L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental termine sa tournée sans développements ni accords majeurs

Sáhara: la segunda gira de De Mistura cae en saco roto

photo_camera PHOTO/AFP - L'envoyé de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, rencontre le chef du Polisario, Brahim Ghali, à Tindouf le 4 septembre 2022, dans le cadre d'une tournée régionale

Staffan de Mistura, l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental a terminé mardi sa tournée des acteurs impliqués dans le dossier du Sahara occidental. Le diplomate italien, qui aura bientôt un an à ce poste, a visité la capitale algérienne, les camps de Tindouf et enfin la capitale mauritanienne, Nouakchott. 

Il ne s'est pas rendu à Rabat, ni dans les territoires sahariens administrés par l'État marocain, alors qu'il avait exprimé des mois auparavant sa volonté de visiter la ville la plus peuplée de la région, El Aaiún. Derrière cette décision se cachent l'Algérie et le Maroc, qui n'auraient pas donné leur accord pour une telle visite. L'Algérie a été particulièrement critique et tendue lors de ce cycle de contacts, lorsqu'elle a mis son veto à l’utilisation d’un avion de l’armée de l’air espagnole pour transporter l'équipe de l'envoyé spécial. Au lieu de cela, de Mistura a été transporté par la compagnie aérienne nationale algérienne. Entre-temps, le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies s'en tient à ses propos du 5 juillet, assurant la "liberté de mouvement" dont jouit de Mistura dans le cadre de sa mission. 

AFP/FABRICE COFFRINI - El enviado Personal del Secretario General para el Sáhara Occidental, Staffan De Mistura

Le gouvernement Tebboune a également exprimé son souhait de négociations en face à face entre le Maroc et le Front Polisario, ce qui ne semble pas être un scénario plausible à court ou moyen terme. De son côté, le Front Polisario lui-même a également exprimé ses critiques à l'égard du gouvernement espagnol, qu'il ne considère plus comme un "acteur positif" du processus de paix, après que le gouvernement de Pedro Sánchez a manifesté sa préférence pour une solution marocaine au conflit, toujours dans le cadre de la résolution de l'ONU. 

Le Polisario a également critiqué l'ONU, l'accusant de manquer de fermeté dans l'application de ses résolutions, dans une déclaration signée par le chef d'état-major de l'Armée de libération du peuple sahraoui, Mohamed Luali Akeik. "L'ONU a fui ses responsabilités pendant trente ans, ce qui a eu des répercussions sur le peuple sahraoui, qui paie un prix élevé en raison de l'obstination de l'occupant marocain", peut-on lire dans la déclaration du militaire, que De Mistura a rencontré à peine un jour plus tôt. 

Des sources anonymes citées par le quotidien Jeune Afrique se plaignent d'un processus de paix mené par l'ONU dont la méthodologie de travail est usée et qui n'a pas porté ses fruits ces dernières années. Un ancien membre du groupe d'insurgés indépendantistes aurait déclaré aux médias francophones spécialisés dans l'Afrique que "la méthode de l'ONU est toujours la même, rien n'a changé, l'envoyé continue de rencontrer les mêmes personnes, qui répètent les mêmes choses. Bien qu'il soit clair que nous ne sommes pas du tout dans un contexte de médiation".
 

AFP PHOTO /Ministerio de Asuntos Exteriores de Marruecos - Ministro de Asuntos Exteriores de Marruecos, Nasser Bourita (R), recibiendo al Enviado del Secretario General para el Sáhara Occidental, Staffan De Mistura (L), en Rabat

En ce qui concerne la méthodologie de l'ONU au Sahara, les groupes de la société civile sahraouie, comme le Mouvement sahraoui pour la paix, estiment également qu'elle ne mène à rien. "Après un an avec le dossier à sa charge, de Mistura s'est contenté de faire des visites et des tournées de contacts sans résultats majeurs. Cela nous rend pessimistes", déclare Hach Ahmed Barak Allah, secrétaire général du Mouvement Sahraoui pour la Paix, dans une interview avec ATALAYAR. "En novembre 2021, nous avons salué la nomination de Staffan de Mistura après trois ans sans envoyé spécial. Nous avions espéré qu'il donnerait un nouvel élan au conflit, mais cela n'a pas été la réalité", poursuit le Hassani, qui regrette que le diplomate italien n'ait même pas réussi à faire respecter le cessez-le-feu au Sahara.

Pour Hach Ahmed Barak Allah, la méthodologie de l'ONU est celle d'un blocus, qui ne suffit pas à briser le cercle vicieux. "Nous pouvons continuer pendant encore 50 ans comme ça. A notre avis, de nouveaux acteurs sont nécessaires dans le dialogue de ce dossier", ajoute-t-il. "La société sahraouie n'a pas une seule voix. Cela ne se produit dans aucune démocratie, et c'est pourquoi le paradigme de l'ONU échoue. Quant aux demandes de l'Algérie d'organiser un dialogue entre le gouvernement marocain et le Front Polisario, il ne pense pas que cela apportera quelque chose de nouveau à la résolution du conflit. "Cela a déjà été fait ces dernières années et cela n'a donné aucun résultat". 

Sans passer par Dakhla ou El Aaiún, de Mistura est arrivé en Mauritanie le dimanche 11 pour rencontrer le Président de la République, Mohamed Ould Ghazouani. Aucun détail n'a filtré de sa conversation avec le président mauritanien et son équipe, si ce n'est les déclarations des diplomates mauritaniens à l'agence de presse EFE, rappelant la position traditionnelle de neutralité de la République islamique sur cette question. 

La Mauritanie joue souvent la carte de la non-ingérence et de la neutralité dans ses propres affaires, en adoptant toujours une position ambiguë qui lui permet de ne perdre aucun contact diplomatique. Bien que le gouvernement mauritanien reconnaisse la République arabe sahraouie démocratique autodéterminée, le Front Polisario n'a pas de représentation permanente à Nouakchott.

Plus dans Politique