Les associations de journalistes dénoncent la censure des médias par le gouvernement turc
Le gouvernement turc a soumis au Parlement un projet de loi renouvelant la Loi sur la presse, qui imposera des sanctions à l'internet, aux réseaux sociaux et aux journaux, et introduira des peines allant jusqu'à 4,5 ans de prison pour ceux qui "désinforment" le public, "créant des inquiétudes, de la peur et de la panique" parmi la population.
Plusieurs associations de journalistes définissent cette loi comme une "loi de censure" visant à faire taire toutes les voix de l'opposition avant les élections critiques prévues pour juin 2023, si elles ne sont pas organisées plus tôt. Depuis des semaines, ces organisations organisent une campagne et des manifestations contre cette loi. Et maintenant, ils ont publié une déclaration officielle dénonçant la situation.
À Istanbul et dans plusieurs provinces, ils ont organisé des manifestations de rue et fait des déclarations communes. Des organisations de journalistes, dont la représentation de la JNA en Turquie, ont organisé la plus grande de ces manifestations sur la place Ulus à Ankara.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration commune faite à Ankara :
"Son nom est Loi sur la presse, mais il n'y a pas de presse dedans, il y a de la pression.
Son nom est Loi sur la presse, mais elle n'aide pas le journalisme.
Pendant des semaines, nous avons dit aux responsables du Parlement qu'"on ne peut pas faire une loi sur la presse sans écouter les journalistes", nous avons fait des suggestions, nous nous sommes opposés, mais en vain. Ils n'ont pas prêté attention à un seul mot que nous avons dit. C'est pour cette raison que nous sommes venus ici de toute la Turquie, en tant que plus grandes organisations de presse professionnelles de notre pays. Nous demandons que la loi soit retirée et que cela se fasse en consultation avec les journalistes.
Ne pensez pas que nous ne voulons pas empêcher la désinformation. Mais le moyen d'y parvenir n'est pas l'emprisonnement comme le prévoit la loi. Le juge de la Cour de cassation a également clairement averti, lors du débat sur la loi au sein de la Commission de la justice, que cette loi créerait la confusion et l'arbitraire dans le système judiciaire lors de sa mise en œuvre. Mais ils n'ont pas écouté...
Il y a des articles dans la loi qui vont fermer la porte à la presse écrite. À tel point que la presse locale d'Anatolie a été ignorée et écartée. Un millier de journaux vont devoir fermer, et les annonces officielles, qui sont leur source de revenus, seront en grande partie supprimées. Le règlement, qui va verrouiller la presse écrite avec des changements concernant la distribution des annonces de presse, ne prévoit aucune amélioration des droits personnels de nos collègues. Nous avons formulé ces critiques, nous leur avons dit tout cela, nous leur avons écrit, mais ils ne nous ont pas écoutés.
Cette loi viole les droits humains fondamentaux, la liberté de communication et la liberté de la presse. C'est contre la Constitution. C'est contre nos droits garantis par la Constitution. En ce sens, elle constitue une entrave non seulement à la liberté des journalistes, mais aussi aux libertés de l'ensemble de la société.
Cette loi, qui crée le délit de diffusion publique de fausses informations et impose une peine de prison de 3 ans, empêchera toute la société d'écrire, de critiquer et de partager des messages sur les réseaux sociaux. Cette loi va créer une vague d'autocensure sociale. Il ne s'agit donc pas seulement d'un problème de journalistes.
Pourquoi cette peine d'emprisonnement est-elle introduite ? Comment sera-t-elle mise en œuvre ? Comment cette loi, qui a été promulguée moins d'un an avant les élections, garantira-t-elle un environnement sain pour le débat politique ? Comment évitera-t-on la confusion et l'arbitraire qui se produiront dans la pratique, comme dans l'avis de la Cour suprême ? Nous avons posé ces questions à de nombreuses reprises, mais nous n'avons reçu aucune réponse de l'Assemblée.
Pour ces raisons, nous sommes ici à la dernière sortie avant le tunnel, en tant qu'organisations de presse professionnelles.
Nous avons tous crié devant le monument d'Atatürk.
Dans cette loi, nous disons qu'il n'y a pas de journalistes, qu'il n'y a pas d'opinions de journalistes, qu'il n'y a pas de liberté de la presse.
Nous disons une fois de plus que cette loi inclut le silence, l'intimidation et l'emprisonnement.
Nous, journalistes, voulons que cette loi soit retirée".
Représentation de l'EJNA en Turquie
Association des journalistes progressistes
Syndicat des travailleurs de la presse DISK
Association des journalistes économiques
Société des journalistes d'Ankara
Société des journalistes d'Izmir
Syndicat des travailleurs des médias et de la communication
Association des correspondants du Parlement
Association turque des photojournalistes
Société des journalistes turcs
Confédération des journalistes de Turquie
Syndicat des journalistes turcs
Association turque des cameramen
Coalition des femmes journalistes turques
NOTE : Sur la bannière, nous avons mis "NON À LA LOI DU SILENCE, DE LA MENACE ET DE LA JUSTICE ! LA PRESSE EST LIBRE, ELLE NE PEUT ÊTRE CENSURÉE".