Des représentants des ministères de l'Irrigation et des Affaires étrangères, ainsi que des fonctionnaires du service des renseignements généraux seront présents à la réunion tripartite aux Émirats arabes unis

L'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie discutent de la crise du barrage Renaissance

photo_camera PHOTO/AFP/AMANUEL SILESHI - Barrage de la Renaissance éthiopienne

En février dernier, l'Éthiopie a annoncé le début de la production d'électricité à partir du barrage Renaissance construit sur le Nil. La nouvelle est intervenue dans un contexte de différends avec l'Égypte et le Soudan, qui considèrent cette décision comme une violation des obligations de l'Éthiopie.

Abiy Ahmed, premier ministre d'Addis-Abeba, a qualifié sur son compte Twitter le début de la production d'électricité à partir du barrage de "bonne nouvelle pour notre continent et les pays en aval avec lesquels nous aspirons à travailler". Le ministère égyptien des Affaires étrangères a noté que le lancement unilatéral de cette opération se heurte aux dispositions de l'accord de 2015 sur la déclaration de principes. 

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Pour sa part, le gouvernement soudanais reste inflexible sur la nécessité de parvenir à un accord juridique sur le barrage. Khartoum a appelé le dirigeant éthiopien en raison de la nécessité d'une action réelle correspondant à ses déclarations sur le terrain. La mise en service des turbines électriques, ainsi que les mesures prévues, s'inscrivent dans l'esprit de coopération entre les trois nations africaines.

L'Éthiopie affirme que son initiative ne vise pas à nuire aux intérêts de l'Égypte ou du Soudan, alors que ces derniers la considèrent comme une menace en raison de la forte dépendance de leur agriculture vis-à-vis du Nil.

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La construction de l'immense barrage a débuté en 2011 pour un coût de près de 5 milliards de dollars. Le gouvernement éthiopien vise à produire environ 6 000 mégawatts une fois le barrage achevé et à exporter l'électricité produite.

Il a également annoncé l'achèvement du deuxième remplissage du réservoir en juillet de l'année dernière. Cela signifie que 13,5 milliards de mètres cubes d'eau ont été stockés. Cependant, l'objectif n'a pas été atteint, le stockage n'ayant atteint que 9,6 milliards de mètres cubes.

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En septembre dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé que les négociations se poursuivent "de manière constructive et coopérative" sous les auspices de l'Union africaine. Le délai pour parvenir à un accord n'est pas précisé, du moment qu'il se situe dans un délai raisonnable.

Pendant la présidence congolaise de l'UA, Christophe Lotondola, le ministre congolais des Affaires étrangères, a convoqué une réunion entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum, mais elle a été interrompue en raison des préoccupations de l'Éthiopie concernant le conflit dans la région du Tigré, aggravées par l'éclatement de la crise politique liée à la transition soudanaise.

Le président égyptien Abdel Fatah al-Sisi a prévenu dans un discours public qu'il valait mieux "ne pas toucher une goutte d'eau de son pays". Selon Le Caire, l'absence de progrès est due au manque de volonté politique de l'Éthiopie "de négocier de bonne foi". 

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L'Égypte et le Soudan ont décidé d'unir leurs forces pour faire face à l'instabilité causée par l'Éthiopie. Le ministre soudanais des Ressources en eau, Yasser Abbas, considère que "le barrage affecte la sécurité nationale soudanaise et a des répercussions régionales", comme ce fut le cas pour le premier remplissage.

Alors que l'administration éthiopienne a insisté pour remplir le barrage en dépit de l'absence d'accord avec ses voisins, les gouvernements du Caire et de Khartoum ont souligné qu'ils devaient d'abord conclure un pacte tripartite afin que la part annuelle d'eau par pays ne soit pas affectée.
 


 

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