Le président tchadien nouvellement réélu Idriss Déby meurt après 31 ans au pouvoir
Le général Azem Bermandou Agouna, porte-parole de l'armée tchadienne, a annoncé le décès du président Idriss Déby Itno, récemment réélu. Selon des sources tchadiennes, le décès a été causé par des blessures subies sur le champ de bataille lors d'une offensive de l'armée tchadienne contre les rebelles du groupe Front de l'alternance et de la concorde au Tchad (FACT) près de Mao, dans la région de Kanem, au nord de la capitale, dans la nuit de lundi à mardi. Le décès du président survient un jour après l'annonce par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) des résultats du premier tour des élections présidentielles, qui s'est déroulé le 11 avril et qui, avec 79,32 % des voix, l'a donné vainqueur. Le président se présentait pour le parti du Mouvement patriotique du salut (MSP).
Hormis des retards dans l'ouverture de certains bureaux de vote et malgré un taux de participation plus faible que prévu, la journée électorale s'est déroulée sans incident. Cependant, alors que le comptage se déroulait, plusieurs affrontements ont eu lieu dans le nord du pays entre l'armée tchadienne et le groupe armé FACT, dirigé par Mahamat Mahdi Ali. Hier, les autorités militaires tchadiennes ont annoncé que les rebelles avaient été contenus après la mort de 300 miliciens et de 5 militaires. Toutefois, le chef du groupe, Ali, a assuré dans un communiqué que ses troupes contrôlent toujours plusieurs localités au nord de N'Djamena et que le président a été blessé au cours des combats. Cette information n'a pu être vérifiée jusqu'à l'annonce du général en raison de l'impossibilité d'accéder au terrain. Il est maintenant confirmé que c'est au cours de ces opérations militaires que le président tchadien a été mortellement blessé.
Selon la déclaration du général Agouna, un conseil militaire a déjà été mis en place pour assurer une transition pacifique, dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, l'un des fils du président récemment décédé, général quatre étoiles et commandant de la garde nationale présidentielle. Le conseil s'est déjà réuni et a promulgué une charte de transition qui n'a pas encore été publiée.
Le président tchadien avait été l'un des principaux soutiens de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Le 19 avril, la commission électorale tchadienne a annoncé les résultats provisoires du premier tour, qui ont donné la victoire au président Idriss Déby Itno, récemment décédé. Bien qu'il soit au pouvoir depuis le coup d'État de 1990, c'est le 3 juillet 1996 qu'il a été élu démocratiquement président pour la première fois. C'était la sixième fois que le président remportait les élections sans même avoir à passer par le second tour.
Le dernier premier ministre du Tchad, Albert Pahimi Padacké pour le parti RNDT - le Réveil, s'est également présenté à ces dernières élections et est arrivé deuxième avec 10,32 % des voix. La première femme à se présenter aux élections présidentielles, Lydie Beassemda, est arrivée troisième avec 3,16 % des voix. Les cinq autres candidats officiels ont obtenu moins de deux pour cent des voix. Bien que dix candidats aux élections présidentielles aient été approuvés par la Cour suprême du Tchad, trois d'entre eux ont annoncé leur retrait avant la tenue des élections.
Selon la commission électorale (CENI), le taux de participation a été de 64,81 %. Le faible taux de participation n'est pas une surprise, car plusieurs dirigeants de l'opposition avaient appelé à un boycott généralisé des élections. Certains membres de l'opposition ont mis en garde contre des violations et des comportements frauduleux avant et après les élections, comme des erreurs dans l'inscription des électeurs. Pour assurer la transparence des élections, un registre électoral biométrique avait été ajouté, mais la semaine précédant les élections, le journal Jeune Afrique a mis en garde contre des cas où des mineurs tchadiens avaient reçu une carte pour voter, ou contre d'autres fraudes à la carte où plusieurs cartes avec la même photo et des noms différents avaient été imprimées. Des problèmes ont également été rencontrés lors de la distribution des cartes, certaines n'étant pas arrivées à temps pour les élections, et les listes électorales ont été publiées avant que de nombreux électeurs ne les aient reçues. Malgré l'avertissement de ces irrégularités, les observateurs électoraux de l'Union africaine et d'autres organisations régionales affirment que ces anomalies ne sont pas suffisantes pour affecter la crédibilité des élections. Plusieurs leaders de l'opposition ont exprimé leur opinion sur les divergences entre la réalité sur le terrain et les résultats des élections.
