Le clerc pro-iranien Ammar al-Hakim se rend à Riyad pour négocier une intervention saoudienne

Les dirigeants irakiens demandent à l'Arabie saoudite de résoudre leur puzzle politique

photo_camera PHOTO/Bandar Algaloud/Cortesía de la Corte Real saudí vía REUTERS - Mohammed bin Salman reçoit le leader du mouvement irakien Hikma, Ammar al-Hakim, à Djeddah

L'un des dirigeants de la coalition pro-iranienne connue en Irak sous le nom de "Cadre de coordination", Ammar al-Hakim, s'est rendu à Riyad à la mi-août pour demander la médiation du gouvernement saoudien dans la grave crise politique que connaît l'Irak depuis les dernières élections.

Lors des dernières élections, le clerc Mudqtada al-Saadr a remporté une victoire à la Pyrrhus, devenant le candidat le plus voté pour diriger le gouvernement. Mais le manque de voix à la chambre basse irakienne l'a empêché d'être nommé chef du gouvernement. Son soutien s'est progressivement effrité en raison de l'instabilité, largement due à l'Iran, qui règne dans la province autonome kurde du nord.

Après que le Cadre de coordination, la coalition de partis pro-iraniens, a annoncé que son candidat, Mohamed Shia al-Sudani, briguerait la présidence, les partisans d'al-Saadr ont bloqué les routes menant à cette étape par de fortes mobilisations qui ont abouti à la prise d'assaut du parlement.

AFP/ AHMAD AL-RUBAYE - El clérigo y político chií Ammar al-Hakim habla durante una reunión de sus durante un acto en conmemoración de Muhammad Baqir al-Hakim

Dans cette situation d'impasse politique, l'un des dirigeants du Cadre de coordination se serait rendu en Arabie saoudite, principal rival géopolitique de l'Iran dans la région. Ammar al-Hakim, un chiite issu d'une longue lignée de clercs irakiens, a toujours été très proche du pouvoir à Téhéran. Il a passé pratiquement toute son éducation dans la capitale des Ayatollahs en raison de l'exil de sa famille sous le gouvernement de Saddam Hussein, qui a exécuté sept de ses proches. De retour en Irak, il a été actif dans la vie politique jusqu'à devenir président du Conseil suprême islamique d'Irak, un parti politique fantoche de l'Iran.

Al-Hakim est arrivé à l'aéroport international de Djeddah jeudi soir et a été reçu avec les honneurs et une réception officielle dirigée par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le ministre saoudien des Affaires étrangères Walid bin Abdul Karim.

Compte tenu de son parcours et de la confrontation entre l'Iran et l'Arabie saoudite, la visite d'al-Hakim à Jeddah est d'abord surprenante.  Selon des observateurs et analystes internationaux cités par le média arabe al-Arab basé à Londres, cette visite n'est rien d'autre qu'une tentative désespérée de mettre fin à l'impasse politique irakienne. Selon les mêmes sources, le cadre de coordination se rendrait à Riyad pour convaincre al-Saadr d'assouplir sa position et de convenir d'une date pour ouvrir des canaux de dialogue avec le vainqueur des élections.

PHOTO/Bandar Algaloud/Cortesía de la Corte Real saudí vía REUTERS - Mohammed bin Salman recibe al líder del movimiento Hikma de Irak, Ammar al-Hakim, en Jeddah

Le cadre de coordination serait même disposé à travailler avec le premier ministre intérimaire, Mustafa al-Kazemi, bien qu'il l'ait attaqué à plusieurs reprises pendant la campagne électorale et après les résultats.

Publiquement, al-Hakim a préféré dépeindre sa visite à Djeddah comme une rencontre cordiale destinée à aborder un large éventail de questions, y compris la communication du leader chiite qui admet que l'impasse politique en Irak a été discutée. "Nous avons fait l'éloge des plans de développement de Son Altesse le Prince héritier, notamment la Vision 2030 du Royaume, et de l'impact positif de ces plans sur les pays de la région en général et l'Irak en particulier. Nous avons discuté des développements sur la scène irakienne et souligné que le dialogue entre les différentes parties est le meilleur moyen de trouver des solutions satisfaisantes à l'impasse politique actuelle en Irak", a annoncé al-Hakim via son compte Twitter. "Nous avons souligné que les solutions doivent rester irakiennes, sans pressions extérieures", a-t-il ajouté, faisant référence aux influences étrangères en Irak.

Aid al-Hilali, le collègue d'al-Hakim au sein du cadre de coordination, a également fait une déclaration à l'agence de presse irakienne, établissant un lien direct entre la visite d'al-Hakim et une tentative de déblocage de l'impasse en Irak. Al-Hilali a assuré aux médias que l'Arabie saoudite d'aujourd'hui n'est pas l'Arabie saoudite du passé et que les liens entre son gouvernement et le mouvement du clerc al-Saadr peuvent contribuer à convaincre le vainqueur des élections de conclure un accord.

Ces déclarations pourraient être interprétées comme suggérant qu'au moins les dirigeants politiques du Cadre de coordination ont l'intention de maintenir les meilleures relations possibles avec l'Arabie saoudite tout en restant dans l'ombre de l'Iran. La fragilité de l'économie et de l'infrastructure énergétique irakiennes à l'heure actuelle nécessite l'implication de l'Arabie saoudite, qui est le meilleur partenaire possible pour le développement de l'Irak.

Si l'Arabie saoudite devait intervenir pour pousser le mouvement saadiste vers une issue, on pourrait s'attendre à ce qu'une nouvelle élection soit convoquée dans un délai d'un an, en partant du principe que les nouveaux résultats entraîneraient un second tour au parlement et rendraient possible l'élection d'un premier ministre.

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