussions en Suisse initiées par l'ancien envoyé spécial, Horst Köhler. Les négociations initiées par l'ancien président allemand ont été suspendues en 2018 sans parvenir à un accord entre les parties concernées.
En 1975, la Mauritanie a combattu aux côtés du Maroc contre le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, dans la guerre du Sahara. Cependant, des années plus tard, en 1984, Nouakchott reconnaît officiellement la République arabe sahraouie démocratique (RASD) proclamée par le Polisario en 1976. Avant cela, en 1979, la Mauritanie a accepté à Alger de se retirer du Sahara Occidental et a renoncé à toute revendication sur le territoire.
Le précédent président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, qui a établi des liens avec le Polisario, a suivi cette ligne. En revanche, l'actuel gouvernement Ghazouani a opté pour une position plus neutre dans le conflit.
Avant la Mauritanie et Alger, de Mistura a rencontré à Rabat une délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita. Le chef de la diplomatie alaouite a de nouveau défendu la proposition d'autonomie du Maroc pour le Sahara. Il s'est ensuite rendu à Tindouf, où il a rencontré plusieurs membres du Front Polisario, comme Brahim Ghali, qui a prévenu que le peuple sahraoui "continuera sa lutte".
Le voyage régional de De Mistura s'achève après avoir écouté toutes les parties concernées par la question sahraouie. L'envoyé spécial de l'ONU cherche à reprendre le dialogue politique, bloqué depuis 2018, un aspect qui pourrait jeter les bases d'une éventuelle solution au conflit.