Comme ce fut le cas lors du récent sommet du G20 à Bali, le forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) a été affecté par un incident de missile. Dans ce cas, au lieu de la Pologne, la victime a été la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, qui a reçu ces dernières heures deux missiles balistiques de la Corée du Nord.
"La Corée du Nord continue à mener des actions provocatrices avec une fréquence jamais vue auparavant", a déclaré le Premier ministre japonais Fumio Kishida à l'APEC. Depuis plusieurs semaines, le régime de Pyongyang a lancé des dizaines de missiles dans la mer du Japon en réponse aux exercices militaires conjoints des États-Unis et de la Corée du Sud. Kishida a également réaffirmé à la presse qu'il "ne peut pas accepter de telles actions".
En outre, le ministre japonais de la Défense, Yasukazu Hamada, a averti que le missile avait une portée suffisante pour atteindre les États-Unis. "Selon les calculs qui tiennent compte de la trajectoire, le missile balistique aurait pu avoir une capacité de portée de 15 000 km", ce qui signifie que "les États-Unis étaient à portée", a-t-il déclaré.
Japanese PM Fumio Kishida says on N.Korea missile launch, we naturally lodged a strong protest against North Korea, which has repeated its provocations with unprecedented frequency pic.twitter.com/y2ceJ4vdjt
— TRT World Now (@TRTWorldNow) November 18, 2022
Pour leur part, comme ils l'ont fait en Indonésie après l'incident en Pologne, les États-Unis ont convoqué une réunion d'urgence avec leurs alliés. La vice-présidente américaine Kamala Harris, qui se trouve en Thaïlande au nom de Joe Biden, a rencontré les dirigeants de l'Australie, du Japon, de la Corée du Sud, du Canada et de la Nouvelle-Zélande en marge du sommet pour évaluer la situation.
Harris a qualifié le lancement de missiles nord-coréens de "violation flagrante" des résolutions de sécurité des Nations unies, ainsi que d'acte qui "déstabilise la sécurité dans la région et accroît inutilement les tensions", rapporte Reuters. Le Premier ministre sud-coréen Han Duck-soo - comme les autres participants à la réunion d'urgence - a condamné "fermement" les actions de son voisin du nord. "Nous exhortons la Corée du Nord à cesser immédiatement toutes sortes de provocations et à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies", a-t-il déclaré.
Today in Bangkok, I convened leaders from Japan, Republic of Korea, Australia, New Zealand, and Canada to condemn the DPRK’s ballistic missile launch and consult on next steps. I reaffirmed our ironclad commitment to our Indo-Pacific alliances. pic.twitter.com/T5agtriAJe
— Vice President Kamala Harris (@VP) November 18, 2022
Quelques jours avant le début du forum de Bangkok, les États-Unis ont prévenu que les divergences sur la guerre en Ukraine seraient très présentes au sein de l'APEC. Le haut fonctionnaire du ministère chargé de l'APEC, Matt Murray, a fait remarquer dans une interview accordée à VOA (Voice of America) que les divergences de vues empêcheraient les membres de l'APEC de se mettre d'accord sur une déclaration commune.
La déclaration adoptée par l'APEC note que la plupart des membres condamnent la guerre en Ukraine, mais révèle également qu'"il y avait d'autres points de vue, opinions et évaluations différentes de la situation et des sanctions". À cet égard, la Thaïlande, hôte du sommet, a exhorté les dirigeants de la région à "surmonter leurs différences" pour se concentrer sur la résolution des problèmes économiques mondiaux liés au commerce et à l'inflation.
Le président français Emmanuel Macron - l'un des invités spéciaux du sommet - a appelé les membres de l'APEC à revenir aux "règles internationales et au multilatéralisme" pour parvenir à la paix et à la stabilité mondiales. Dans ce contexte, le dirigeant français a défini l'invasion de l'Ukraine par la Russie comme "une agression contre les règles internationales".
Malgré les efforts de l'APEC, "les attentes d'une percée diplomatique sont faibles", selon le correspondant de CNBC, Sri Jegarah. Jegarah cite l'absence du président américain Joe Biden et de son homologue russe Vladimir Poutine, ainsi que le manque d'unanimité sur l'Ukraine. Néanmoins, le gouvernement thaïlandais est optimiste et pense que le sommet est "une occasion en or pour toutes les parties prenantes de la crise ukrainienne". Bangkok considère également le forum comme "une issue possible à la crise mondiale".
WATCH: A maskless Xi Jinping arrives at APEC in Bangkok, where he has pressed ahead with efforts to repair relations with key US allies https://t.co/DIGQa0NW6R pic.twitter.com/sFO6nLybp5
— Bloomberg Politics (@bpolitics) November 18, 2022
Malgré l'absence de Biden et de Poutine, l'APEC verra la participation des deux poids lourds de la région, le dirigeant chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi. Xi, qui a rencontré plusieurs dirigeants de la région Pacifique tels que Gabriel Boric et Jacinda Ardern, a souligné que l'Asie-Pacifique n'était l'arrière-cour de personne et ne devait pas devenir le théâtre de rivalités entre grandes puissances. "Aucune tentative de mener une nouvelle guerre froide ne sera autorisée par le peuple", a-t-il souligné dans un communiqué.