L'université polytechnique Mohammed VI formera des ingénieurs marocains à la conception et au développement de villes intelligentes pour lutter contre la croissance démographique

Le Maroc va partager son expérience en matière de villes intelligentes en Afrique

photo_camera PHOTO/MAP - Sa Majesté le Roi Mohammed VI inaugure la construction de la ville d'Agadir

La nation nord-africaine donnera à toute personne qui en a besoin l'accès à ces informations pour lutter contre les principaux problèmes de l'Afrique : la croissance démographique, la transformation numérique et le développement durable du continent. Le Maroc, qui est l'une des principales puissances africaines, comprend qu'il doit aider ses pays voisins. À cette fin, le royaume alaouite a offert des cours de formation aux ingénieurs marocains pour créer et développer des villes intelligentes sur le continent africain. Les avantages de ces villes par rapport aux conglomérats africains existants sont énormes. Parmi les principaux avantages figurent l'efficacité énergétique et la réduction des pertes de productivité dues aux embouteillages, dont la valeur équivaut à 2 % du PIB de l'Afrique. 

Le programme lancé par les autorités marocaines a une durée de deux ans et porte sur les "stratégies de villes intelligentes en Afrique". L'initiative permettra d'accélérer la transformation numérique des grandes villes du Royaume du Maroc, telles que Casablanca, Tanger et Marrakech. Ce master sur les villes intelligentes sera organisé en partenariat avec l'École polytechnique de Lausanne en Suisse. Les cours auront lieu sur le campus de l'Université Polytechnique Mohamed VI (UM6P) à Ben Guerir, à 257 km de la capitale. Les étudiants auront à leur disposition huit modules dont la connectivité, la gouvernance numérique, le big data et l'intelligence artificielle. 

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"Cette formation combine les domaines de l'ingénierie et des sciences sociales et humaines liés à la ville intelligente en Afrique. En effet, les villes intelligentes requièrent des compétences quelque peu différentes de celles de la planification urbaine classique. Il faudra donc former massivement des ingénieurs et renforcer leurs capacités dans le domaine du numérique et des systèmes urbains, afin qu'ils soient en mesure de gérer ce champ de mines technologique crucial pour la construction des villes intelligentes et donc pour le développement du continent", explique Jérôme Chenal, professeur d'urbanisme à l'École polytechnique fédérale de Lausanne. Le Maroc intensifie ses efforts en matière de transition écologique. 

C'est dans ce contexte que le Royaume a organisé la quatrième édition de la Smart City Expo en 2019. À Casablanca, les participants à cet événement axé, pour l'essentiel, sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies ont abordé plusieurs sujets tels que l'intelligence artificielle pour le potentiel infini d'amélioration de la qualité des services dans les zones urbaines. Par ailleurs, depuis octobre 2015, Casablanca est la première agglomération africaine à rejoindre le réseau des 25 villes intelligentes sélectionnées par le Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) basé aux États-Unis d'Amérique. Depuis, la capitale économique marocaine accélère sa transformation numérique. 

 Abdellatif-Miraoui

La croissance démographique de l'Afrique progresse à pas de géant. D'ici la fin du siècle, aucune des 20 plus grandes villes du monde ne se trouvera en Chine, en Europe ou en Amérique. Quant à l'Afrique, elle accueillera 13 des 20 lauréats, dont les trois premiers. Selon la Banque mondiale, l'urbanisation sera "la transformation la plus importante que connaîtra le continent africain au cours de ce siècle", avec plus de la moitié de la population vivant dans les villes d'ici 2040, soit plus de 40 000 personnes par jour qui déménageront dans les villes. Il en résultera la naissance de mégapoles telles que Kinshasa, qui comptera en 2040 plus de 35 millions d'habitants, soit la même population que l'Espagne. 

À mesure que les villes africaines grandissent et dépassent leurs rivales mondiales, les architectes, les urbanistes, les ingénieurs et les planificateurs seront confrontés à des défis sans précédent en matière de développement social et environnemental, car près de 60 % de la population africaine vivra dans ces mégapoles. Face à cette situation future, des pays tels que l'Ouganda avec son plan Vision 2040, le Ghana, l'Éthiopie et le Mozambique rejoignent le Maroc pour chercher à résoudre dès maintenant les problèmes de l'avenir. S'il peut être tentant de rejeter les prévisions à long terme concernant l'urbanisation de l'Afrique, une planification et des investissements intelligents sont nécessaires aujourd'hui pour atténuer les risques de demain. 

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L'Afrique doit dépenser entre 130 et 170 milliards de dollars par an pour répondre à ses besoins en infrastructures de base, et deux tiers des investissements en infrastructures urbaines nécessaires d'ici 2050 n'ont pas encore été réalisés. Pour faire face aux besoins sans précédent qui seront imposés aux villes africaines, et pour faire en sorte que les 1,3 milliard d'Africains qui vivront dans les villes d'ici 2050 puissent vivre dans la dignité, les opportunités et la sécurité, le continent a besoin d'une réflexion innovante de la part de ses décideurs, urbanistes et architectes. Le "facteur temps", tant politique qu'économique, est important dans les calculs qui déterminent si ces infrastructures seront construites. Malheureusement, le temps est précisément ce dont les villes africaines disposent le moins. 

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