Le Bureau dirigé par Michelle Bachelet estime qu'il est urgent de renforcer la présence de l'État sur l'ensemble du territoire et constate que 2021 a été une nouvelle fois une année très violente avec des centaines de morts et d'assassinats de défenseurs

L'ONU s'inquiète de l'impact des groupes armés sur le processus électoral en Colombie

photo_camera Lucía Benavente Liso - Artisanat réalisé par une victime de la violence en Colombie, bénéficiaire du programme Formándonos para el Futuro de Mocoa.

Dans son dernier rapport sur la situation en Colombie, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme "considère avec préoccupation la présence de groupes armés non étatiques opérant dans les zones correspondant aux 16 circonscriptions de paix et leur impact négatif sur les garanties de sécurité du processus électoral".

Pour cette raison, le Bureau dirigé par Michelle Bachelet exhorte l'État à prendre des mesures préventives pour garantir l'exercice des activités électorales et de la participation politique dans un environnement exempt de menaces et de tout type de violence.

Elle considère également qu'il convient de répondre aux alertes précoces du bureau du médiateur et aux rapports de la mission d'observation électorale, par des mesures de protection, et par une plus grande présence des institutions civiles dans les zones critiques, en menant des actions contre la stigmatisation ou la discrimination fondée sur le genre ou l'ethnicité.

En fait, l'un des plus grands obstacles à la paix, selon le rapport, est la présence limitée de l'État, en particulier des autorités civiles, dans de nombreuses régions du pays, ce qui permet à de nombreux meurtres et autres actes violents de se produire. 

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2021, une autre année violente

L'année dernière a été une fois de plus une année violente en Colombie avec des massacres, des centaines de morts et des milliers de personnes déplacées.

UN Human Rights a reçu des informations sur 100 cas de massacres possibles en 2021, dont elle a vérifié 78 cas, deux sont encore en cours de vérification et vingt ont été considérés comme non concluants.

Dans les 78 massacres vérifiés, 292 victimes ont été enregistrées (32 femmes, 15 garçons, 5 filles et 13 personnes appartenant à des peuples ethniques : 7 indigènes et 6 afro-colombiens). Les départements les plus touchés sont Antioquia, Cauca, Nariño et Valle del Cauca.

En outre, entre janvier et novembre 2021, 72 388 personnes (dont 12 848 enfants) ont été déplacées, soit presque trois fois plus que le chiffre enregistré en 2020 (26 291).

L'ONU, par l'intermédiaire de sa mission de vérification, a également constaté l'assassinat de 54 anciens membres des FARC-EP et a reçu 202 allégations d'assassinats de défenseurs des droits de l'homme, dont elle a vérifié que dans 100 cas, il y avait un lien entre leur mort et leur travail.

En ce qui concerne les violations présumées des droits de l'homme par les forces de sécurité, l'ONU a reçu 100 allégations de meurtres, dont elle a vérifié 54 cas. Parmi celles-ci, 29 étaient dues à un usage inutile ou disproportionné de la force dans le cadre de protestations sociales.

 L'impact des groupes armés

"L'action violente des groupes armés non étatiques et des organisations criminelles affecte les projets de vie individuels et collectifs, et a un impact disproportionné sur les peuples autochtones, les afro-descendants et les communautés paysannes", note le rapport.

Outre les massacres, les déplacements forcés et l'imposition de restrictions de mobilité et d'horaires, ces groupes commettent également des assassinats de leaders sociaux et menacent ceux qui ne tiennent pas compte des exigences du groupe.

Ils contrôlent également les communications des membres de la communauté, limitent les relations avec les tiers, restreignent et contrôlent les activités productives telles que la plantation, la récolte, la pêche et la commercialisation des produits, et font fi des autorités ethniques.

Ces actions ont un impact négatif sur l'accès des communautés à la nourriture et sapent leur autonomie politique et économique.

Elle renforce également le développement et l'exploitation d'économies illicites et le contrôle territorial par des groupes armés non étatiques.

La violence à l'égard des femmes et des filles est un autre facteur de préoccupation, en particulier la violence sexuelle. Les menaces génèrent le silence, rendant invisible la gravité de cette situation.

Le recrutement ou l'utilisation d'enfants par des groupes armés est particulièrement grave et a un impact négatif profond et, dans de nombreux cas, irréversible sur le tissu social des communautés touchées.

De même, le recrutement ou l'utilisation d'enfants par des groupes armés non étatiques et des organisations criminelles les expose à des dynamiques d'exploitation qui comprennent certaines des pires formes de travail des enfants, de traite, de trafic, d'exploitation sexuelle et d'esclavage, qui touchent principalement les filles. 

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 Une présence accrue de l'État

Pour atténuer toute cette violence, l'ONU Droits de l'Homme indique que l'État doit promouvoir sa présence globale en particulier dans les zones rurales d'Antioquia, Amazonas, Arauca, Caquetá, Cauca, Bolívar, Chocó, Nariño, Norte de Santander, Putumayo et Valle del Cauca.

"Cela permettra un meilleur accès à la justice et aux services de base, ce qui facilitera la lutte contre l'impunité et augmentera la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, qui sont des facteurs fondamentaux pour dissuader et prévenir la violence.

En outre, elle estime nécessaire d'approfondir la réforme rurale globale prévue dans l'accord de paix par la mise en œuvre participative des programmes de développement avec une approche territoriale (Programas de Desarrollo con Enfoque Territorial). "Il est urgent de résoudre les conflits agraires et de propriété foncière dans les zones rurales", peut-on lire dans le document.

Il est également urgent de progresser, dans le cadre de la Commission nationale des garanties de sécurité, dans l'élaboration d'une politique publique concertée avec la société civile, y compris les organisations de femmes, pour démanteler les organisations criminelles et leurs réseaux de soutien, comme le prévoit l'Accord de paix.

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