Quels sont les marchés émergents qui cherchent à stimuler la production de véhicules électriques ?
Face à la demande croissante de transports respectueux de l'environnement, plusieurs marchés émergents redoublent d'efforts pour stimuler les ventes et la production de véhicules électriques (VE).
L'un des derniers pays à tenter de stimuler la croissance du secteur est la Thaïlande, qui a approuvé le mois dernier un ensemble de mesures incitatives visant à s'imposer comme un leader régional dans ce domaine.
Dans le cadre d'un plan visant à encourager l'achat de VE, les mesures comprennent une réduction de 40 % des droits d'importation sur les VE entièrement construits coûtant jusqu'à 2 millions de BT (60 500 USD) et une réduction de 20 % sur les VE évalués entre 2 millions et 7 millions de BT (entre 60 500 et 212 000 USD).
En outre, le gouvernement a annoncé qu'il réduirait les droits d'accise sur les VE importés de 8 % à 2 %, ce qui devrait permettre d'ajouter 7 000 VE au parc automobile du pays d'ici un an.
Parallèlement, afin de stimuler la production de véhicules électriques dans le pays, les constructeurs automobiles éligibles recevront des subventions comprises entre 70 000 et 150 000 BT (2 120-4 540 $) pour chaque voiture produite, et 18 000 BT (545 $) pour chaque moto électrique.
Ces mesures incitatives soutiennent le plan stratégique du pays, qui vise à ce que les véhicules électriques représentent 30 % de l'ensemble des véhicules produits en Thaïlande d'ici 2030.
Ces dernières mesures s'appuient sur des incitations antérieures conçues pour accélérer la croissance de l'industrie des véhicules électriques. En novembre 2020, le conseil d'investissement de la Thaïlande a introduit des réductions de la taxe d'accise et des exonérations de l'impôt sur les sociétés pour ceux qui investissent dans cet espace.
La Thaïlande, qui est l'un des principaux producteurs industriels et constructeurs automobiles d'Asie du Sud-Est, avec une production annuelle d'environ 2 millions de véhicules, est bien placée pour tirer parti du passage à la mobilité électrique.
La Thaïlande n'est pas seule dans la région à vouloir développer sa capacité en matière de VE, et l'Indonésie a également introduit un certain nombre de mesures ces dernières années.
En septembre 2020, le pays a publié sa feuille de route pour les véhicules électriques, qui prévoit de produire 600 000 VE à quatre roues et 2,45 millions de VE à deux roues par an d'ici 2030.
Cette mesure s'est accompagnée d'une série de réductions tarifaires et d'autres avantages pour ceux qui investissent dans le secteur, tandis qu'en mars 2021, quatre entreprises publiques ont formé l'Indonesia Battery Corporation, chargée de gérer l'industrie des batteries pour VE.
Ces développements semblent avoir eu l'effet escompté.
En décembre 2020, la multinationale sud-coréenne LG et le gouvernement indonésien ont signé un protocole d'accord concernant un accord d'investissement de 9,8 milliards de dollars dans les batteries pour véhicules électriques. Dans le cadre du protocole d'accord, LG et le constructeur automobile Hyundai ont entamé, en septembre de l'année dernière, la construction d'une usine de batteries pour véhicules électriques d'une valeur de 1,1 milliard de dollars, qui devrait produire suffisamment de batteries pour alimenter 150 000 véhicules électriques une fois terminée.
En outre, Hyundai deviendra la première entreprise à produire des véhicules électriques en Indonésie, avec de nouveaux modèles attendus dans son usine de Cikarang plus tard cette année.
Bien que le marché des véhicules électriques n'en soit qu'à ses débuts et qu'il n'ait représenté que 0,5 % des ventes totales de voitures en Indonésie au cours du premier semestre de l'année dernière, le pays dispose d'un avantage clé dans sa quête d'expansion de la production : le nickel.
L'Indonésie abrite environ un quart des réserves mondiales de nickel, un élément clé de la production de batteries. Étant donné que les batteries représentent environ 35 % des coûts de production d'un VE, un approvisionnement régulier en nickel pourrait réduire considérablement les coûts de fabrication en Indonésie et rendre ainsi l'industrie plus compétitive.
Si le marché mondial des VE est dominé par la Chine, l'Europe et les États-Unis, les marchés émergents, comme la Thaïlande et l'Indonésie, cherchent à tirer parti de la demande croissante et à conquérir leur propre part de marché.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, le nombre total de voitures, camions, camionnettes et bus électriques passera de 11 millions à 145 millions d'ici la fin de la décennie.
La nécessité de passer à la mobilité électrique sera encore plus pressante pour les pays producteurs de voitures existants, les préférences sur de nombreux marchés évoluant rapidement vers les véhicules électriques.
Par exemple, l'année dernière, l'UE a proposé des mesures qui interdiraient essentiellement la vente de nouvelles voitures à essence et diesel à partir de 2035.
En tant que pays qui exporte 64 % de ses véhicules fabriqués à l'étranger, notamment vers les marchés de l'UE, l'Allemagne, la France et la Belgique, l'Afrique du Sud est un marché émergent qui a identifié la nécessité de développer sa capacité en matière de VE.
Bien que les niveaux de production restent faibles et que les véhicules soient lourdement taxés, le gouvernement est favorable à une transition. En octobre de l'année dernière, le président Cyril Ramaphosa a déclaré que le passage à la production de VE serait "accéléré", et de nombreux acteurs du secteur s'attendaient à ce que des incitations soient mises en œuvre.
Entre-temps, le Maroc, autre exportateur clé de produits automobiles vers l'Europe, a déjà fait ses premiers pas vers un avenir axé sur les VE. L'année dernière, le constructeur automobile allemand Opel a commencé à fabriquer des véhicules électriques dans le pays, et le modèle Rocks-e a été la première voiture de tourisme entièrement électrique fabriquée en Afrique du Nord.
