Les sources libyennes citées par Al-Arab n'excluent pas que le groupe islamiste ait récemment reçu des fonds de Doha

Le Qatar tente de soutenir les Frères musulmans en Libye via la Turquie

AFP/MAHMUD TURKIA - Des citoyens libyens et des Égyptiens vivant en Libye manifestent en soutien aux Frères musulmans égyptiens et au président égyptien déchu Mohamed Morsi en 2013 à Tripoli

Des sources libyennes font état de possibles pressions qataries sur la Turquie dans le but de réhabiliter les Frères musulmans et de les amener au pouvoir en Libye, rapporte Al-Arab. La récente rencontre à Ankara entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil supérieur de l'État libyen, Khalid Almishri, s'inscrit dans le cadre de ces prétendues pressions qataries.

Almishri, qui était lié à l'organisation islamiste, a également rencontré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar et le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu. Le ministre des Affaires étrangères d'Ankara a assuré que son pays "continue de soutenir la Libye pour surmonter la crise politique et parvenir à une stabilité durable".

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La Libye traverse une crise politique après des années de guerres et de conflits internes. Le pays d'Afrique du Nord compte actuellement deux Premiers ministres : Abdul Hamid Dbeibé à Tripoli et Fathi Bashagha, nommé par la Chambre des représentants à Tobrouk, dans l'est du pays. Malgré leurs différences politiques, les deux hommes politiques sont liés aux Frères musulmans et entretiennent des liens étroits avec la Turquie.

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Ces dernières années, Ankara a manifesté un fort soutien au Gouvernement d'unité nationale (GNU) de Dbeibé. Toutefois, des rapports récents indiquent que la Turquie pourrait changer de position après plusieurs rencontres entre des membres du GNU et des personnes proches du maréchal Khalifa Haftar, un acteur clé du conflit libyen opposé aux intérêts turcs. Ces réunions auraient eu pour but de négocier un nouvel exécutif et de saper Bashagha. 

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La Turquie ne voit pas d'un bon œil le rapprochement de son allié de toujours avec son principal rival dans le pays, ce qui explique qu'Ankara modifie sa position en Libye. À ce stade, il est également pertinent de souligner les récentes visites de Bashagha dans le pays eurasien dans le but d'obtenir un soutien plus fort et la pression présumée du gouvernement turc sur Dbeibé pour qu'il abandonne le pouvoir.

Le rapprochement entre Dbeibé et Haftar a dépassé le stade des réunions, puisque le GNU a choisi de nommer Farhat bin Qadara, proche du maréchal, à la tête du conseil d'administration de la National Oil Corporation. Selon Al-Arab, les EAU seraient intervenus et auraient encouragé ce contact entre les deux factions rivales. Toutefois, comme indiqué ci-dessus, Ankara ne soutient pas ce rapprochement, pas plus que le Qatar. 

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Comme l'explique le quotidien arabe, cette situation a conduit Doha à se tourner vers les Frères musulmans, une organisation qui connaît son plus fort déclin depuis la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi. Des sources libyennes citées par Al-Arab n'excluent pas que le groupe islamiste ait récemment reçu des fonds du Qatar, qui a encouragé ses membres à descendre dans la rue pour manifester.

Les sympathisants de la confrérie ont été contraints à l'exil ou à la clandestinité pendant la dictature de Kadhafi, lorsque les dirigeants de l'organisation ont été traqués et exécutés. Après le renversement du dirigeant libyen, les Frères musulmans sont apparus sur la scène politique et l'un de leurs membres, le militant islamiste Mohamed Sowan, a créé le Parti de la justice et du développement en 2012.

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Cette formation, selon le portail Counter Extremism, cherchait à établir un califat islamiste libyen sur le modèle du Parti de la liberté et de la justice (FJP) des Frères musulmans en Égypte, berceau de l'organisation, bien que celle-ci soit désormais considérée comme terroriste par Le Caire.

Le Parti de la justice et du développement a bénéficié d'un soutien populaire en Libye - le parti est arrivé en deuxième position lors des premières élections de l'après-Kadhafi - et d'un important soutien étranger du Qatar et de la Turquie. Ce soutien a provoqué des tensions entre Doha et ses voisins du Golfe, ainsi que des désaccords entre Ankara et Le Caire.

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