Riyad réalise d'importants progrès sociaux et économiques

Mohammed bin Salman et son dîner avec Emmanuel Macron

photo_camera AFP/BERTRAND GUAY - Le président français Emmanuel Macron salue le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée au palais de l'Élysée à Paris, le 28 juillet 2022.

Jeudi 28 juillet au soir, Emmanuel Macron a diné avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont c’est la première visite en Europe depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l’énergie, cette rencontre signale un choix de realpolitik du président de la République française. De plus, l’Arabie saoudite souhaite s’ouvrir sur le monde, et donc collaborer avec des dirigeants économiques français.

Il y a deux semaines, Joe Biden s’est rendu en Arabie saoudite à la rencontre de Mohammed ben Salmane (MBS). Cette visite du président américain a consacré le retour du prince héritier sur la scène internationale, dans un contexte de crise ukrainienne et d’explosion des prix de l’énergie. Pour rappel, MBS avait été rejeté par les pays occidentaux après le meurtre en 2018 du journaliste critique Jamal consulat de son pays à Istanbul. Le « fist bump », salut poing contre poing, échangé entre Joe Biden et le fils du roi Salmane semble donc ôter le statut de paria que ce dernier avait acquis après le meurtre du journaliste Jamal Kashoggi.

A la suite de cette rencontre, Mohammed ben Salmane a entamé une mini tournée européenne, avec comme formule emblématique la promesse « d’une énergie beaucoup moins chère » pour les Européens. Il a commencé son voyage par la Grèce, le mardi 26 juillet. Une étape importante car un câble électrique reliant le pays à l’Arabie saoudite doit y être installé dans les prochains mois.

D’autres projets sont sur la table, avec l’objectif de transformer la Grèce en forme de hub entre l’Europe et le Moyen-Orient sur les questions énergétiques, comme l’hydrogène. Les discussions entre MBS et Kyriakos Mitsokasis (Premier ministre grec) ont également porté sur un projet de câble de transfert de données entre l’Arabie saoudite et la Grèce, qui « sera transformé en une plaque tournante régionale entre l’Europe et l’Asie », ajoutent des sources diplomatiques grecques.

Deux jours plus tard, le prince héritier a été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron. Une rencontre vivement critiquée dans la mesure où Mohammed ben Salmane est soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Jamal Khashoggi et que le sujet du respect des droit humain en Arabie saoudite pose question. Néanmoins, le chef d’Etat français considère, après Joe Biden et Mitsokasis, que le pays du Golfe est incontournable géopolitiquement, avec la guerre en Ukraine, et financièrement, parce que c’est le premier pays exportateur de pétrole brut.

De plus, Ryad fait des progrès sociétaux et économiques, réclamés par une population saoudienne jeune (les deux tiers des Saoudiens ont moins de 30 ans), urbanisée (85%), éduquée et connectée sur les réseaux sociaux. Les femmes peuvent aujourd’hui conduire et la ségrégation de genre dans les lieux publics a été supprimée. La police religieuse a été mise au pas et des ulémas extrémistes ont été arrêtés. Une nouvelle fête nationale a été instaurée, qui marque l’indépendance entre les Saoud et le prédicateur Abdel Wahab. Des cinémas ont été ouverts et des événements culturels et touristiques lancés, comme le Paris- Dakar. Certes, les ONG de promotion des droits de l’homme poursuivent leur pression à l’égard du Royaume, comme d’autres Etats alentours d’ailleurs et l’Arabie saoudite n’est pas une démocratie. Lors de son entrevue, Emmanuel Macron a abordé la question des droits de l’homme en Arabie.

L’Arabie saoudite souhaite aussi s’ouvrir au monde à travers sa Vision 2030. Il s’agit d’un plan de développement mis en place par le gouvernement qui vise à faire sortir l’Arabie saoudite de sa rente pétrolière historique en diversifiant son économie et en ayant recours à diverses privatisations. L’appui des dirigeants économiques français, qui s’organiseront pour mieux travailler à l’export, peut être utile à l’Arabie saoudite dans cette quête de développement.

« Rappelant les efforts menés par le Royaume d’Arabie saoudite pour diversifier son économie dans le cadre de la Vision 2030, le Président de la République a marqué la disponibilité des entreprises françaises à accompagner cette transformation, notamment dans les domaines de la transition énergétique. Il a rappelé le savoir-faire reconnu des entreprises françaises en matière de villes durables, de numérique, ou de transports. Le Président de la République a également salué la volonté saoudienne d’accroître ses investissements dans le tissu industriel et productif français », précise l’Elysée dans un communiqué.

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