Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, présente un programme visant à atténuer la crise humanitaire dans le pays africain

L'ONU déploie un plan d'aide de 1,7 milliard d'euros pour le Soudan

photo_camera PHOTO/ONU - Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric

Le Soudan est dans un état de crise permanente. Depuis des décennies, ce pays africain traverse une série de conflits politiques et territoriaux qui ont entraîné des guerres sanglantes et une instabilité institutionnelle. Ces causes entravent le développement du pays. Pour remédier à la situation, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a dévoilé son plan de réponse humanitaire pour le Soudan, qui s'élève à environ 1,7 milliard d'euros.

C'est ce qu'a annoncé lundi le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric. "Aujourd'hui, nous avons lancé le plan de réponse humanitaire 2022, qui vise à atteindre 10,9 millions de personnes vulnérables pour un coût de 1,9 milliard de dollars. Près de la moitié de ces fonds seront consacrés à des activités visant à sauver des vies", a-t-il déclaré. L'aide sera axée sur la santé, la prévention et le traitement des maladies, l'éducation et l'accès à l'eau.

Le Soudan connaît une augmentation des besoins humanitaires en réponse à "la récession qui a débuté en 2018, l'insécurité alimentaire aiguë, les conflits, les déplacements à grande échelle, les risques naturels et la réduction de la prestation des services sociaux et de la capacité à répondre aux épidémies, notamment l'EVID-19", selon le porte-parole de l'ONU. Ces facteurs, associés à l'échec de la transition politique et à l'hostilité ouverte entre les groupes ethniques, ont bloqué les progrès.

Dafur Occidental

L'OCHA a publié un rapport sur la situation au Soudan en décembre, détaillant son plan d'action. L'organisation concentrera ses efforts sur les plus de trois millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et sur le million de réfugiés qui ont été contraints de fuir leurs foyers en raison de la recrudescence des violences intercommunautaires, notamment dans les États du Darfour occidental et du Kordofan méridional, régions où des tribus arabes et africaines se livrent à des affrontements acharnés. Ces chiffres inquiétants déstabilisent la région.

Le Soudan a jusqu'à présent reçu 37 % des fonds alloués par les Nations unies. Sur les 1,7 milliard d'euros prévus dans le programme de l'organisation, l'État soudanais dispose de plus de 625 millions d'euros sur ses comptes. Ces fonds sont destinés aux 14 millions de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire, sur un total de 43 millions de personnes dans le pays. Les chiffres sont encore plus mauvais que ceux enregistrés en 2021 car, contrairement aux prévisions, le gouvernement n'a pas réussi à mettre sur les rails la reprise économique souhaitée.

La profonde crise économique du Soudan a entraîné une hausse de l'inflation, ce qui a empêché la majeure partie de la population soudanaise d'avoir accès aux produits de base tels que la nourriture et les médicaments. La lenteur des réformes entreprises par le cabinet du Premier ministre Abdalla Hamdok a accru le mécontentement et a rapidement conduit à des manifestations contre le gouvernement dans plusieurs régions du pays, notamment dans la capitale, Khartoum. Les hauts commandants militaires ont profité de ce climat d'hostilité pour renverser les membres civils du gouvernement et lancer un coup d'État.

Le soulèvement du 25 octobre a annulé l'accord de Juba, signé en 2019 par l'armée et les Forces pour la liberté et le changement. Ce pacte établit un partage sans précédent du pouvoir exécutif entre les militaires et les civils, représentés par une coalition de partis, grâce à laquelle le général Abdel Fattah al-Burhan devient président et l'économiste Abdalla Hamdok prend les rênes du gouvernement. L'accord fixe la date des élections à 2023, date à laquelle l'armée cédera le contrôle à la société civile.

Abdalla Hamdok y Abdel Fattah al-Burhan

La communauté internationale est intervenue pour arrêter le coup d'État. L'action d'organisations telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont menacé de couper les fonds à l'État, a fait reculer l'armée et ramener le gouvernement civil dirigé par Hamdok, qui a été arrêté pendant le coup d'État. Cependant, sa récente démission ouvre un nouveau chapitre dans la politique soudanaise, qui devra renégocier les accords de 2019.

L'ONU a commencé à mettre en œuvre son programme d'aide humanitaire et s'est engagée à modérer le dialogue entre les militaires et les civils afin de trouver une nouvelle issue à la crise. Le chef de la mission des Nations unies au Soudan, Volker Perthes, a proposé, dans le cadre de la mission intégrée d'assistance à la transition des Nations unies au Soudan (UNITAMS), que l'armée et les plateformes politiques s'assoient face à face pour élaborer une nouvelle feuille de route pour le pays.

Le président autoproclamé du Conseil souverain, Abdel Fattah al-Burhan, accueille favorablement la proposition, mais la base a accusé l'ONU de légitimer le coup d'État de l'armée en l'acceptant comme interlocuteur valable. Dans ce dialogue hypothétique, l'attention devrait également se porter sur les épisodes récurrents de violence interethnique dans la région occidentale du Darfour et sur l'insécurité territoriale croissante. C'est un territoire que l'action gouvernementale n'a pas réussi à atteindre.

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