Le ministre algérien des Finances a accusé l'agence de presse gouvernementale (APS) d'"exagérer" les données de l'organisme financier

El informe del Banco Mundial provoca controversias políticas en Argelia

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L'Algérie a terminé l'année 2021 dans une controverse économique à propos d'un rapport de la Banque mondiale sur la situation financière fragile du pays.  "Les dépenses publiques ont stagné, les secteurs non-hydrocarbures ont ralenti et la croissance annuelle moyenne du PIB a diminué de 1,1 % entre 2017 et 2019, entraînant une baisse du PIB par habitant", explique l'organisme international. Le rapport a également souligné la lenteur de la mise en œuvre des réformes par le gouvernement algérien. En réponse, l'agence de presse nationale, APS, a accusé la Banque mondiale de "manipulation et de propagande" et d'"élaborer un complot visant à porter atteinte à la stabilité du pays". D'autre part, les données de l'institution financière ont été qualifiées d'"informations biaisées et malveillantes sur la situation économique en Algérie".

Cependant, ce rapport n'a pas seulement mis en évidence les perspectives économiques critiques de l'Algérie, mais a également provoqué une crise politique. Certaines autorités algériennes ont reproché aux médias d'État d'avoir "exagéré" les données du rapport. Ayman bin Abdel Rahman, le ministre des Finances, a affirmé que les données ont été exagérées par la presse nationale, transformant le rapport en un document "purement négatif". Au contraire, le ministre a souligné que "même si nous ne sommes pas d'accord avec lui sur certaines données, le rapport est plein d'indicateurs positifs". Ce n'est pas la première fois qu'Abdel Rahman s'en prend à la presse. En novembre dernier, le ministre a affirmé que les médias et les "outils de propagande" étaient devenus une menace interne, selon le média algérien Algerie7. 

PHOTO/AFP  -   Aymen Ben Abdel Rahamane, ministro de Finanzas de Argelia y ahora nombrado primer ministro

Quant aux aspects négatifs du document, le ministre des Finances a annoncé qu'"ils répondront à leur manière" et qu'"il y a des mécanismes et des procédures en place". L'Algérie a commencé l'année avec une augmentation du prix de deux produits alimentaires de base : le pain et l'huile de cuisson. Cette augmentation a provoqué de longues files d'attente de citoyens pour acheter les marchandises, rapporte The North Africa Post. 

Les déclarations du ministre en relation avec le rapport de la Banque mondiale, "confirment l'existence d'une autre partie qui détient la décision, non seulement en donnant des ordres aux médias, mais dans tous les aspects des affaires militaires, sécuritaires, politiques et économiques", note le journal Al-Arab. Le quotidien arabe rapporte également que les reproches adressés par Abdel Rahman aux médias nationaux, en particulier aux médias d'État, ont semé la confusion au sein de la presse du pays, car "il semble qu'il y ait plus d'un pouvoir" qui cherche à contrôler l'opinion publique. Al-Arab note également que l'attaque de l'agence de presse étatique contre la Banque mondiale a été menée sans la participation d'analystes de la Banque centrale d'Algérie ou de responsables du secteur économique, menés par le ministre Abdel Rahman, ce qui pourrait laisser le gouvernement et ses experts "embarrassés devant leurs homologues de la Banque mondiale".  

AP/TOUFIK DOUDOU - Manifestantes argelinos toman las calles de la capital Argel para rechazar las elecciones presidenciales, en Argel, Argelia, el viernes 13 de diciembre de 2019

Alger se concentre sur la mobilisation des médias du pays, tant gouvernementaux que privés, afin de "mobiliser l'opinion publique pour qu'elle prenne conscience des dangers réels et des conspirations régionales contre sa sécurité et sa stabilité", explique Al-Arab. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement algérien investit d'importantes sommes d'argent dans les médias nationaux.  

Une agence d'État algérienne accuse le Maroc d'avoir rédigé le rapport de la Banque mondiale 

Les arguments de l'Algeria Press Service (APS) contre la Banque mondiale sont basés sur des conspirations présumées provenant de "certains pays et de forces hostiles". L'agence de presse a même accusé le Maroc d'être à l'origine de ce rapport. L'APS affirme que Ferid Belhaj, l'auteur du document et vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, est un ami proche des autorités politiques marocaines. Belhaj, de nationalité tunisienne, a rejoint l'agence en 1996 et a depuis travaillé sur des programmes au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Irak et en Iran. Il a également été représentant spécial de la Banque mondiale auprès des Nations unies de 2007 à 2010, où il a concentré son travail sur les questions climatiques, les objectifs du Millénaire pour le développement, les États fragiles et post-conflits, ainsi que la crise financière et alimentaire mondiale. 

AFP/FADEL SENNA  -   Banderas de Marruecos y Argelia en Saidia, en la frontera entre ambos países

Malgré sa grande expérience, l'APS qualifie Belhaj de "personnage douteux et malsain". Il en profite également pour attaquer le Maroc voisin, qu'il décrit comme "le royaume du mal et de la misère". Les accusations et les critiques de l'Algérie à l'égard de Rabat coïncident avec la rupture définitive des relations entre les deux pays. Après que l'Algérie a suspendu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août, le Royaume a décidé de mettre fin au travail de sa délégation diplomatique à Alger

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