L'ONG, proche du Hirak, a été dissoute en janvier dernier à l'issue d'un procès tenu en l'absence de ses membres et de leurs avocats. La LADDH rejoint d'autres organisations et médias réduits au silence par les autorités

La dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme met en évidence la répression du régime

PHOTO/FILE - La récente dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) met en évidence la répression croissante exercée par le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune

Les libertés en Algérie reculent à pas de géant. La récente dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) met en évidence la répression croissante exercée par le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune.

L'ONG, proche du Hirak, a été fondée en 1985 dans le but de défendre les droits de l'homme dans le pays. La LADDH a condamné et dénoncé la répression des manifestations en Algérie, ainsi que l'illégalisation d'organisations ces dernières années, comme le Ressemblement Actions Jeunesse (RAJ), une association nationale de la jeunesse algérienne, ou SOS Bab-El Oued. De même, Alger a fermé des médias dans le but de faire taire les voix critiques

C'est précisément la raison pour laquelle la LADDH a été démantelée en janvier dernier après un procès qui s'est déroulé sans les accusés et leurs avocats. En effet, les membres de l'organisation - pour la plupart exilés en France ou en Belgique - ont appris la dissolution de la LADDH par les réseaux sociaux

Grâce à Internet, ils ont également pris connaissance de la décision de justice, adoptée en juin 2022. "Nous n'avons jamais reçu d'acte d'accusation. Nous n'étions pas présents lors du procès et nous n'avons jamais reçu le verdict", a déclaré Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, à TV5 Monde.

Selon Salhi, les autorités ont démantelé l'ONG en raison de sa défense des droits de l'homme et des militants du Hirak. "Les autorités ne veulent pas écouter les voix dissidentes", dit-il. Le gouvernement Tebboune a également accusé la LADDH de "faire du tort au pays sur le plan international" et d'être "des agents sionistes et marocains". Cette dernière accusation faisait suite aux liens de la LADDH avec des associations étrangères telles que la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), EuroMed Rights et la Coordination des organisations des droits de l'homme au Maghreb.

Les organisations internationales ont condamné la décision des autorités algériennes. Dans ce sens, la Ligue française des droits de l'homme (LDH), la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont averti dans un communiqué commun après la dissolution de la LADDH que "la détérioration de la situation des droits de l'homme en Algérie est plus préoccupante que jamais", comme le rapporte Le Monde

Le journal français souligne également que la suppression de la LADDH démontre l'intention d'Alger d'"éliminer les noyaux résiduels du Hirak de 2019" et la "surenchère répressive du régime". D'après les chiffres d'Amnesty International, au moins 266 militants et manifestants algériens se trouvent dans les prisons du pays " uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion ". Le Monde rapporte également que des dizaines de personnes ont été convoquées par la police pour se rendre au tribunal, où elles seront interdites de quitter le pays et se verront retirer leur passeport. 

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2022, une année noire pour le journalisme algérien

2022 a été une année particulièrement difficile pour les journalistes et reporters algériens. Le gouvernement Tebboune a farouchement tenté de réduire au silence les derniers médias libres et indépendants du pays, comme le quotidien Liberté, qui a définitivement fermé ses portes en avril "pour des raisons financières" après des années de pression. Selon Radio France Internationale (RFI), son principal actionnaire, Issad Rebrab, a décidé de liquider le journal afin d'établir de meilleures relations avec les autorités et ainsi protéger ses intérêts.

El Watan (La Patrie) a également connu des moments difficiles en 2022. En juillet, ses employés se sont mis en grève pour dénoncer les mauvaises conditions économiques. Le journal a été suspendu à plusieurs reprises en raison de pressions politiques, tandis que son ancien rédacteur en chef, Omar Belhouchet, a été condamné pour "diffamation". 

L'année s'est terminée par l'arrestation du journaliste Ihsane el-Kadi et la fermeture de l'agence Interface Media, un conglomérat qui comprend Radio M et Maghreb Emergent. El-Kadi est toujours en prison aujourd'hui, accusé d'"atteinte à la sécurité de l'État". La défense du journaliste affirme que El-Kadi est victime de "harcèlement judiciaire et sécuritaire" depuis plus de deux ans en raison de ses opinions politiques et de son avis sur le Hirak. Ils affirment que son emprisonnement relève davantage d'un "règlement de comptes politique" que d'une affaire juridique.

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