Le conflit russo-ukrainien a donné à l'OTAN l'occasion de réorienter ses politiques vers des mesures plus efficaces, plus énergiques et plus rapides. En revanche, Pedro Sánchez préconise d'augmenter le budget de la défense

Les politiques d'agression de Poutine réveillent l'OTAN

AP/OLIVIER MATTHYS - Le siège de l'OTAN à Bruxelles

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a mis sur la table l'importance des alliances militaires et les conséquences que ces acteurs peuvent avoir dans la formation d'un nouvel ordre géopolitique. Le président russe Vladimir Poutine a réussi ce que peu attendaient : le dégel de l'OTAN et sa réaction au-delà de la condamnation internationale.

L'augmentation des dépenses de défense dans des pays comme l'Allemagne, le déploiement de troupes dans les pays limitrophes et les sanctions économiques sont les principales mesures prises par l'OTAN qui ont permis à l'organisation de franchir une nouvelle étape dans son histoire et de la sortir de sa léthargie.

El secretario general, Jens Stoltenberg (d), el primer ministro de Canadá, Justin Trudeau (2do d), y el presidente del gobierno español, Pedro Sánchez (2do iz), pasan revista a una guardia de honor durante su visita a la base militar de Adazi, al noreste de Riga, Letonia, el 8 de marzo de 2022 AFP/TOMS NORDE

Les attaques russes ont rouvert un débat en sommeil. L'augmentation des dépenses d'armement, la nécessité d'une armée européenne, la pertinence internationale de l'Union européenne et la sécurité nucléaire sont les questions qui dominent désormais le débat public, et peu s'attendaient à ce que la Russie attaque non pas les régions séparatistes de Donbas, mais la capitale ukrainienne.

C'est pourquoi nombreux sont ceux qui préconisent l'envoi de troupes en Ukraine, ce qui constituerait une attaque directe contre la Russie, tandis que d'autres estiment que cette situation met en évidence la nécessité d'investir dans la sécurité internationale en augmentant le budget de la défense. Des mesures qui, sans la situation actuelle en Europe, auraient été maintenues en veilleuse

El Secretario General de la OTAN, Jens Stoltenberg, se dirige a una rueda de prensa al final de una visita a la base militar de Adazi, al noreste de Riga, Letonia, el 8 de marzo de 2022 AFP/TOMS NORDE

"Ce qui se passe dans le futur, seul Poutine le sait", a déclaré un officier militaire espagnol. Alors que l'Occident tente de mesurer ses réactions et agit avec prudence face à toute démarche que Moscou pourrait interpréter comme une attaque, la Russie ne cesse ses offensives contre l'Ukraine et lance des agressions de plus en plus cruelles qui ont déjà fait 636 morts, dont 85 enfants, et 1067 blessés parmi les civils, selon l'ONU.

Ce que l'on sait de ce futur proche, c'est que tous les scénarios sont possibles, y compris celui d'une attaque nucléaire. Contrairement à ceux qui pensent que la Russie ne dépassera pas les frontières de l'Ukraine, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, souligne que les objectifs de Moscou "ne se limitent pas à l'Ukraine". C'est pourquoi l'Alliance a décidé de déployer des troupes "par terre, mer et air" dans les pays de l'Est afin d'envoyer un message clair à Moscou : l'OTAN est attachée à la défense collective.

Un avión de la Real Fuerza Aérea Danesa vuela durante los ejercicios militares de la OTAN Crystal arrow 2022 en el campo de tiro de Adazi, Letonia, el viernes 11 de marzo de 2022 AP/MARTINS ZILGALVIS

Cette situation diffère de celle d'il y a huit ans, lorsque l'OTAN évitait de s'impliquer en Ukraine après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et le soutien apporté aux séparatistes pro-russes de Donbas et de Louhansk. L'Alliance a simplement réprimandé Moscou, ce qui est très différent de la situation actuelle. Ainsi, Stoltenberg insiste sur sa condamnation de la Russie, qu'il définit comme une "agression contre un État européen souverain" pour laquelle il a promis une réponse unie.

"La guerre du président Poutine contre l'Ukraine a brisé la paix en Europe", a-t-il déclaré lors d'une visite d'une base militaire en Lettonie. Les attaques russes "ont ébranlé l'ordre international et continuent de faire des ravages sur le peuple ukrainien", a-t-il déclaré.

Reunión del Consejo del Atlántico Norte (NAC) en la sesión de Ministros de Asuntos Exteriores en la sede de la OTAN en Bruselas, el 4 de marzo de 2022 AFP/ OLIVIER DOULIERY

Ce nouvel ordre international potentiel a incité l'OTAN à prendre position et à réformer les valeurs qui lient les pays de l'Alliance. Elle a déjà été mise à l'épreuve après le retrait des troupes occidentales en Afghanistan, où l'échec des États-Unis dans le pays est devenu évident. Aujourd'hui, l'Ukraine est devenue une nouvelle arène dans laquelle l'Alliance a la possibilité d'adopter des politiques plus énergiques pour défendre les valeurs occidentales.

La Russie, quant à elle, considère l'expansion de l'OTAN vers l'est et l'extension de ses bases comme une menace qui met en péril la sécurité de la Russie et sa sphère d'influence. Face à la mise en garde de l'OTAN contre les conflits armés, rappelant qu'il s'agit d'une alliance politique et militaire défensive, Moscou a considéré l'expansion de l'OTAN comme une menace claire pour sa domination régionale et internationale. Toutefois, en réponse aux menaces de Poutine, le président américain Joe Biden a noté que ce dernier avait "échoué dans son objectif de diviser l'Occident". 

Un helicóptero de ataque estadounidense Boeing AH-64 Apache vuela durante las maniobras militares de la OTAN Crystal arrow 2022 en el campo de tiro de Adazi, Letonia AP/MARTINS ZILGALVIS

Certains analystes soulignent que si l'OTAN ne donne pas une réponse sérieuse à Poutine, "l'avenir de l'Alliance sera sérieusement remis en question". Cependant, l'OTAN a répondu par des mesures jamais vues depuis l'intervention au Kosovo en 1999, avec la plus grande mobilisation de troupes occidentales depuis cette incursion.

Dans ce contexte, des pays comme la Finlande et la Suède reconsidèrent leur neutralité. Ainsi, la Premiere ministre finlandaise Sanna Marin a rouvert un débat exhaustif sur la question de savoir si l'éventuelle adhésion de la Finlande à l'OTAN serait bénéfique pour le pays, ce que les Finlandais soutiennent de plus en plus. 

La ministra de Defensa española, Margarita Robles (3ªR), y su homólogo búlgaro, Stefan Yanev (2ªR), posan delante de pilotos y soldados españoles y de un Eurofighter EF-2000 Typhoon II español en la base aérea de Graf Ignatievo, cerca de Plovdiv, el 21 de febrero de 2022 AFP/NIKOLAY DOYCHINOV

De même, concernant l'avenir de l'Alliance, avant l'invasion russe de 2016, le président français Emmanuel Macron a qualifié l'OTAN de "mort cérébrale" et a plaidé pour la nécessité d'accroître les capacités de l'UE, ce dont la France a déjà pris l'initiative.

L'OTAN semble donc avoir réagi à une situation à laquelle peu s'attendaient et qui semble encore loin d'être terminée. En fonction de l'évolution des événements, l'Alliance continuera à débattre des mesures les mieux adaptées, car elle cherche à démontrer au niveau international que l'OTAN n'est pas encore morte. 

Tropas de la OTAN durante los ejercicios militares en la base militar de Adazi en Kadaga, Letonia, el martes 8 de marzo. 8, 2022 AP/ROMAN KOKSAROV
Budget de défense de l'OTAN

Tous les membres de l'OTAN se sont engagés à essayer de porter leurs dépenses de défense à 2 % du PIB.  En 2021, le budget de la défense de l'Espagne était de 1,02 %, ne dépassant que le Luxembourg avec 0,57 %.  Face à cette situation, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré son intention d'augmenter le budget de la défense dans les années à venir.

Alrededor de 2.800 soldados de Albania, Canadá, República Checa, Italia, Islandia, Montenegro, Polonia, Eslovaquia, Eslovenia, España, Letonia y Estados Unidos asisten al entrenamiento para la interoperabilidad durante las operaciones militares tácticas AP/MARTINS ZILGALVIS

"Nous devons le faire", a-t-il déclaré. Sa proposition, a-t-il expliqué, fera partie d'une série de pactes qui seront réalisés avec le reste des groupes parlementaires en vue des budgets de l'année prochaine, dans lesquels il tentera d'approuver une "augmentation progressive" des dépenses jusqu'à ce que les 2% du PIB soient "atteints". Cependant, de nombreux économistes sont sceptiques et réalistes quant à cette mesure et déclarent qu'il est "presque impossible de réaliser ce budget à court terme"

Un militar sostiene una bandera mientras espera la llegada del primer ministro canadiense Justin Trudeau junto al secretario general de la OTAN Jens Stoltenberg en Adazi, Letonia, el 8 de marzo de 2022 REUTERS/INTS KALNINS

La même année, la Grèce a contribué à hauteur de 3,82 %, en termes de dépenses proportionnelles, dépassant ainsi les États-Unis avec 3,52 % de leur PIB. Ces engagements ont également été respectés par la Croatie (2,79%), l'Estonie (2,28%), la Lettonie (2,27%), la Pologne (2,1%), la Lituanie (2,03%), la Roumanie (2,02%) et la France (2,01%). L'Allemagne a désormais rejoint ces chiffres, après que le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé, après l'invasion russe, que les dépenses de défense seraient portées à 2 % d'ici 2022, ce qui se traduit par 50 milliards d'euros.

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