La "représentation diplomatique" a été discutée lors de la rencontre entre les deux puissances à Bagdad, selon l'Associated Press

Le rapprochement irano-saoudien se poursuit

AFP/ ATTA KENARE - Le président élu de l'Iran, Ebrahim Raisi, donne sa première conférence de presse dans la capitale Téhéran, le 21 juin 2021.

Des représentants de l'Arabie saoudite et de l'Iran sont venus en Irak dans le but de poursuivre un dialogue qui vise un rapprochement entre les deux pays, sans relations officielles depuis 2016. Cette réunion fait suite à un sommet de rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran qui s'est tenu à Bagdad en août. Outre les responsables des puissances respectives, le président français Emmanuel Macron, le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi et le roi de Jordanie Abdallah II étaient également présents.

Selon l'Associated Press, la réunion a porté sur "les questions en suspens entre les deux pays, conformément à la feuille de route convenue précédemment". En outre, un responsable irakien a déclaré à l'agence que les responsables saoudiens et iraniens ont également discuté de la "représentation diplomatique" entre les deux pays.

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Le rétablissement des relations diplomatiques entre Téhéran et Riyad constituerait une étape importante dans la politique étrangère des deux puissances et aurait des conséquences pour l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Après l'exécution en Arabie saoudite du religieux chiite dissident Nimr Baqir al-Nimr, des centaines de personnes ont pris d'assaut et incendié l'ambassade saoudienne à Téhéran et le consulat à Mashhad en janvier 2016. Riyad a réagi à ces événements en rompant ses relations diplomatiques avec le régime iranien. Par conséquent, le fait que les deux parties aient abordé la question diplomatique constitue une étape majeure dans le processus de rapprochement.

De plus, comme la source irakienne l'a assuré à l'AP, la réunion n'était pas au niveau ministériel, mais les discussions étaient "positives".

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Raisi suit les traces de Rohani dans son rapprochement avec Riyadh

Cette réunion était la première du genre depuis que le religieux conservateur Ebrahim Raisi a pris ses fonctions de président en août. Raisi, lors de sa première conférence de presse en tant que dirigeant du pays, n'a pas exclu la réouverture des ambassades iranienne et saoudienne dans les capitales. Cette décision pourrait s'inscrire dans le cadre des plans de Raisi visant à soulager la situation économique désastreuse du pays.

"L'objectif ultime de Raisi est l'économie. L'un des moyens d'y parvenir est le commerce extérieur, et lorsque nous parlons de commerce extérieur, cela signifie une désescalade, une détente avec l'Arabie saoudite", explique à CCN l'analyste politique Mostafa Khoshcheshm. Par ailleurs, lors de sa cérémonie d'investiture au parlement de Téhéran, le président a déclaré qu'il était prêt à utiliser la "voie diplomatique" pour se réconcilier avec ses voisins régionaux.

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La victoire électorale de Raisi a suscité des inquiétudes quant aux négociations de Vienne visant à rétablir l'accord nucléaire. Son caractère plus conservateur par rapport à son prédécesseur, Hasan Rohani, a également fait dérailler dans un premier temps le processus de rapprochement entre Téhéran et Riyad, même si aujourd'hui, d'après les déclarations de Raisi, l'actuel président semble poursuivre la voie tracée par Rohani à cet égard.

Sous le précédent gouvernement iranien, un échange de visites diplomatiques avec Riyad a été approuvé un an après les incidents survenus à l'ambassade saoudienne. De même, lorsque le rapprochement a commencé en avril, le ministère des affaires étrangères a affirmé qu'"avec des négociations et une perspective constructive, les deux pays importants de la région et du monde islamique peuvent laisser leurs différences derrière eux et entrer dans une nouvelle phase de coopération et de tolérance pour apporter la stabilité et la paix à la région".

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La question saoudo-iranienne lors de la nouvelle session de l'Assemblée générale de l'ONU

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran, au-delà de leurs divergences, a été présent au début de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations unies.

Selon Reuters, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a rencontré des responsables saoudiens et d'autres pays du Golfe à New York. L'Irak, principal médiateur entre les deux puissances, était également présent à la réunion.

"Notre rencontre souligne le fait que seuls la diplomatie et le dialogue peuvent mettre fin aux crises, aux malentendus et aux différences", a déclaré Amirabdollahian, comme le rapporte l'agence de presse Mehr. "La priorité du nouveau gouvernement de la République islamique d'Iran est de renforcer et de développer les relations avec ses voisins et la région", a-t-il ajouté. 

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Toujours à l'ONU, le roi saoudien Salman bin Abdulaziz a évoqué un rapprochement avec l'Iran, qu'il considère comme un "État voisin". "Nous espérons que nos premiers entretiens avec l'Iran déboucheront sur des mesures de confiance concrètes, des mesures qui permettront de réaliser les aspirations de nos deux peuples", a déclaré bin Abdulaziz.

Le monarque a souligné l'importance d'évoluer vers des "relations de collaboration fondées sur l'engagement envers les principes et les résolutions de la légitimité internationale", ainsi que sur "le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres".

En plus de rapprocher les positions, il s'est également aligné sur l'Occident pour faire face au développement nucléaire de Téhéran. Le roi saoudien a réaffirmé devant l'Assemblée générale "l'importance de faire du Moyen-Orient une région exempte de toutes armes de destruction massive". Il a également fait allusion à la guerre au Yémen, une question clé dans le rapprochement. "Malheureusement, la milice terroriste Houthi rejette les solutions pacifiques. Ils ont opté pour une option militaire afin de s'emparer de davantage de territoires au Yémen", a-t-il ajouté.

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C'est précisément ce conflit qui constitue l'un des points focaux les plus pertinents de la confrontation entre les deux puissances du Moyen-Orient. L'Arabie saoudite a accusé l'Iran à de multiples reprises de soutenir les milices rebelles Houthi, un groupe qui a même attaqué le territoire saoudien. S'adressant aux représentants du monde, bin Abdulaziz a souligné que Téhéran devait cesser "toute forme de soutien aux groupes terroristes et aux milices sectaires qui ne font qu'apporter la guerre, la destruction et la souffrance aux peuples de la région".

Le Yémen n'est cependant pas le seul point de discorde. En Syrie, ils ont également tenu des positions opposées. Alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes armés opposés à Bachar el-Assad, l'Iran soutient le gouvernement syrien. Leurs désaccords portent également sur des différences religieuses et des rivalités économiques.

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Bagdad, témoin du rapprochement entre Riyad et Téhéran

L'Irak s'est positionné comme le principal médiateur entre les deux puissances dans la région après des années d'instabilité. Bagdad est passé de l'organisation des premières réunions secrètes entre l'Arabie saoudite et l'Iran à la planification d'un sommet de rapprochement avec des dirigeants mondiaux tels que Macron.

"La tenue de cette conférence à Bagdad est une preuve évidente de l'adoption par l'Irak d'une politique d'équilibre et de coopération positive dans ses relations étrangères", indique le communiqué de la conférence d'août sur le partenariat et la coopération.

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Le ministre irakien des affaires étrangères, Fuad Hussein, a également réaffirmé le rôle de l'Irak en tant que "médiateur entre différents pays", ce qui lui a permis de jouer "un rôle diplomatique important parmi les nations voisines".

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