Le ministère irakien du pétrole prévoit de porter la production de pétrole à huit millions de barils par jour d'ici 2027

L'Irak dynamise le secteur pétrolier en accordant des licences d'exploitation à des sociétés étrangères

photo_camera AFP/HAIDAR MOHAMMED - Raffinerie de pétrole en Irak

Le secteur de l'énergie domine les économies du Moyen-Orient d'une main de fer. Outre les cas très médiatisés de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, il y a l'Irak, un pays dont l'économie dépend entièrement de l'"or noir". Cependant, alors que ses voisins du Golfe tentent d'alléger le fardeau et de diversifier leurs sources de revenus, le gouvernement irakien double la mise et décide d'augmenter sa production de pétrole brut pour les années à venir, protégeant ainsi le monopole du secteur pétrolier sur son économie.

Cette annonce a été faite la semaine dernière par le chef du ministère du pétrole, Ishan Abdul Jabbar. "Le ministère du pétrole prévoit d'augmenter la production de pétrole à huit millions de barils par jour d'ici la fin de 2027", a-t-il déclaré à l'agence de presse irakienne INA. L'Irak est le deuxième producteur de l'OPEP, derrière l'Arabie saoudite, avec environ 4,5 millions de barils par jour. Si elle était réalisée, le pays doublerait sa capacité actuelle, un défi complexe pour un pays en proie à une grave crise économique.

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Le porte-parole du ministère du pétrole, Assem Jihad, a déclaré que le projet était toujours à l'étude. "Les augmentations ont été calculées en fonction des variables et de l'évolution du marché pétrolier, et il n'est pas possible de prédire ce que sera le marché", a-t-il déclaré à l'INA. Jihad a souligné que "les pays producteurs de pétrole, en raison des défis auxquels est confronté le marché pétrolier, ont reconsidéré leurs plans et leurs calculs", faisant référence aux stratégies exposées par leurs partenaires de l'OPEP à la suite de la crise du COVID-19. Contrairement à Bagdad, ils se sont ouverts et cherchent à exploiter de nouvelles sources de revenus pour réduire leur dépendance au pétrole. Riyad, avec son plan Vision 2030, est le plus ambitieux dans ce domaine.

Cette annonce fait suite à l'accord signé à la mi-juillet par les ministres du pétrole des membres de l'OPEP+. L'organisation a annoncé une augmentation progressive de la production conjointe au cours des cinq prochains mois, à raison de 400 000 barils supplémentaires par jour tous les 30 jours, tout cela dans le but de stabiliser les prix du pétrole et d'éviter une pression à la hausse plusieurs mois après l'effondrement. Les membres du groupe se réuniront à nouveau en septembre pour revoir les quotas de production, une mesure qui profitera notamment à l'Irak.

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Pour mettre en œuvre ses plans de production, le gouvernement irakien a délivré de nombreuses licences d'exploitation à un certain nombre de sociétés étrangères pour forer de nouveaux puits et récupérer les puits existants dans les régions de Kirkuk, Bagdad, Bassora, Maysan et Nasiriyah. L'annonce a été faite par le directeur de l'Iraqi Drilling Company (IDC), Basem Abdul Karim, dans une déclaration publiée dans le quotidien Al Sabah. Parmi les accords conclus par le CPI, un département subordonné au ministère du pétrole, figurent ceux conclus avec l'italien Eni et le britannique BP.

L'Irak a également conclu un accord préliminaire avec la société d'État chinoise CNOOC (China National Offshore Oil Corporation) pour récupérer 150 puits dans le champ de Bazarkan, situé près de la frontière iranienne, pour un montant de 160 millions de dollars. Selon l'agence irakienne INA, ce dernier projet impliquera la société américaine Weatherford. Grâce à ces mesures, le pays pourra relancer les projets d'extraction et de production de pétrole qui ont été laissés en cale sèche par la pandémie. 

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Avant le COVID-19, la valeur totale des exportations s'élevait à 82,309 milliards de dollars, dont 80,027 milliards provenaient du pétrole. Cependant, l'Irak, qui possède l'une des plus grandes réserves de pétrole au monde, a été profondément touché par la chute des prix du pétrole, puisque 90 % des fonds de l'État proviennent de ce secteur

Avec cette mesure, le pays scelle son pari sur " l'or noir " face à son incapacité à coordonner une réponse transversale. La faiblesse politique du gouvernement actuel et la corruption endémique qui sévit en Irak ont conduit ses dirigeants à opter pour cette mesure comme échappatoire pour atténuer la grave situation économique.

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