Missiles hypersoniques Kinzhal, la nouvelle arme de la Russie contre les défenses aériennes de l'Ukraine
L'invasion russe de l'Ukraine serait entrée dans une deuxième phase, selon la dernière évaluation du ministère britannique de la défense. Dans cette nouvelle phase, la Russie, qui, selon les rapports britanniques, "a été contrainte de changer de stratégie", commencerait à développer ce que Londres a appelé une guerre d'"attrition".
Par conséquent, cette nouvelle phase, comme l'expliquent les rapports, impliquera "un usage inconsidéré et indiscriminé de la puissance de feu", ce qui entraînera "une augmentation des victimes civiles, la destruction des infrastructures ukrainiennes et une intensification de la crise humanitaire".
Pour cette deuxième étape de la guerre, et afin d'atteindre ses objectifs, le Kremlin a commencé à utiliser une nouvelle arme qui sera la clé du conflit : les missiles hypersoniques Kinzhal, supérieurs aux armes conventionnelles.
Ces missiles, capables de se déplacer à dix fois la vitesse du son et d'atteindre des cibles situées à 2 000 kilomètres, constituent un défi majeur pour les défenses aériennes de l'Ukraine. Moscou les a utilisés pour la première fois lors de son opération militaire en Syrie en 2016.
En les comparant à d'autres armes similaires, The Independent note que le missile de croisière américain Tomahawk peut se déplacer à environ 885 kilomètres par heure, tandis que le Kinzhal atteint 12 347 kilomètres par heure.
Les Kinzhal - qui signifie poignard en russe - sont difficiles à détecter par les systèmes de défense, tandis que leurs capteurs permettent de localiser les points avec plus de précision. En outre, les dégâts qu'ils provoquent sont bien plus importants que ceux causés par les missiles conventionnels. Ce type de missile peut être lancé à partir de bombardiers Tu-22M3 ou de chasseurs MiG-31K. D'autre part, le Kinzhal peut également être équipé d'une charge nucléaire.
Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense a confirmé son utilisation à deux reprises pendant la guerre en Ukraine. D'abord, samedi, la destruction d'un dépôt souterrain de munitions et de missiles à Delyatyn, dans l'ouest de l'Ukraine, près de la frontière roumaine et donc de l'espace de l'OTAN. Ils ont ensuite utilisé ces missiles pour attaquer un site de stockage de carburant, cette fois dans le sud du pays.
#Russian MOD showed footage of the destruction of an underground hangar with armament of the Armed Forces of #Ukraine by "Kinzhal" missile pic.twitter.com/Z4YOHE4RKv
— Middle East Update (@islamicworldupd) March 19, 2022
"Les systèmes de missiles d'aviation Kinzhal dotés de missiles balistiques hypersoniques ont détruit un grand site de stockage de carburant et de lubrifiant des forces armées ukrainiennes près de la localité de Kostyantynivka dans la région de Mykolaiv", a annoncé le porte-parole du ministère Igor Konashenkov, qui a également confirmé le lancement de missiles de croisière Kalibr depuis les eaux de la mer Noire contre Nizhyn dans le nord du pays. L'armée russe a également lancé des attaques contre l'Ukraine depuis la mer Caspienne.
Les missiles hypersoniques de la Russie marquent un tournant dans la guerre en Ukraine. Des responsables américains ont expliqué à CNN que ces lancements étaient "probablement" destinés à "tester les armes et à envoyer un message à l'Occident" sur les capacités russes, ce qui s'était déjà produit en février dernier, lorsqu'un chasseur équipé du missile avait été signalé à Kaliningrad.
Le Kinzhal fait partie d'une suite d'armes dévoilée par la Russie en 2018 et classée comme "invincible". La "dague" est rejointe par Zirkon et Avangrad, dont la vitesse et la portée sont encore plus grandes.
Cependant, la Russie n'est pas la seule à posséder de telles armes. Les rapports américains indiquent que la Chine a effectué des "centaines" de tests d'armes hypersoniques entre 2016 et 2021. En effet, en octobre dernier, Mark Milley, président des chefs d'état-major interarmées américains, a qualifié de "très troublant" un essai d'armes hypersoniques réalisé par Pékin.
La Corée du Nord affirme également avoir testé avec succès deux missiles hypersoniques depuis le début de l'année, l'un le 5 janvier et l'autre le 11 janvier, selon l'Agence centrale de presse coréenne.
D'autre part, des pays comme le Royaume-Uni, la France et l'Iran travaillent au développement de ce type de missile.