La Serbie et l'Arménie seraient intéressées par l'acquisition de matériel d'armement auprès de Téhéran

L'Iran envisage de vendre des drones dans les Balkans

photo_camera REUTERS/CAREN FIROUZ - Le leader suprême de l'Iran, l'Ayatollah Ali Khamenei

La guerre en Ukraine a incité l'Iran à développer son marché des armes avec la Russie. Le Corps des gardiens de la révolution (IRGC) a profité de l'instabilité de la région pour favoriser son pays en multipliant les échanges militaires. Moscou, l'un des plus importants, a été le premier avec lequel ils se sont intensifiés, mais d'autres pays des Balkans pourraient suivre. La Serbie et l'Arménie, avec leurs conflits régionaux respectifs, se tournent vers Téhéran pour trouver des occasions de conclure des accords qui pourraient renforcer leurs armées.
 
Les experts sont très préoccupés par une éventuelle course aux armements en Europe de l'Est, qui pourrait conduire à une escalade des tensions. En effet, ils font état de cyberattaques menées par l'Iran contre certains alliés de l'OTAN alors qu'il se rapproche de la Serbie. La Serbie et l'Arménie seraient prêtes à acquérir des armes iraniennes - notamment les drones qui se sont avérés efficaces lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie - tandis que certains pays qui semblent également viser une augmentation de leurs moyens militaires, comme la Croatie, l'Albanie et la Bosnie, préfèrent chercher des alternatives occidentales.

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Belgrade et Zagreb mènent tous deux la course aux armements. Dans le cas des Serbes, la tension avec le Kosovo n'a pas diminué et, bien que la Serbie ait son propre programme de drones, ils seraient intéressés par l'acquisition de drones iraniens en raison de leur faible coût et de leurs performances éprouvées sur le territoire ukrainien. En effet, l'Iran serait prêt à soutenir le programme de fabrication serbe afin de le rendre moins coûteux. 
 
L'accord semble intéressant pour les deux parties. D'une part, les Iraniens renforcent leur influence dans la région et montrent l'intention de Téhéran de tirer parti des situations de turbulence, comme il a déjà commencé à le faire avec le Kremlin. Désormais, les Balkans et le Caucase pourraient être ses nouvelles cibles dans sa tentative de contrer l'influence occidentale et turque. D'autre part, la Serbie traverse un moment délicat avec son voisin kosovar - sans perdre de vue les actions de la Bosnie-Herzégovine. Ainsi, si l'accord se concrétise, Belgrade deviendra le plus grand opérateur de drones militaires dans les Balkans.

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 Cette démarche est inquiétante pour plusieurs raisons. La première est que la Serbie pourrait être en train de préparer une offensive contre le Kosovo - là encore sans quitter des yeux la Bosnie-Herzégovine - et l'acquisition de cet armement indique que les pertes qu'elle pourrait infliger à son adversaire seraient très lourdes. Belgrade a intensifié ses relations avec les pays non occidentaux ces dernières années. Elle n'aurait donc aucun problème à améliorer sensiblement ses liens avec l'Iran, d'autant que la Russie est l'un de ses principaux fournisseurs d'armes.
 
En 2021, la Serbie a acheté à Moscou plusieurs avions russes Mikoyan MiG-29, des hélicoptères Mi-35 et Mi-17, des chars T-72MS et des systèmes antiaériens Pantsir-S1. Et en 2022, ils ont conclu un accord avec la Chine pour l'achat de drones armés et de missiles anti-aériens CH-92. Qui plus est, l'intention du pays d'Aleksandar Vučić était d'acquérir davantage de technologies chinoises, ce qu'il espère faire dans le courant de l'année. Toutefois, ce qui inquiète vraiment les observateurs, c'est que c'est l'Iran qui s'imposera comme un important fournisseur d'armes aux pays d'Europe orientale. 

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