La tenue d'un dialogue national provisoire, organisé indirectement et sous les auspices des Nations unies, pourrait marquer le début de la fin de la crise politique soudanaise

Soudan, premiers pas vers la stabilité politique ?

photo_camera PHOTO/AFP - Photo d'archive. Des manifestants soudanais descendent dans les rues d'Omdurman pour exiger la transition du gouvernement vers un régime civil, octobre 2021

L'impasse dans laquelle se trouve le Soudan dans une crise politique qui s'éternise depuis plus de six mois ne semble pas avoir de fin en vue. Pendant ce temps, les efforts combinés de l'Union africaine, de l'Autorité intergouvernementale pour le développement de l'Afrique de l'Est et de la Mission intégrée des Nations unies pour l'assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) pour rétablir le dialogue et le processus de transition continuent de tomber dans des oreilles de sourds. 

À cet égard, le mécanisme tripartite a annoncé, en vue des 10, 11 et 12 mai, la tenue d'un cycle de "dialogue national" à caractère indirect, qui constituerait la première phase du rapprochement des parties et de la restauration éventuelle d'un gouvernement civil. Cependant, quelques heures après que 110 alliances, partis et blocs soudanais ont signé la "Déclaration nationale pour soutenir la souveraineté et la transition démocratique" contre le coup d'État - qui comprend un accord "contre l'ingérence étrangère" - la tripartite a annoncé que la réunion serait reportée. 

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"Aucune date n'a encore été fixée pour les réunions", a déclaré de façon laconique le porte-parole de l'UNITAMS, Fadi el Qadi, le 9 mai, au sujet des pourparlers, qui devaient permettre d'élaborer un plan en quatre volets pour trouver des solutions à la crise politique. La feuille de route devait inclure des réformes constitutionnelles, la définition de nouveaux critères de sélection du corps ministériel, la formulation d'un programme de gouvernement pour répondre aux besoins les plus urgents des citoyens, et enfin, l'organisation d'élections équitables. 

Toutefois, comme le rapporte Al-Arab, et comme l'a annoncé le groupe Forces pour la liberté et le changement (une coalition de groupes civils et rebelles soudanais) lors d'une conférence de presse, le siège de l'UNITAMS à Khartoum a accueilli lundi la première série de dialogues indirects. Lors de cette réunion, l'agence des Nations unies aurait rencontré une délégation du Parti du Congrès national ainsi que du Mouvement de libération du peuple, qui comprend d'autres partis tels que le Mouvement pour la justice et l'égalité. Les discussions ont été décrites par UNITAMS comme étant "constructives et franches", et devraient maintenant représenter une nouvelle étape sur la voie des négociations avec toutes les parties impliquées dans la crise. 

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Pour leur part, les comités dits de résistance - les principaux groupes du mouvement anti-coup d'État soudanais - ont réitéré leur refus de toute forme de dialogue avec la partie militaire, en s'appuyant sur le slogan des trois "non" : pas de légitimité, pas de négociation et pas de partenariat. 

Depuis le coup d'Etat du 25 octobre par le chef de l'armée et président autoproclamé du Conseil souverain du Soudan, Abdel Fattah Al-Burhan, la déclaration de l'état d'urgence et la dissolution des institutions chargées de la transition ont provoqué un grand mécontentement au sein de la population soudanaise. Les manifestations de rue quasi quotidiennes sont devenues une caractéristique constante du pays, et les abus de la police, les arrestations arbitraires et les attaques contre les journalistes et les médias continuent d'exacerber les tensions. 

Mais malgré les demandes incessantes de retour à un régime civil, Al-Burhan n'a cessé de nier le coup d'État. Selon le responsable militaire, ses mesures ne visaient qu'à "corriger le cours de la phase de transition", et il affirme qu'il cédera le pouvoir par le biais d'élections ou d'un consensus national. 

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Avant cette situation, le Soudan était au milieu d'une période de transition de plus de 50 mois, qui a débuté à l'été 2019 et devait se terminer par des élections au début de 2024. Pendant cette longue période, le pouvoir était censé être partagé entre l'armée, les forces civiles et les mouvements armés, qui avaient déjà signé un accord de paix avec le gouvernement en 2020. 

À ce jour, une centaine de citoyens soudanais ont perdu la vie en raison de la répression policière des manifestations, et le Comité médical central du pays a déjà lancé une alerte à ce sujet. "Les forces du coup d'État utilisent délibérément une violence mortelle contre les manifestants pacifiques et prouvent chaque jour que la paix est plus forte que les balles, les fusils et la machinerie violente des putschistes", a-t-il déclaré dans un communiqué.

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