L'insécurité alimentaire est généralisée et 1,4 million d'enfants souffriront de malnutrition cette année

Le Sud-Soudan fête ses dix ans avec plus de regrets que de réalisations

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Lorsque le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan à l'issue d'un référendum en 2011, l'espoir d'une vie meilleure était permis, principalement grâce aux vastes ressources naturelles du pays. Mais la guerre civile qui a éclaté en 2013 a anéanti ces rêves et le plus jeune État du monde ne peut toujours pas être considéré comme tel dix ans plus tard.

Le président, Salva Kiir, qui dirige le pays depuis sa naissance, a promis la paix, la prospérité et la stabilité sociale, mais il a annulé pour une nouvelle année les célébrations de l'indépendance, interdites depuis 2020 en raison de la pandémie de coronavirus et les années précédentes en raison du manque de fonds publics, qui touche tous les secteurs.

Le vice-ministre de l'information, Baba Meda, a déclaré à Efe que cette année, il n'y aura pas de célébrations officielles et que Kiir "s'adressera aux citoyens par le biais des médias d'État dans le cadre des précautions prises contre la propagation du covid-19."

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Selon Meda, à l'occasion de son dixième anniversaire, le Soudan du Sud "assiste à une amélioration de la situation sécuritaire grâce à l'application de l'accord de paix", que le gouvernement de Kiir et l'opposition armée dirigée par Riek Machar ont scellé en 2018.

Toutefois, de nombreux points du pacte ne sont toujours pas mis en œuvre et M. Meda a admis qu'"il existe de nombreux défis que le gouvernement et l'opposition tentent de relever", notamment la situation humanitaire avec plus de 8 millions de personnes ayant besoin d'aide, selon les données de l'ONU.

Un pays dépendant de l'aide humanitaire

Abraham Awoulich, professeur d'économie à l'université de Juba, a déclaré à Efe qu'au cours de la dernière décennie, le taux de pauvreté a augmenté de 31% en raison de plusieurs facteurs, dont la guerre, même si, selon les Nations unies, il y a aujourd'hui plus de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire que pendant le conflit armé (2013-2018).

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Selon M. Awoulich, l'absence de "planification adéquate" de la part du gouvernement et "l'instabilité politique couplée à la corruption de l'élite politique" ont conduit au "déclin de la situation".

L'insécurité alimentaire est généralisée sur tout le territoire et 1,4 million d'enfants souffriront de malnutrition cette année, le chiffre le plus élevé depuis le début de la guerre en 2013, comme l'a averti cette semaine le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF).

Pour sa part, Ana Lucia Bueno, responsable des programmes de santé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Sud-Soudan, a expliqué à Efe que 95% des services médicaux sont soutenus par des organisations internationales, car le jeune pays n'a pas les ressources nécessaires pour payer les travailleurs du secteur et ceux qui sont qualifiés vont à l'étranger.

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"Les services spécialisés sont pratiquement inexistants", a-t-il ajouté, citant en exemple le traitement du cancer.

M. Bueno a noté que "le plus compliqué pour la population est d'atteindre les centres de santé", pour lesquels elle doit marcher jusqu'à cinq jours, en raison des barrières géographiques et de la violence qui touche encore de nombreuses zones reculées.

Le paludisme reste la principale cause de mortalité au Soudan du Sud, qui a également connu cette année de nombreux cas de polio, en plus de la pandémie de coronavirus qui n'a toutefois pas touché autant que redouté, a déclaré le travailleur humanitaire qui a été témoin de l'évolution du pays depuis 2011, dans un entretien téléphonique.

Frustration et espoir

Le Conseil des Églises du Sud-Soudan a déploré, dans un message publié à l'occasion du 10e anniversaire, que "le Sud-Soudan ait atteint un niveau de dépendance vis-à-vis de l'aide humanitaire fournie par les agences internationales", ce qu'il a imputé aux "querelles entre les dirigeants politiques".

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"Il y a dix ans, nous nous attendions à ce que notre pays soit le témoin d'une ère de stabilité et de paix, et tout le monde était optimiste quant à la déclaration d'indépendance, la naissance du nouvel État a été accueillie avec joie, acclamations et larmes", a déclaré l'organisme religieux dans un communiqué.

Cependant, la joie d'il y a dix ans, lorsque les Sud-Soudanais ont célébré leur indépendance tant attendue du Soudan après une longue guerre entre le nord et le sud, "s'est transformée en un grand choc et une profonde frustration", ont ajouté les églises.

Pour Peter James Martin, un employé du ministère de l'éducation âgé de 44 ans, le dixième anniversaire de l'indépendance fait renaître "l'esprit d'espoir du peuple" après la mise en œuvre de l'accord de paix.

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Avant, ils vivaient dans "un état de frustration à cause de la guerre et de la destruction", a-t-il dit à Efe, mais maintenant cet habitant de Juba souhaite que "les dirigeants politiques prêtent attention aux problèmes des citoyens" après l'accord qui a permis la formation d'un gouvernement d'unité nationale au début de 2020.

"Nous avons un besoin profond d'améliorer nos conditions de vie, nous avons besoin d'une paix sociale qui guérit les fissures causées par la guerre entre les tribus et les différents groupes" dans la société, a-t-il conclu.

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