Dans un nouvel épisode du chaos qui règne dans les services de renseignement algériens depuis sept ans, Abdelghani Rachedi et Yamal Kehal Meydub, jusqu'ici respectivement chefs de la sécurité intérieure et extérieure, ont échangé leurs postes

L'Algérie échange le chef de l'espionnage et du contre-espionnage, perpétuant l'instabilité de son service de renseignement

PHOTO/ RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE POPULAIRE D'ALGERIE/ MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE - Le général Saïd CHANEGRIHA, chef d'état-major de l'ANP, préside la cérémonie de prestation de serment du directeur général de la sécurité intérieure et du directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure

Le gouvernement algérien a annoncé un changement de rôles entre les différents départements de renseignement, entretenant l'instabilité de sa direction. Dans un communiqué publié par le ministère de la Défense, Alger a annoncé que, par décret présidentiel, les directeurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) échangeront leurs postes.

Lors d'une cérémonie supervisée par le chef d'état-major Said Chengriha, le général Yamal Kehal Meydub, jusqu'à présent chargé de la sécurité extérieure, prendra la tête de la DGSI, en remplacement d'Abdelghani Rachedi, qui reprendra son poste à la tête du service d'espionnage. Alger n'a pas commenté les raisons de ce changement au plus haut niveau des services de renseignement du pays, qui s'ajoute à une succession de licenciements, de remplacements et d'instabilité générale dans les rangs de l'armée et des services de sécurité algériens.

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Meydub était à peine en charge de l'espionnage de la République nord-africaine depuis deux mois lorsqu'Alger a officialisé sa nouvelle affectation, tandis que Rachedi dirigeait le contre-espionnage depuis 2020. Ce changement à la tête des principaux postes de renseignement du pays est devenu la norme, avec jusqu'à sept directeurs différents qui se sont succédé Le dernier pari de l'Algérie pour mettre de l'ordre dans le renseignement du pays

La DGSI est considérée comme l'agence de renseignement la plus importante et la plus puissante du pays, surtout dans le contexte actuel de mobilisations post-populaires et de faiblesse et de transition interne du régime algérien, dans lequel le contre-espionnage est particulièrement précieux pour Alger.

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Meydub, son nouveau chef, est un vieux routier de l'espionnage algérien. Formé dans des écoles de renseignement françaises et russes, il a fait carrière comme agent dans plusieurs missions diplomatiques algériennes, dans des pays comme l'Iran, la Syrie, le Liban, le Yémen et la France, jusqu'à ce qu'il soit chargé de la sécurité personnelle de l'ancien président Abdulaziz Bouteflika en 2004. Après 11 ans comme "ange gardien" de Bouteflika, il est tombé en disgrâce en 2015 après que plusieurs coups de feu ont été tirés sur la résidence du président dans la ville de Zeralda, et a été condamné à 3 ans de prison pour "négligence". Meydub a finalement réussi à échapper à la condamnation, mais il a été écarté de la vie publique, étant tombé en disgrâce dans l'entourage de l'ancien président.

Après sept ans dans la nature, l'agent a fait un retour triomphal des enfers de l'ostracisme, en étant nommé par le président Abdelmadjid Tebboune comme chef de l'espionnage du pays. Deux mois après sa réhabilitation, Meydub occupera désormais ce qui est sans doute le poste de renseignement le plus important de la nation arabe, le dernier pari d'Alger pour apporter une certaine stabilité à son service d'espionnage.

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L'instabilité perpétuelle du renseignement algérien

Le chaos dans le renseignement algérien a commencé en 2015. Ensuite, Bouteflika a purgé l'homme qui dirigeait le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) depuis plus de deux décennies, le mystérieux général Mohamed Mediene, également connu sous le nom de Toufik, un personnage digne d'un roman de John Le Carré, surnommé "le Dieu de l'Algérie" pour son immense pouvoir dans l'ombre du régime.

Sa défenestration fait suite à une vague de purges interprétée par les experts comme une lutte de pouvoir entre le cercle restreint de l'ancien ex-président, dirigé par son frère Saïd, et le puissant DRS. Bouteflika a gagné la bataille, et le service de renseignement, auparavant considéré comme un "État dans l'État", est passé sous le contrôle ferme du président, qui a placé le général Bachir Tartag à sa tête. 

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Un an plus tard, le gouvernement algérien dissout purement et simplement le DRS et le remplace par l'organigramme actuel, dans lequel un organe du ministère de la Défense, appelé Coordination des services de sécurité (CSS), est chargé de l'administration de trois directions distinctes : la DGSI, chargée de l'espionnage à l'étranger, la DGDSE, chargée du contre-espionnage, et un département de sécurité électronique.

En 2019, le mouvement populaire contre la direction du pays, connu sous le nom de "Hirak algérien", a à nouveau chamboulé le service de renseignement. Le chef d'état-major de l'époque, Ahmed Gaid Salah, un homme fort après la chute de Bouteflika, a défenestré Tartag, qui a depuis été emprisonné, et a placé les renseignements du pays sous le contrôle ferme de l'armée. 

Depuis lors, on assiste à un remaniement des noms à la tête des différents organes et directions, accompagné de purges et d'arrestations, générant une instabilité chronique très préjudiciable à une agence de renseignement où la stabilité et l'émergence d'une culture de travail propre sont vitales pour son bon fonctionnement.
 


 

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