Le paraphe de ces accords pourrait compromettre les efforts déployés par Abdullah Bathili, le nouvel envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, pour préparer le terrain à des élections générales

Libye : le Premier ministre Dbeibé signe deux accords militaires avec la Turquie

PHOTO/TWITTER via MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DE LA TURQUIE (@tcsavunma) - Le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale et ministre de la Défense de Libye, Abdul Hamid Dbeibé (G), avec le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar (D)

Abdul Hamid Dbeibé, Premier ministre du Gouvernement d'union nationale libyen - dont le mandat s'est achevé le 24 décembre 2021 - et chef du portefeuille de la défense du pays, a signé cette semaine avec son homologue turc, Hulusi Akar, deux accords visant à renforcer la coopération militaire entre Tripoli et Ankara et, plus particulièrement, à moderniser l'équipement aéronautique libyen. Le paraphe des deux textes a eu lieu à Istanbul, dans le cadre de l'agenda de Dbeibé lors d'une visite officielle que le gouvernement libyen n'a pas annoncée à l'avance.

Selon un communiqué du ministère de la Défense d'Ankara, le premier de ces documents prévoit "l'amélioration de l'efficacité et des capacités de l'armée de l'air libyenne" grâce à la formation de pilotes nord-africains par les forces armées turques. Une initiative qui sera développée "dans le cadre du 'Protocole de formation en vol entre la République de Turquie et le Gouvernement d'unité nationale de Libye'". L'accord a également été signé en présence de Yasar Guler et Atilla Golan, respectivement chef d'état-major et commandant de l'armée de l'air turque. 

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Il aborde "un certain nombre d'exercices d'aviation moderne, définit les principes et les responsabilités liés aux essais en vol, ainsi que les contrôles, les conditions et les obligations des deux parties en ce qui concerne les participants à ces exercices", a expliqué le porte-parole du gouvernement d'union nationale, Mohamed Hammouda, selon Al-Arab News. Il "comprend également une annexe avec d'autres programmes de formation aéronautique, tels que la formation sur les avions, les jets et les hélicoptères"

Le second texte, quant à lui, comprenait des "protocoles exécutifs pour l'accord de sécurité signé par le Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale en 2019" afin de stimuler la coopération militaire turco-libyenne, explique le communiqué de Tripoli. Ces protocoles "stipulent la formation du Comité suprême de défense [...] et du Comité de coopération militaire, leur fonctionnement, leurs tâches et la formation de leurs unités, ainsi que la définition des domaines de coopération entre la Libye et la Turquie", a précisé Hammouda.

La signature de ces accords intervient quelques semaines après que le gouvernement de Dbeibé ait conclu deux autres protocoles d'accord avec Ankara le 3 octobre, lors de la visite d'une délégation turque de haut niveau à Tripoli, portant sur la coopération énergétique (pétrole et gaz) et sécuritaire. Ces documents, qui ont suscité beaucoup de réactions tant dans le pays d'Afrique du Nord qu'au niveau international, permettent aux deux pays de développer conjointement des activités d'exploration et d'exploitation des réserves de gaz et de pétrole dans leurs frontières maritimes mutuelles. 

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Cependant, tous ces rapprochements turco-libyens sont perçus par plusieurs observateurs et analystes internationaux comme une stratégie de Dbeibé pour obtenir le soutien d'Ankara et rester au pouvoir, puisque son gouvernement a pris fin en décembre dernier et que, depuis lors, il se maintient en tant qu'exécutif intérimaire dans l'attente d'élections générales. En ce sens, la signature, décidée unilatéralement, des derniers pactes et mémorandums d'entente avec la Turquie ne pouvait que provoquer les opposants de Dbeibé dans le pays et saper les efforts du nouvel envoyé spécial et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL), Abdullah Bathili.

Le chef du gouvernement d'union nationale a également rejeté, il y a tout juste une semaine, les avancées réalisées à Rabat par le président de la Chambre des députés (le parlement de Tobrouk), Aguila Saleh, et le président du Conseil suprême de l'État (l'équivalent du Sénat libyen), Khaled Al-Mashri, factions rivales dans le conflit libyen, à l'issue d'une rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Naser Bourita. Les deux dirigeants ont convenu de relancer la nomination de hauts fonctionnaires (tels que le président de la Banque centrale libyenne, le chef de l'Agence de lutte contre la corruption et le procureur général) "dans les semaines à venir", ainsi que de travailler à un "exécutif unifié" pour la tenue des élections présidentielles et législatives. 

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"La tenue d'élections n'est pas une priorité pour le gouvernement actuel de Tripoli", a critiqué Al-Mashri lors d'une interview télévisée, "et nous rejetons le gouvernement familial [de Dbeibé] et les cas de corruption au sein même du gouvernement". Le chef du Conseil supérieur de l'État a condamné la paralysie politique à laquelle le gouvernement de Dbeibé a soumis le pays depuis son arrivée au pouvoir. "Nous n'excluons pas de travailler en coopération avec la Chambre des députés et la mission des Nations unies pour former un troisième gouvernement" différent de celui de Dbeibé et de celui de Fathi Bashagha (soutenu par le maréchal Haftar, dans l'est du pays), a expliqué Al-Mashri dans d'autres déclarations.

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