L'UE renouvelle avec la Mauritanie son plus grand accord de pêche
Le Parlement européen a voté en faveur du renouvellement de l'accord et du protocole de pêche et de coopération avec la Mauritanie. Avec 557 votes favorables, la proposition de la commission de la pêche, dirigée par l'Espagnol Izaskun Bilbao (Renouveau européen/Parti nationaliste basque), permettra à 86 navires européens de pêcher dans les eaux mauritaniennes jusqu'à 290 000 tonnes de poisson par an.
Cet accord de pêche est le plus important que l'UE ait conclu avec un pays tiers dans ce domaine. Même avant cet accord, à partir de 1987, l'UE a commencé à obtenir des licences de pêche avec la Mauritanie. Selon le document adopté par le Parlement, les différences entre l'ancien et le nouvel accord se situent dans quatre catégories. Les différences entre l'ancien et le nouvel accord se situent dans quatre catégories : l'augmentation du tonnage annuel, les espèces couvertes par les licences de pêche, la possibilité de renégocier les accords après la troisième année d'application, et certaines mesures que la Mauritanie est invitée à prendre en matière de sécurité et d'écologie de ses côtes.
La UE renueva su mayor acuerdo pesquero. Más de 80 barcos europeos podran aprovechar los excedentes de pesca en aguas mauritanas, faenando en condiciones ambiental y socialmente sostenibles y apoyando el desarrollo del país. @RenewEurope @PDE_EDP @eajpnv pic.twitter.com/Uy1lwPcyn1
— Izaskun Bilbao (@IzaskunBilbaoB) June 8, 2022
En contrepartie, le gouvernement mauritanien recevra 57,3 millions d'euros par an, auxquels s'ajouteront 3,3 millions d'euros destinés exclusivement à la promotion de la pêche locale. Avec l'élevage et l'agriculture, la pêche représente la plus grande contribution au produit intérieur brut de la Mauritanie. Elle se classe également au premier rang pour les exportations vers l'Espagne. Le poisson, bien que sa consommation n'ait pas une grande réputation auprès de la population locale, a souvent été au premier plan des relations bilatérales avec l'Espagne et l'Union européenne, en plus de la sécurité et de l'immigration.
Le bureau technique de l'Agence espagnole de coopération internationale à Nouakchott a encouragé divers projets visant à muscler l'industrie locale. Lors de la visite de la reine Letizia en Mauritanie, certains de ces projets ont été présentés.
L'UE, pour sa part, insiste sur le fait que de tels accords ont un impact positif sur la Mauritanie et constituent une situation gagnant-gagnant. Le rapporteur de cet accord, l'Espagnole Izaskun Bilbao, a déclaré lors d'une audition que "le renouvellement de l'accord est une bonne nouvelle pour la bonne gestion des ressources maritimes et pour le secteur de la pêche. Cela montre que le secteur européen est prêt à opérer dans le monde entier avec des pratiques qui sont durables sur le plan environnemental, équitables pour les personnes qui vivent de la mer et qui contribuent au développement de l'économie locale".
#WorldOceanDay ? aujourd’hui, engageons-nous, il y a urgence ! la planète bleue est source de vie et de revenus à condition d’être gérée et exploitée durablement. pic.twitter.com/fucKAGt5cK
— UEenMauritanie (@UEMauritanie) June 8, 2022
Izaskun Bilbao a également consacré quelques mots aux efforts européens pour contrecarrer les effets négatifs de certaines pratiques de l'industrie chinoise, qui dispose également de permis de pêche en Mauritanie depuis les années 2000. "L'importance d'aborder la croissance non durable de la production mauritanienne de farine et d'huile de poisson pour les fermes d'aquaculture en Asie est également soulignée", a ajouté Izaskun Bilbao.
La Chine est très présente dans le pays. Elle y est entrée au début du millénaire dans le cadre de sa stratégie d'expansion économique sur le continent africain, par le biais d'investissements et de financements d'infrastructures. La présence importante du géant économique asiatique est matérialisée dans la capitale du pays, Nouakchott, par le colossal bâtiment abritant l'ambassade de Chine, qui rivalise avec le complexe (plus grand) de la mission étrangère française.
Plusieurs associations civiles mauritaniennes se sont opposées aux accords de pêche entre le gouvernement mauritanien et la Chine en raison de leur opacité et, comme elles le soulignent, des effets négatifs des pratiques des entreprises chinoises sur les stocks de poissons et l'écologie marine de la côte mauritanienne.
Selon une collecte de signatures organisée par la "Campagne pour sauver les ressources halieutiques mauritaniennes", l'exploitation de la pêche chinoise utilise des techniques de pêche intensive de fond et n'a aucun impact positif sur la population locale.
L'accord européen comprend une recommandation visant à mettre fin à la surpêche des petits pélagiques, famille à laquelle appartiennent par exemple la sardine et le chinchard, en raison des conséquences négatives pour la sécurité alimentaire locale. Selon le communiqué de presse du Parlement européen, ces espèces sont transformées en huile de poisson et en farine de poisson. La Mauritanie s'est engagée en 2017 à mettre fin à cette pratique, qui s'est développée dans le pays depuis 2010.
Dans le cadre du programme d'aide sociale, l'UE a également demandé aux pêcheurs européens de partager un pourcentage de leurs captures avec la population locale afin de les distribuer aux couches les plus démunies de la société mauritanienne.
