Près de 50 ans plus tard et alors que des plaintes ont été déposées auprès de la Cour internationale de justice de La Haye, les membres de l'Association marocaine des victimes de l'expulsion arbitraire d'Algérie (AMVEAA) demandent que justice soit faite

Marruecos clama justicia frente a Argelia por el dolor ocasionado en la Marcha Negra

PHOTO/MAP - Le roi Mohamed VI s'adresse à la nation à l'occasion du 47e anniversaire de la Marche verte.

Les tensions entre l'Algérie et le Maroc, qui ont atteint leur paroxysme en août 2021, remontent au siècle dernier avec les événements de la "Marche noire" de 1975. La domination de la région, riche en pétrole, en gaz et en minéraux semi-conducteurs, ainsi que la porte d'accès à l'Europe et à l'océan Atlantique, ont été les principaux motifs des tensions entre les gouvernements de Rabat et d'Alger. A cela s'ajoute l'intervention de l'Espagne, à l'époque, avec l'abandon du Sahara Occidental comme 53ème province, et la position actuelle du gouvernement de Pedro Sánchez sur la reconnaissance de la souveraineté alaouite sur le Sahara occidental.

En raison des relations entre les deux pays, plus de 45 000 familles marocaines, soit environ 400 000 personnes, ont été exilées du sol algérien dans les années 1960 et 1970. L'Association "Marocains Victimes d'Expulsion Arbitraire d'Algérie" (AMVEAA) demande justice et réparation à l'Etat algérien pour des milliers de familles affectées par le déplacement forcé dont elles ont fait l'objet de la part des autorités algériennes. Plus précisément, l'Association remonte à décembre 1975, date qui coïncide avec les célébrations arabes de l'Aïd al-Adha, commémorant le récit coranique du prophète Ibrahim acceptant de sacrifier Ismaïl en guise d'acte d'obéissance divine.

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Le 8 décembre 1975, le régime militaire algérien, sur ordre du colonel Boumediane, a procédé à l'expulsion des familles marocaines vivant légalement en Algérie, qui ont été expulsées de leurs maisons sans avertissement, traitées comme des animaux et laissées en rade à la frontière. Tout ceci était la réponse de l'Algérie à la Marche verte marocaine qui avait eu lieu un mois plus tôt pour récupérer le Sahara marocain alors occupé par l'Espagne. Le régime d'Alger viole ainsi les liens du sang et du voisinage, de l'islam et de l'arabisme, et oublie les gestes marocains d'Oujda, qui ont servi à libérer l'Algérie de la France.

La déportation est un geste disproportionné face à un acte marocain totalement pacifique (la Marche Verte), qui ne cherchait qu'à récupérer ce qu'il considérait comme son bien, un acte d'obsession algérienne pour le contrôle de la région. Face à cette curieuse façon dont l'Algérie remerciait le Maroc pour l'aide qu'elle lui avait apportée dans sa défense contre la France, le Maroc décida de ne pas agir de la même façon. La déportation forcée par les patrouilles de sécurité algériennes a comporté des moments d'extrême violence et des pratiques inhumaines de déportation sans leur permettre de prendre aucun de leurs biens, pas même leurs sacs.

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La déportation a eu lieu dans un contexte de relations tendues entre l'Algérie et le Maroc sur la question saharienne de l'époque, qui impliquait l'occupation du Sahara par l'Espagne en représailles à la marche pacifique organisée par le défunt roi marocain Hassan II sous le nom de "Marche verte". Cette marche a abouti à la signature d'un accord tripartite entre Madrid, Rabat et Nouakchott, après que 350 000 Marocains eurent brisé la frontière des territoires alors occupés, forçant l'Espagne à s'asseoir à la table des négociations. Les Marocains expulsés attendent toujours d'être indemnisés, des décennies après cet événement traumatisant, et ont formé l'AMVEAA pour lutter pour la restitution de leurs droits perdus.

En 2015, l'Assemblée a pris la décision de déposer une plainte auprès de la Cour internationale de justice de La Haye (Pays-Bas) pour l'examen de leur affaire contre l'État algérien, mais huit ans plus tard, cette affaire n'est toujours pas résolue. L'Assemblée réaffirme la nécessité de prendre des mesures décisives pour faire face à la crise migratoire et invite le gouvernement marocain à accorder à cette question la priorité qu'elle mérite. Pour condamner l'État algérien et toute personne comparaissant en son nom, les infractions constatées reposent sur des preuves documentaires, des enregistrements et des photographies. Toutefois, la loi garantit que toutes les personnes concernées et les familles des victimes seront traduites devant les juridictions pénales nationales et internationales afin de défendre leurs revendications.

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Dans un communiqué de l'AMVEAA, il est indiqué que l'expulsion forcée et généralisée de 45 000 familles marocaines, soit jusqu'à 400 000 citoyens qui avaient une résidence légale sur le territoire algérien et qui ont également été privés de tous leurs biens, est un acte criminel relevant de la catégorie des crimes internationaux car elle a violé de manière flagrante le droit international humanitaire, le droit du travail, les lois du pays d'accueil, les accords entre les deux pays, et constitue même une violation incontestable de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant.

Rien n'est fortuit et l'AMVEAA a profité du mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation d'enfants ukrainiens, qualifiée de crime de guerre, pour appeler l'exécutif marocain à adopter un dossier et à défendre les centaines de membres des familles qui ont subi les déportations et ceux qui ont subi les mêmes crimes par rapport aux milliers d'enfants marocains déplacés lors de la "Marche noire". Ahmed Noureddine, expert des relations maroco-algériennes, a déclaré au magazine Hespress : "Le silence marocain face à la situation de milliers de citoyens est incompréhensible et soutient l'Association dans son appel à l'Etat pour qu'il défende mieux les intérêts de tous ceux qui ont été touchés par les déportations".
 

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