Les enfants, les plus touchés par les guerres
"Les guerres entre adultes ont une fois de plus emporté l'enfance de millions d'enfants en 2020", a déclaré la représentante spéciale du rapport sur les enfants et les conflits armés (CAAC), Virginia Gamba, après la publication du rapport. 2020 a été une année fortement marquée par les conflits, avec une pertinence particulière pour les luttes multiples et complexes au Sahel, la guerre en Syrie, au Yémen et le conflit oublié du Sud-Soudan.
Il faut ajouter à ces conflits l'émergence et l'établissement de groupes terroristes en tant que nouveaux acteurs non étatiques qui ont marqué le cours des guerres. L'incursion de ces groupes dans la région du Sahel a revêtu une importance particulière, puisque le nombre d'attaques terroristes dans la région a été multiplié par sept, selon le département de la sécurité intérieure (DSN) de l'Espagne. En ce sens, les groupes djihadistes ont été impliqués dans le recrutement de mineurs et les ont endoctrinés pour qu'ils prennent part aux guerres et commettent des attentats. Ainsi, la guerre a dépouillé les mineurs de leur enfance et les a conduits, en raison de multiples facteurs, à devenir les victimes d'un terrorisme qui a manipulé et attaqué leur innocence.
Plus de 19 300 enfants ont été victimes de guerres au cours de l'année 2020. C'est ce que révèle le rapport annuel de l'ONU sur les enfants et les conflits armés, présenté par le Secrétaire général António Guterres à l'Assemblée générale. Le rapport indique qu'au total, 26 425 enfants ont subi au moins une violation grave de leurs droits et plus de 8 400 ont été tués ou mutilés.
En ce sens, le contexte de vulnérabilité des enfants a été aggravé par la propagation du coronavirus puisque la pandémie aurait signifié pour eux "une enfance volée et un avenir à réparer".
Sur ce chiffre total, les filles subissent une plus grande violence puisqu'on estime qu'un enfant sur quatre touché par des crimes graves était une fille qui aurait été victime de viols et d'autres formes de violence sexuelle. Dans le même ordre d'idées, si 85 % des enfants recrutés et utilisés dans les guerres sont des garçons, 98 % des filles enlevées ont été victimes de violences sexuelles. En outre, ce type de violence est plus difficile à enregistrer et à condamner car il "reste sous-déclaré, en raison de la stigmatisation, des normes culturelles, du manque de services et des problèmes de sécurité".
Le rapport montre que le plus grand nombre de violations a été enregistré en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie et au Yémen, où 60 % de tous les crimes vérifiés ont été enregistrés. Selon le rapport, l'escalade de la violence dans les conflits, les violations du droit humanitaire international et la propagation transfrontalière des conflits et de la violence ont affecté les enfants, en particulier dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad.
L'année 2020, notoirement, a été dominée par la propagation de la pandémie COVID-19. La pandémie a fait des ravages humains, économiques et sociaux, et son impact sur les enfants, en particulier dans les zones de conflit, n'a pas été différent. Les mesures imposées pour enrayer sa propagation ont entravé le travail des observateurs internationaux et des experts de l'ONU, car les limitations des déplacements sur l'ensemble du territoire ont empêché un enregistrement adéquat.
De même, la vulnérabilité des enfants a conduit à leur enlèvement en raison d'une augmentation due à la propagation du virus, ainsi qu'à des attaques contre des écoles et des hôpitaux.
Cependant, 12 643 ont été libérés par les forces armées et les groupes d'aide grâce aux plans d'action des Nations Unies qu'ils mènent avec les gouvernements pour mettre fin à la fois au recrutement d'enfants et à leur utilisation dans les conflits.
Jusqu'à présent en 2021, les problèmes sociaux ainsi que les conflits développés en 2020 ont été les héritages qui ont marqué la nouvelle année : une pandémie qui n'est pas encore terminée, de nouvelles menaces de guerre, la crise économique et le changement climatique sont les principales menaces auxquelles il a fallu faire face au cours des six premiers mois de l'année.
Par ailleurs, de nouvelles offensives dans la guerre civile éthiopienne, de nouveaux épisodes violents entre Israël et la Palestine ou les affrontements entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au sujet du Haut-Karabakh promettent de donner le ton pour le reste de l'année. En outre, le retrait des troupes d'Afghanistan a entraîné une augmentation de l'insécurité dans la région, avec une forte présence des talibans et des groupes extrémistes.
À cela s'ajoutent les conséquences climatiques, nouveau facteur qui a entraîné des migrations massives, des sécheresses, des crises alimentaires et des famines, de la région du Sahel à l'Amérique centrale. Tous ces facteurs aggravent encore la situation des plus vulnérables, les enfants nés dans ces points chauds de la planète où l'on estime qu'un pourcentage élevé d'entre eux n'a jamais connu la paix. Plus précisément, dans le cas de la Syrie, six millions d'enfants ne connaissent qu'une situation de guerre et, depuis le début du conflit, près de 12 000 enfants ont été tués ou blessés.
Ainsi, les médiateurs de paix et les diplomates continuent d'affirmer que les processus de paix obtenus par la violence sont souvent des "situations pacifiques" mises en scène et marquées par la fragilité. Les lois et le droit humanitaire protègent les enfants en tant que victimes directes des conflits et préservent leurs droits fondamentaux, mais les chiffres élevés proposés par le rapport des Nations unies montrent qu'il est nécessaire d'unir les forces pour la persévérance de la paix et de la sécurité, seule solution pour que les enfants cessent d'être privés de leur enfance.
