L'Allemagne et la France placent la diplomatie énergétique en tête de leurs agendas
Les gouvernements européens entrent dans la dernière ligne droite de la course contre la montre, alors qu'ils sont en concurrence avec Poutine pour un hiver de sécurité énergétique fiable. Ce dernier trimestre de l'année 2022 est marqué par une forte priorisation de la diplomatie énergétique par les dirigeants de l'UE, comme en témoignent les prochaines visites de la Première ministre du gouvernement Macron, Elizabeth Borne, en Algérie et la visite de ce week-end au Moyen-Orient du chancelier allemand Olaf Scholz.
Depuis Berlin, le chancelier social-démocrate a une nouvelle fois promis de contrôler les prix de l'électricité et du gaz cet hiver. Le cauchemar du gouvernement Scholz depuis son arrivée au pouvoir est l'approvisionnement énergétique de l'Allemagne, qui est profondément dépendant de la Russie depuis des décennies. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la cote de popularité du dirigeant allemand a chuté, notamment en raison des liens de plusieurs membres de son équipe avec le gouvernement russe - liens que le gouvernement allemand s'est efforcé de démentir en soutenant fermement l'Ukraine dans le conflit, en lui fournissant d'importants lots d'armes, notamment des systèmes antiaériens Gepard.
Putins Krieg stellt auch uns vor viele Herausforderungen: Hungersnöte verhindern, Energieversorgung sichern, die hohen Energiepreise abfedern und für #Entlastungen bei den Bürgerinnen, Bürgern und Unternehmen sorgen. All diese Aufgaben lösen wir gemeinsam. #KanzlerKompakt. pic.twitter.com/FFMMDhYDGB
— Bundeskanzler Olaf Scholz (@Bundeskanzler) September 24, 2022
"Nous voulons faire en sorte que les prix de l'électricité baissent à nouveau en modifiant le modèle de marché. Et nous voulons faire en sorte que les prix de l'essence baissent", a déclaré Scholz dans une vidéo publiée samedi dans les médias de la chancellerie. Le gouvernement allemand jongle depuis des mois entre les sanctions contre la Russie et la recherche de nouveaux moyens d'approvisionnement en gaz. Au début de l'été déjà, le ministre de l'Énergie du gouvernement Scholz, le Vert Robert Habeck, s'est rendu au Qatar pour rencontrer ses homologues et conclure des accords visant à accroître l'approvisionnement de l'Allemagne en gaz non liquéfié. La solution du Moyen-Orient semble pour l'instant plus prometteuse que le pipeline Medcat, qui reste bloqué par la France malgré l'intention de l'Espagne, du Portugal et de la Commission européenne de le mettre en œuvre.
Scholz a un week-end chargé devant lui, puisqu'il doit se rendre dans les États arabes du Golfe. Selon les informations de Birgit Jennen pour Bloomberg, citant des sources au sein du cabinet de Scholz, le chancelier allemand est prêt à finaliser la signature de plusieurs contrats d'approvisionnement en GNL et en hydrogène au cours de sa tournée.
Cette visite le conduira en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar, accompagné d'une délégation commerciale de "haut niveau", dont le gouvernement allemand n'a pas donné beaucoup plus de détails. Selon les mêmes sources de la Chancellerie, l'Allemagne tente depuis des mois de conclure un accord à long terme pour ouvrir des canaux d'approvisionnement avec l'Arabie saoudite.
Il a également été révélé que les négociations avec les Émirats arabes unis sont très proches de la conclusion d'un autre accord d'approvisionnement en hydrogène afin de réduire la dépendance à l'égard de la Russie à long terme. Si ces pronostics se réalisent, Scholz tiendra sa parole et le leader social-démocrate pourrait regagner certains des points perdus aux yeux du public allemand.
Elizabeth Borne de retour à Alger
Depuis Paris, l'hôtel Matignon, siège de la Première ministre de Macron, on apprend qu'Elizabeth Borne se rendra avec une importante délégation à Alger les 9 et 10 octobre. Il s'agit de la cinquième réunion entre les gouvernements français et algérien depuis la visite d'État de Macron en août.
Cette fois, la Première ministre discutera du dossier du gaz, et se déplacera en compagnie de hauts responsables d'ENGIE, l'entreprise publique de gaz, et rencontrera des délégués de Sonatrach, ainsi que le Premier ministre de Tebboune, Aïmane Benabderrahmane. Le gouvernement français a annoncé la semaine dernière que des progrès significatifs seraient bientôt réalisés dans les négociations visant à augmenter les fournitures de gaz à la France en provenance d'Algérie.
Selon la chaîne française Europe 1, la visite de Borne à Alger pourrait entraîner une augmentation de 50 % des exportations de gaz algérien vers la France. Selon les données publiques françaises, le mix énergétique français dépend à 20% du gaz. Dans cette répartition, le gaz algérien représente entre 8 et 9% du total, des chiffres qui pourraient changer si les informations d'Europe 1 se vérifient.
Si ces nouveaux accords sont approuvés, la France préconise le transport du gaz par voie maritime, la même méthode que les experts proches de l'Elysée recommandent d'utiliser au lieu d'investir dans le gazoduc Medcat.